À chaque fois, le président de la Cour lui demandait d'écouter attentivement les questions et de ne plus tourner ses yeux vers l'assistance afin de regarder sa mère qui n'arrivait pas à retenir ses larmes. Sans antécédent judiciaire, c'était la première fois que ce jeune de vingt-trois ans, célibataire, employé de son état, s'est retrouvé confronté à la machine judiciaire. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, le jeune homme tentait de se disculper en expliquant à la Cour qu'il a quitté la scène du crime avant la mort de son ami. «Je suis rentré chez moi vers 21h30, alors qu'il a été tué vers 23 h», a-t-il assuré. Aussitôt, sa mère s'est tenue debout pour dire à haute voix: «Oui, M. le président, il est rentré vers 21h30». Le président de la Cour l'a rappelée à l'ordre, lui ordonnant de se taire ou de quitter la salle d'audience. «Il était en sa compagnie… Il y avait également deux autres amis», a précisé dans sa déclaration l'un des témoins qui était en leur compagnie lors de la beuverie avant de les quitter tôt, vers 18 h. Parce qu'il ne se soûlait pas, mais il passait juste un peu de temps en leur compagnie avant de rentrer chez lui. Un autre témoin a attesté que «tout le monde est parti et ils sont restés tous les deux, seuls, à s'enivrer». Les enquêteurs de la police judiciaire qui ont dressé le procès-verbal ont écrit que le mis en cause avait avoué, lors de son interrogatoire, être le meurtrier sans avoir l'intention de commettre ce crime. Il leur avait expliqué que tous leurs amis sont partis pour qu'ils restent seuls à picoler. Au fil des verres le défunt lui a rappelé qu'ils, lui et ses camarades, abusaient de lui quand ils étaient tous des écoliers. Un mauvais souvenir qui a perturbé le mis en cause au point qu'il a perdu tout contrôle de ses nerfs et a donné un coup de poing à son ami. Pour se défendre, ce dernier a saisi un couteau et a tenté d'asséner un coup à son ami qui est arrivé à le lui arracher et lui donner deux coups mortels. Verdict : 10 ans de réclusion criminelle.