Jusqu'au 27 décembre, le rendez-vous est donné à la cinémathèque de Tanger (Cinéma Rif). Le «pourquoi» ? Visionner de près les chefs d'œuvre de Jawad Rhalib... C'est le cas de le dire, les films documentaires du réalisateur belgo-marocain touchent à des vérités qui dérangent. Lors de chaque passage, dans les quatre coins du globe, le réalisateur séduit par son traitement et sa technique, alerte les opinions et les parties concernées, rafle les prix par la même occasion... et récidive. Avec une rétrospective de «Brûler, disaient-ils ou les raisons de la colère», «El Ejido, la loi du profit» et « Les damnés de la mer», la cinémathèque de Tanger invite à la rencontre de l'auteur. D'abord pour mettre une image sur des réalisations de taille mais aussi pour dialoguer avec leur auteur. Au cœur de la problématique «Les damnés de la mer», le documentaire dernier né de Jawad Rhalib évoque le quotidien des pêcheurs de la baie de Dakhla. Digne d'une révolution artistique au service d'un milieu halieutique agité, le film siège en eaux troubles. Relatant pillage et favoritisme, les 52 minutes poursuivent l'évasion des poissons vers le sud et avec eux, l'annonce de la fin de tout un écosystème. « Les damnés de la mer », déjà sorti en salles en Belgique, est nominé aux «Academy European Award» pour 2010. Il a déjà reçu le prix du meilleur documentaire EcoCaméra au Festival International de Montréal. Sélectionné meilleur documentaire à Bratislava en Slovaquie, il a remporté le prix spécial Rainier III au Festival international de Monte-Carlo, le prix du public au Festival international vision du réel à Nyon. Du côté du petit écran, les chaînes de télévision le programment et reprogramment sans modération. Après TV5, le film a fait une excellente audience le 19 septembre sur Arte (coproducteur). Pour l'heure, au Maroc, seul le festival du film documentaire d'Agadir a déjà pensé à présenter le film. Cela en attendant le verdict de la chaine d'Ain Sebâa. «El Ejido, la loi du profit», produit en 2005, le film a été déjà projeté sur la deuxième chaîne nationale. Le documentaire poignant rappelle la situation bien connue des travailleurs étrangers dans les serres espagnoles à Almeria. Sans parler des innombrables prix que le film s'est approprié, c'est au sein des universités, écoles et centres culturels européens que les débats ont éclaté. Même son de cloche au niveau des parlements espagnols et andalous où le film a fait parler de lui et à fortiori, de la situation précaire des travailleurs étrangers. En auteur engagé, Jawad Rhalib a fait de sa passion pour le documentaire un véritable médiateur artistique au service du «rétablissement» de ce qui est juste. Encore des projets Au calcul des films qu'il a réalisé, aux prix qu'il a mérité, le documentariste étonne et persiste. Etant en préparation de «Tout ce que la terre permet», un long métrage documentaire de 52 minutes, ainsi que d'un court métrage de fiction de 20 minutes intitulé «Boomerang», le réalisateur met en lumière ce qu'on ne voit jamais au premier abord, sans jamais intervenir sur le déroulement des choses. Parce que ce qui lui importe, tout ce qui le préoccupe, c'est justement la vérité !