«Initiative dignité». C'est le nom donné par un collectif de Marocains résidant à l'étranger (MRE) à une opération destinée à sensibiliser l'opinion publique et les institutions du Royaume à leur droit pour «bénéficier de la pleine citoyenneté marocaine». Alors que le débat sur la représentativité des Marocains du monde, notamment au Parlement du Royaume, est passé au second plan, les associations des MRE veulent accélérer le processus de la mise en œuvre des nouvelles dispositions constitutionnelles en rapport avec les droits des Marocains établis à l'étranger. Dans le cadre de l'Initiative «dignité», le collectif a déjà organisé plusieurs rencontres sur la question en Europe. Après une première réunion à Paris en mai dernier, les représentants du collectif se sont réunis à Bruxelles la semaine dernière. Au cours de cette dernière rencontre, il a été décidé d'adresser une pétition au chef de gouvernement, Abdel-Ilah Benkiran. «Les participants à la rencontre ont insisté sur l'importance des institutions chargées des intérêts des MRE en tant qu'acquis ainsi que la nécessité de la mise en œuvre des articles 16, 17, 18, 30 et 163 de la Constitution de 2011», annoncent les responsables du collectif. Une nouvelle rencontre est également annoncée, cette fois-ci au Maroc. Les responsables de l'Initiative veulent profiter du retour des Marocains du monde dans le Royaume pour leurs vacances d'été afin de relancer le débat sur les droits des MRE. La rencontre aura lieu à Rabat le 8 août prochain. Les organisateurs comptent convier à cet événement les institutions et les ministères concernés ainsi que le chef de gouvernement. «Nous lançons un appel aux partis politiques pour ouvrir un débat sur la question et entamer un dialogue avec les Marocains résidant à l'étranger», indique la même source. Pour le moment, la pétition lancée par le collectif n'a recueilli que quelques dizaines de signatures sur les réseaux sociaux mais les initiateurs comptent aller jusqu'au bout de leur démarche. Pour rappel, différents partis politiques avaient dévoilé leurs visions pour une meilleure représentativité des Marocains du monde dans les instances élues durant les deux dernières années. Ce fut le cas notamment pour le parti de l'Istiqlal, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti de la justice et du développement (PJD). Plusieurs formations comptent également des antennes dans plusieurs pays étrangers principalement en Europe comme le Parti authenticité et modernité (PAM) et le PJD. Mais avec l'approche des élections communales et régionales, le débat sur la participation des MRE a baissé d'intensité. La rencontre du mois d'août sera probablement l'occasion pour le collectif de replacer leurs revendications dans l'ordre des priorités. A noter que les revendications du collectif ne se limitent pas à la participation politique et la représentativité parlementaire. Il est également question du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l'étranger).
Ce que dit la Constitution La Constitution de 2011 a introduit de nouvelles dispositions en faveur de la communauté marocaine établie à l'étranger. Dans ce sens, l'article 17 stipule que «les Marocains résidant à l'étranger jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit d'être électeurs et éligibles. Ils peuvent se porter candidats aux élections au niveau des listes et des circonscriptions électorales locales, régionales et nationales. La loi fixe les critères spécifiques d'éligibilité et d'incompatibilité. Elle détermine de même les conditions et les modalités de l'exercice effectif du droit de vote et de candidature à partir des pays de résidence». L'article 18 dispose de son côté que «les pouvoirs publics œuvrent à assurer une participation aussi étendue que possible des Marocains résidant à l'étranger, aux institutions consultatives et de bonne gouvernance créées par la Constitution ou par la loi». Enfin l'article 163 stipule que «le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger est chargé notamment d'émettre des avis sur les orientations des politiques publiques permettant d'assurer aux Marocains résidant à l'étranger le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine, les mesures ayant pour but de garantir leurs droits et préserver leurs intérêts, ainsi qu'à contribuer au développement humain et durable de leur pays d'origine et à son progrès». Partis et MRE Au moins trois formations politiques ont déjà élaboré des propositions de lois sur la participation des Marocains résidant à l'étranger. Il s'agit notamment du Parti de la justice et du développement (PJD), du parti de l'Istiqlal et de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Le PJD avait proposé de créer quatre circonscriptions électorales, dotées de quatre sièges pour les zones où résident plus de 200.000 Marocains. Le parti de la lampe préconise la mise en place d'une seule circonscription dans les zones au-dessous de ce seuil. De même, le PJD a proposé de réserver 2% de la liste nationale aux femmes et aux jeunes, moins de 40 ans, pour les MRE. Pour sa part, le parti de l'Istiqlal a élaboré une proposition de loi offrant à la communauté marocaine à l'étranger 60 sièges répartis sur quatre circonscriptions. Le PI propose ainsi 42 sièges pour la zone européenne, 9 à l'Afrique, 6 au continent américain et 3 à l'Asie, spécialement les pays du Golfe. Enfin, l'USFP avait proposé de réserver 30 sièges supplémentaires pour les MRE.