Lorsqu'un film commence par les manifestations du Mouvement du 20 février, le téléspectateur est susceptible d'avoir l'impression que ces protestations feront quasiment l'objet de l'histoire de cette œuvre cinématographique en entier. Or il en était autrement dans le long-métrage « L'Insoumise » de son réalisateur marocain Jawad Rhalib, projeté dimanche en compétition officielle du Festival international du film de Marrakech qui se poursuit jusqu'au 12 décembre. Une histoire dans une autre Suite à sa participation aux manifestations du 20 février, l'héroïne du film, Leila, interprétée par Sofia Manousha, est incarcérée pour quelques jours. Dès qu'elle est relâchée, elle décide de quitter sa famille, son ami et son pays pour la Belgique. Là où elle travaille en tant qu'ouvrière saisonnière en culture de pommes dans une exploitation familiale. Là aussi, elle découvre le système profondément injuste régissant les contrats des travailleurs saisonniers. Face à cette situation, elle se rebelle. Histoire d'exprimer le même tempérament, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Entre-temps, elle tombe amoureuse de Benjamin Ramon qui s'est glissé, dans le film, dans la peau de Thibault qui lui vient en aide lorsque le patron finit par maltraiter les deux outre d'autres travailleurs. In fine, elle décide de le quitter, à son tour, pour retourner au bled. «L'histoire du film ne révèle pas le sort des parents de l'héroïne», indique à ALM une téléspectatrice et festivalière à l'issue de la projection du film. Ce qu'en pensent les critiques Selon Omar Belkhemmar, le film a allié le récit au documentaire. Aussi, l'idée de l'œuvre est bonne. «Par contre le traitement qui en a été fait est assez simple et superficiel voire plat au niveau dramatique pour interagir avec le film», analyse le critique de cinéma en précisant que le film a été marqué par des répétitions. Ainsi, l'histoire est demeurée figée à ses yeux. «Aussi, la structuration des personnages, notamment le caractère versatile de l'héroïne n'était pas forte, et clairement justifiée», enchaîne M. Belkhemmar qui estime que le film est également marqué par une confusion de faits. «Les manifestations du 20 février n'avaient pas coïncidé avec la crise ukrainienne qui était survenue des années après. Donc il est impossible d'allier les deux», ajoute le critique en rappelant la crise d'exportation des fruits, également évoquée à travers le film. Ceci étant, le long-métrage de Jawad Rhalib semblerait loin de figurer dans le palmarès de la 15ème édition du festival. A ce propos, M. Belkhemmar a préféré ne pas se prononcer sur ses pronostics. «Cela dépend également du point de vue du jury», conclut le critique de cinéma.