Ça s'agite au sein du ministère du tourisme. En effet, la réflexion sur un dispositif d'incitation aux voyages internes est revenue sur le tapis. C'est ainsi qu'une étude de benchmark sur les aides aux voyages internes a été réalisés et les résultats, parvenus en exclusivité à ALM, sont plutôt intéressants. Une évolution loin des objectifs de la Vision 2020 Du fait que le tourisme interne soit au cœur de la Vision 2020, il est tout à fait normal que son évolution fasse l'objet d'un suivi rigoureux de la part du ministère du tourisme. Cependant, ce suivi laisse entrevoir que l'actuelle évolution du tourisme interne ne mènera aucunement le Maroc vers la réalisation des objectifs de sa Vision 2020. En effet, le pays ne pourra tripler le nombre de ses voyages domestiques, démocratiser le voyage dans le pays, consolider les initiatives du plan «Biladi» déjà lancées au cours de la dernière décennie, poursuivre ses opérations promotionnelles de «Kounouz Biladi», mettre en place un plan national pour l'hôtellerie de plein air «Clubs Biladi» sans se donner un nouveau souffle. En effet, il s'agit d'augmenter le budget de voyages internes marocains, organiser les voyages à l'avance, augmenter la durée moyenne de séjour des Marocains, orienter la consommation vers le secteur formel et développer des offres spécifiques aux touristes nationaux. Un nouveau souffle pour le tourisme interne C'est dans ce contexte d'obligation de résultats que la réflexion sur de nouveaux dispositifs d'incitation aux voyages internes a fleuri. Et c'est grâce à une étude détaillée de benchmark sur les aides aux voyages internes que le ministère est parvenu à une conclusion novatrice pour le pays. Il s'agit de l'introduction des cartes vacances au Maroc. Très proches du modèle français, les cartes vacances marocaines ont pour objectif cible en 2020 de couvrir 44% des séjours supplémentaires à réaliser dans les établissements d'hébergement touristique classés. Qu'est-ce qu'une carte vacances ? On peut définir la carte vacances comme une épargne vacances très organisée. Il s'agit, en effet, d'une carte de débit prépayée réglementée et à usage déterminé, qui peut être utilisée par les salariés et les fonctionnaires pour le paiement de prestations touristiques. Elle est délivrée aux salariés des secteurs public et privé régis par le code de travail, en plus des fonctionnaires des administrations publiques régis par la fonction publique et les agents des collectivités territoriales. Effective dès 2015, cette carte s'obtient suite à la participation de l'employé, sous forme d'épargne volontaire mensuelle sur une durée minimale de 4 mois, à laquelle s'ajoute la contribution financière de l'employeur pour le secteur privé ou l'Etat pour le secteur public. Ainsi, la valeur de la carte vacances dépend de l'épargne du bénéficiaire et de la bonification apportée par son employeur et le plafond maximal proposé pour la carte vacances est de 7.500 dirhams. Par contre, les cartes vacances pourront pareillement être utilisées par les bénéficiaires ou les personnes à leur charge. Des propositions et aussi des remarques… Pour la Confédération nationale du tourisme, à laquelle le projet a été soumis et qui participe grandement à son élaboration, la carte vacances est un excellent moyen de relance pour le tourisme interne, puisqu'elle est dans l'air du temps et permettra de développer une nouvelle approche innovante avec un mode de paiement sécurisé et une meilleure maîtrise du budget vacances pour tous les ayants droit. Cependant, sur la partie constitution du budget vacances, la Confédération fait remarquer que pour mobiliser et motiver les salariés et les entreprises, surtout celles opérant dans le secteur privé, la partie étatique devrait être en plus présente. En effet cette participation ne peut se réduire à des déductions fiscales, surtout pour les bas salaires et le secteur privé ne peut supporter seul cette démarche. Ainsi, l'Etat a également un rôle social à jouer surtout pour les bas salaires sachant qu'il s'agit du droit aux vacances pour les salariés qui participent à l'économie. Et la gestion du dispositif? Le ministère n'a encore désigné aucun organisme pour la gestion du projet de dispositif de cartes vacances. Cependant, la Confédération du tourisme propose de charger un organisme public ou semi-public de cette tâche. Pour elle, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) semblent tout à fait indiquées pour ce type de prestations, d'autant plus que ce budget vacances sera étroitement lié aux salaires. En effet, pour la Confédération, les prélèvements devant être faits sur les salaires, ces organismes sont les plus indiqués pour constituer l'épargne et la restituer. Elle propose également qu'un organisme bancaire en soit associé, comme par exemple Al Barid Bank pour en minimiser les frais. Ce qui est prévu pour le Maroc reste au Maroc… Partant du principe que l'objectif de la création des cartes vacances est de développer le tourisme interne, la Confédération précise qu'il est hors de question de faire une quelconque promotion de produit autre que national. Sur ce point, elle insiste sur le fait que les agences de voyages devront s'engager sur l'honneur à n'utiliser la carte vacances que pour des séjours au Maroc. Cette carte ne pourra donc en aucun cas servir de payement pour des séjours à l'étranger y compris pour les voyages religieux. De ce fait, la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM) aura donc pour tâche de mobiliser ses membres sur ce chantier et de s'impliquer pour sa réussite.