La gauche marocaine doit s'atteler à «relever le défi de la démocratisation de ses organisations dans tous les secteurs et sous toutes les formes», a déclaré Abdallah Saâf, ancien ministre et président du Bureau national du Mouvement des initiatives démocratiques, dimanche, en marge de la tenue à Rabat du premier Forum politique de cette organisation. Le Forum politique du Mouvement des initiatives démocratiques (MID), qui a réuni plusieurs dizaines de personnalités de toutes les sensibilités, de la gauche, ainsi que de divers mouvements, syndicaux, sociaux et de la sphère de la société civile, fait suite à trois autres forums tenus depuis la création du Mouvement, l'automne : le Forum culturel (21 décembre 2003), le Forum social (25 janvier 2004) et le Forum économique (6 mars 2004). L'objectif de ces forums décidés et encadrés par le Conseil administratif du mouvement est d'enrichir la plate-forme du mouvement par les apports d'experts, d'acteurs politiques et de personnalités intéressées par un « Ijtihad politique, ouvert à toutes les contributions constructives », selon son président. A entendre le chef de file de ce mouvement, la démarche du mouvement se situe aux antipodes du « projet pré-établi et prêt à l'emploi », tel qu'il a souvent été pratique par un certain nombre de formations politiques fondées sur l'a priori d'un « modèle et de référents stéréotypés ». Un travers qui explique en partie un certain nombre de « ratages » des partis politiques de la gauche marocaine, appelée plus que jamais à puiser en elle-même les ressources susceptibles de lui « insuffler une nouvelle dynamique » inspirée par la remise en question permanentes, « de nous-mêmes et de nos pratiques», par la gauche à évoluer, à se dépasser et à prendre conscience des véritables enjeux et questionnements de l'heure », souligne M. Saâf. Paraphrasant Tocqueville, en passionné des textes politiques anciens, il rappelle à ce propos qu'il faudrait se départir du préjugé qui dit que « le despote, c'est l'autre ! » et de s'interroger sur la responsabilité de chacun envers la question. « Qui nous dit qu'il n'y a pas en nous-mêmes les facteurs et les germes qui favorisent l'émergence du despotisme ? », s'interroge-t-il tantinet provocateur. L'ordre du jour du Forum politique du MID, fonctionnant sous forme d'une table ronde ouverte, a été articulé autour de trois axes principaux : 1- Quelles sont les conditions d'aménagement constitutionnel et institutionnel, aboutissant notamment à une nouvelle redistribution des pouvoirs ? 2- Comment poser aujourd'hui le problème de la réforme de l'Etat et de ses mécanisme ? 3- Dans quels termes pourrait-on poser aujourd'hui la question de la transition démocratique et avec quel projet de société ? 4- Quelles sont les caractéristiques du champ politique marocain actuel, de ses acteurs et de ses interactions ? Alors c'est pour quand le parti politique de Abdallah Saâf ? La question récurrente chez tous les représentants des médias et les divers interlocuteurs fait sourire l'intéressé. « Nous n'avons pas l'obsession de la création immédiate d'un parti politique », affirme-t-il. Mais, il s'empresse d'ajouter que le mouvement qu'il anime avec de nombreux acteurs politiques et de la société civile n'est pas « un simple club de discussion ». Il s'agit d'une « formule souple » pour « créer la jonction » avec la « sphère » de l'ensemble de la gauche, qui semble actuellement à la croisée des chemins. Le mouvement se veut également une «force agissante sur l'ordre des choses par la pertinence de ses propositions, l'originalité de sa méthodologie de travail et son écoute des véritables préoccupations sociales du pays », ajoute-t-il. D'ailleurs, le MID prévoit pour les prochaines semaines une série d'activités de terrain dans l'ensemble des régimes du Royaume, pour enrichir ses débats et ses analyses et mieux « coller » à la réalité sociale du pays, dimension qui constitue un crédo pour le MID.