Une maison de la vielle médina de Casablanca, au quartier des Habous, constitua, du 27 au 31 octobre, le plateau de tournage du premier long métrage de l'auteur et réalisateur belgo-marocain Jawad Rhalib : «L'insoumise». Un film qui modifie certaines images de l'eldorado européen et de valeurs, entre autres droits de l'Homme et justice. Tourné entre la Belgique et le Maroc, le film est coproduit par la société de production marocaine K FILMS de Khadija Alami et, côté belge, par Iota productions géré par Isabelle Truc. Khadija Alami, fondatrice de K films a marqué sa présence dans une trentaine de travaux dont «Ichtar», film de science-fiction en1985, «Reine de l'Est», une série télévisée (1994), «La maison de mon frère», drame documentaire (1996), «Enlèvement», long-métrage (2008) et «Dans la cuisine», court-métrage (2008). «L'insoumise» raconte l'histoire d'une jeune informaticienne marocaine, rôle interprété par Sofiia Manousha, qui, faute d'emploi, part travailler comme saisonnière en Belgique pour ramasser les pommes dans une petite exploitation agricole. Et, là, elle se rend compte du système injuste qui régule les contrats des saisonniers et devient le moteur qui va initier un mouvement de contestations. Jawad Rhalib est un cinéaste belge d'origine marocaine, qui est né et a grandi au Maroc avant partir poursuivre ses études en Belgique. De retour au Maroc, il travailla pendant 7 ans dans des programmes télé dont «Entreprendre», «Ecologia» et d'autres émissions ayant pour dessein de participer au développement du pays. Son projet a été malheureusement avorté par des pseudo-professionnels, à la quête de l'argent et non du long terme. Ses démarches de cinéaste ont été appuyées par la Belgique, en lui apportant des financements pour ses films. Il compte à son actif 14 longs métrages documentaires pour le cinéma, reconnus à travers le monde entier, dont «Les damnés de la mer», nominé aux oscars et qui ne passe malheureusement pas au Maroc ; d'autres documentaires tels que «El eljido, la loi du profit» et le dernier « Le champ des tortues» ; et 7 couts métrages, le dernier en 2010 intitulé Boomerang, une coproduction belgo-marocaine, avec le CCM. Pour ce qui est des fictions, le dernier avec Sofiia Manousha est «7, rue de la folie» qui parle en Europe de l'enfermement et du communautarisme. C'est l'histoire de trois sœurs enfermées par leur père dans une ferme, de peur pour leur virginité, c'est un huit clos. Pour ce qui est de «L'insoumise», avec comme actrice principale Sofiia Manousha, il y travaille depuis 4 ans en terme d'écriture et de développement. C'est un film ambitieux qui a reçu le soutien du Centre du Cinéma de la Fédération Wallonie Bruxelles et du Centre cinématographique marocain. Le message à passer, c'est que le Maroc n'est pas isolé en termes d'une certaine injustice que le personnage de Laila dénonce dans le film. En partant vers l'Europe, elle croyait trouver de la justice, de l'égalité, seulement, elle va être confrontée à une certaine injustice, au profit et à l'exploitation. Le personnage principal du film, Laila, qui a cette fibre de révolutionnaire, est à l'image de la jeunesse marocaine d'aujourd'hui qui se bat pour l'éducation, pour la justice, pour l'égalité, pour le travail... Elle va chambouler, se rebeller et ouvrir les yeux aux autres saisonniers qui travaillaient dans le silence et la soumission. Ce film rentre dans d'autres considérations, dans un contexte ou plutôt actualité en Belgique, avec l'embargo russe sur les produits agricoles européens, avec la Belgique pour ce qui est des pommes. Les agriculteurs sont dans une espèce de crise politique qui fait qu'ils ne peuvent pas payer les ouvriers au juste prix... Au cours du tournage à la médina de Casablanca, une bonne ambiance règnait entre marocains et belges dans un cadre typiquement marocain. Y ont été tournées les séquences du pré-départ de Laila en Belgique. Outre Sofiia, trois acteurs belges à la carrière très prometteuse : Benjamin Ramon (Tokyo Anyway, Être, Palace Beach Hotel, Mort d'une ombre,...), la charmante Hande Kodja (Meurtrières, Rosenn, ...) découverte par son interprétation dans Marieke, Marieke de la réalisatrice belge Sophie Schoukens. Enfin, l'acteur et metteur en scène, Benoit Van Dorslaer.