Âgé de vingt-six ans, Abdellah tourne de temps en temps son regard vers l'assistance comme s'il cherchait une personne. Effectivement, une femme lève la main quand il tourne son regard une dernière fois avant que le président ne lui demande de se tenir droit et de ne plus tourner la tête. Il semble que c'est sa mère. Le président le surprend par la lecture des chefs d'accusation qu'on lui attribue, à savoir coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et multiples vols qualifiés. «J'étais en légitime défense, M. le président», répond rapidement Abdellah qui semble avoir déjà l'intention d'avouer son crime de meurtre tout en essayant de pousser la Cour à le faire bénéficier des circonstances atténuantes. «Il m'a attaqué avec son couteau quand je le lui ai arraché», poursuit-il. Mais, le président lui explique qu'ils étaient tous les deux, lui et la victime, en état d'ébriété avancée, qu'ils avaient également ingurgité des comprimés psychotropes, agressé une jeune fille en lui subtilisant son sac à main renfermant son smartphone et une somme de mille deux cents dirhams et qu'ils se sont disputés au moment du partage du butin. En fait, la victime, Samir, âgé de vingt-huit ans, repris de justice, voulait garder pour lui le smartphone. Mais Abdellah voulait et sa part de l'argent volé et celle du smartphone puisqu'il sera vendu. Chacun a campé sur sa position : l'un a insisté pour garder le téléphone et l'autre d'empocher sa part. Au fil de la discussion entre les deux, Samir a brandi son couteau pour menacer son ami Abdellah. Ce dernier le suppliait de se calmer. Mais en vain. Samir s'est mis hors de lui au point qu'il l'a blessé au niveau de la main gauche. En reculant et regardant le sang qui coulait de sa main, Abdellah a perdu tout contrôle de ses nerfs, a avancé vers Samir, lui a donné un coup de poing, puis lui a arraché le couteau et lui a asséné un seul coup au niveau de la poitrine. Samir est tombé par terre avant de rendre, quelques minutes plus tard, l'âme. Abdellah n'a pas quitté la scène du crime, mais a attendu l'arrivée de la police. Verdict : 10 ans de réclusion criminelle.