Un message de fermeté. C'est ce que le PJD et ses alliés à la majorité ont voulu passer à l'issue de leur dernière réunion. En effet, le Parti de la justice et du développement, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Mouvement populaire (MP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) appellent à garantir la bonne marche du Parlement. «L'instance de présidence de la coalition de la majorité a appelé à examiner la situation sur la scène politique en général, à veiller à rehausser le niveau de l'action politique et à garantir la bonne marche des institutions, en particulier le Parlement, à la lumière de ce qui devrait régner entre les différentes parties en termes de pondération et de responsabilité partagée, et à maintenir l'esprit de consultation, de collaboration, de coopération et d'interaction positive et constructive, conformément aux droits et obligations conférés par la Constitution à chacune des parties politiques», explique la majorité. Ce message à peine voilé de la majorité vis-à-vis de l'opposition vient quelques jours seulement après la décision de cette dernière de se retirer des travaux de la commission parlementaire permanente chargée de l'Intérieur, des collectivités locales, du logement et de la politique de la ville à la première Chambre. Le hic, c'est que la présidence de cette commission est assurée par l'opposition avec toutes les prérogatives que ce poste implique dans le fonctionnement de ladite commission. La situation est d'autant plus compliquée que les parlementaires doivent démarrer les débats sur les projets de lois électorales. C'est pour cette raison que les partis de la majorité ont voulu se montrer fermes mais pas trop. Ils ont dans ce sens veillé à tendre la main aux forces de l'opposition. Ils ont ainsi fait savoir qu'ils vont «accompagner l'opération de préparation des prochaines échéances électorales avec un esprit d'ouverture et dans un cadre de concertation et d'écoute des différentes opinions». La majorité a, en outre, pris le soin de rappeler que «les préparatifs du prochain processus électoral se sont basés, dès le début, sur une série de consultations, avec ce qu'il faut d'ouverture, et dans un cadre de concertation et d'écoute de l'ensemble des avis». Cela dit, le PJD, le RNI, le MP et le PPS ont de nouveau insisté sur le fait que «la supervision des prochaines échéances électorales sera totalement assurée par l'autorité gouvernementale conformément au contenu du communiqué du Cabinet royal publié en octobre 2014». Par ailleurs, la majorité s'est dite «déterminée à poursuivre la réalisation des réformes fondamentales» ajoutant qu'«elle a été en mesure d'activer un grand nombre de points contenus dans la nouvelle Constitution, qu'elle a pu obtenir des résultats tangibles et honorables dans divers domaines, politique, économique, social et culturel, dans le cadre d'une amélioration avérée de l'état des finances publiques et des efforts visant la consécration de la justice sociale, comme en témoignent les indicateurs pertinents». Reste à savoir comment l'opposition va réagir à ces messages et appels. Ces derniers jours, plusieurs figures de l'opposition au Parlement ont expliqué que le retrait des travaux de la commission parlementaire de l'Intérieur était destiné à protester contre la démarche gouvernementale concernant les préparatifs pour le prochain processus électoral. Réaction de l'Intérieur L'appel de la majorité vient en harmonie avec les déclarations faites par le ministre de l'intérieur, Mohamed Hassad, à l'issue d'une réunion avec l'opposition. Au cours de cette rencontre, le ministre a réitéré «sa forte détermination et son attachement à assurer toutes les garanties juridiques, administratives et matérielles pour faire réussir les prochaines échéances, conformément aux attentes de SM le Roi Mohammed VI, consolidant ainsi les acquis réalisés par le Maroc en matière de transparence de l'opération électorale et consacrant la crédibilité des instances élues». Pour rappel, l'opposition s'était retirée des travaux de la commission qui devait examiner le projet de loi organique relatif aux régions. Les groupes de l'opposition avaient demandé au gouvernement de fournir des réponses claires sur les remarques que ces groupes avaient présentées concernant la méthodologie suivie par le gouvernement dans l'élaboration des lois et décrets relatifs aux élections. La réunion des partis de l'opposition avec l'Intérieur a été dans ce sens l'occasion d'examiner les différents aspects liés à l'opération électorale et d'écouter les observations, reproches et réserves avancés par les partis de l'opposition. Retrait Les groupes de l'opposition à la Chambre des représentants avaient créé la surprise, il y a une semaine, en se retirant de la réunion de la commission de l'Intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville. L'opposition a, par la suite, organisé une conférence de presse pour expliquer cette décision. En effet, les présidents des groupes de l'opposition, le parti de l'Istiqlal (PI), le Parti authenticité et modernité (PAM), l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et l'Union constitutionnelle (UC), ont expliqué, lors d'une conférence de presse après ce retrait, que cette décision intervient pour «protester contre leur non implication par le gouvernement dans l'élaboration des lois organiques relatives aux élections». De son côté, la majorité a fortement critiqué cette décision. Pour le PJD, il s'agirait d'une tentative de «chantage politique». De son côté, le coordinateur des groupes de la majorité, Rachid Roukbane, a affirmé que la décision des groupes de l'opposition de se retirer de cette réunion a «surpris» la majorité, surtout que l'opposition avait donné son accord sur l'ordre du jour et la date de tenue de la réunion.