La conjoncture semble toujours être difficile pour les producteurs de céramique au Maroc. Les craintes exprimées en 2009 se confirment aujourd'hui. La concurrence déloyale bat son plein au niveau national ouvrant la voie à une marchandise qui ne répond ni aux exigences de qualité ni aux dispositions douanières. Le danger émane de deux destinations principales totalisant à elles seules plus de 60% des importations globales. Il s'agit de l'Espagne et de l'Italie qui depuis le début de la crise euro déversent au Royaume un carrelage loin des normes et des goûts marocains. «Cette concurrence déloyale nuit au producteur local. Nous observons d'énormes lacunes aux frontières et une mauvaise intention des importateurs européens, notamment les Espagnoles», confie à ALM Mohsine Lazrak, président de l'Association professionnelle des industries céramiques (APIC). Les professionnels du secteur témoignent d'une progression agressive des importations. Rien qu'au premier trimestre 2015, elles ont grimpé de 80%, soit le même taux d'évolution constaté sur la période 2011-2014. Le prix d'achat moyen est passé pour les importations espagnoles de 74 dirhams à 36 dirhams actuellement. «La situation sur les trois dernières années est passée du simple au double. Si nous continuons sur cette lancée l'industrie céramique au Maroc ne tiendra plus. Et pour cause : nous ne sommes pas armés face à ce genre d'agression», explique le président de l'APIC. Et de poursuivre que «non seulement les prix ont baissé mais le carreau céramique a fait une grande cure d'amincissement. Les industriels ont affaire à un problème de déclaration de marchandises qui rentrent sous un mauvais poids. Chose qui n'est pas logique». En effet, le poids moyen du carreau espagnol est passé de 19 kg à 9 kg. Le poids du carreau chinois est d'1 kg/ m2 au moment où la norme est de 17 kg/m2. Les producteurs ont longtemps investi pour mettre à niveau le secteur. En revanche, cet effort n'a pas été consacré. «Il est inconcevable qu'on mette des normes pour se retrouver plus tard avec une marée d'importations. L'Etat ne fait rien pour arrêter ce flux incessant : Au contraire cette marchandise est utilisée dans des projets sociaux subventionnés», s'indigne M. Lazrak. Les industriels sont en cours d'élaboration d'une requête anti-dumping à l'encontre des pays européens. D'autre part, l'APIC a pour autre souci le prix du gaz qui handicape l'activité à l'export des industriels nationaux. Coutant 12.000 dirhams la tonne, le prix du gaz constitue 40% du prix de revient. Les industriels discutent avec l'ONHYM et le ministère de l'énergiede la disponibilité du gaz naturel. «Le problème est posé depuis trois mois sans aucune réponse. Les producteurs sont en crise et sont déterminés à défendre leur cause menaçant de passer aux protestations, voire la fermeture des usines s'ils n'obtiennent pas gain de cause», souligne M. Lazrak. Notons que la production installée en céramique est de 100.000 mètres carrés. Les industriels n'en utilisent que 75%, voire moins cette année. Le prix au carreau serait de 60 dirhams.