ALM: L'Association marocaine des critiques de cinéma a adhéré à la fédération internationale de la presse cinématographique, quel est l'objectif de cette adhésion? Khalil Damoun: Cette adhésion à la Fipresci, organisme de renommée mondiale, est une grande ouverture sur la critique mondiale du fait que les critiques marocains auront l'occasion de rencontrer les critiques du monde entier soit aux festivals dans les quatre coins du monde, soit au sein de la Fédération au niveau organisationnel ou bien au niveau culturel (colloques, rencontres, publications). D'autre part, les critiques marocains seront obligés de prouver leur savoir- faire devant les grands critiques professionnels du monde par leurs écrits, par leur participation aux débats, aux jurys des grands festivals qui décernent les prix Fipresci, et par leur contribution au sein même de l'organisme. Vraiment c'est un grand pas vers la promotion de la critique marocaine. Quelles sont les perspectives de cette adhésion? Les perspectives sont diverses. On doit sortir peu à peu du contexte national pour arriver à aborder les thèmes qui ont une relation de près ou de loin avec le cinéma mondial, aborder les problèmes qui touchent actuellement aux transformations technologiques que vit l'expression cinématographique soit au niveau de la production, ou de la circulation des films, ou encore au niveau de l'exploitation où les films sont vus à partir de supports nouveaux : télévision, Internet, portables... Ce qui nécessite des critiques des approches différentes de l'écriture cinématographique. Quel rôle jouent les critiques cinématographiques dans le développement du secteur au Maroc ? Est-ce que ces critiques sont prises en compte dans ce domaine ? Malheureusement au Maroc on n'arrive pas à situer la critique là où elle doit être, soit de la part du CCM, ou de la part des Chambres professionnelles, ou surtout des médias. Certes, il y a un progrès noté ces dernières années de la part de tout le monde. Le livre blanc issu des Assises nationales du cinéma insiste sur le fait que la critique cinématographique doit jouer un rôle important dans les étapes prochaines du fait que le film marocain est sollicité à passer du quantitatif au qualitatif. Et ce sont les critiques qui doivent être à la mesure de faire ce jugement et personne d'autre. Il y a peu de programme cinéma à la radio et à la télévision. Les journaux laissent peu d'espace au vrai débat autour du cinéma. Là aussi ce sont les critiques qui sont capables de faire quelque chose d'intéressant. Sinon on va rester au niveau de l'information. Que pensez-vous de la qualité de la programmation des chaînes marocaines au mois de Ramadan? Il faut avouer sincèrement que la télévision, toutes chaînes confondues, est passée encore une fois à côté de la plaque. C'est du copier-coller des autres Ramadans. Je ne pense pas que ça soit une question de cahiers des charges, c'est une question de création et d'imagination. De ce fait, notre télévision reste en deçà des attentes des Marocains qui veulent voir nos comédiens jouer d'autres rôles que ceux des bédouins et des «Aaroubias» d'une façon très infantile, sans aucun message, et sans aucun effort esthétique. On frôle vraiment le ridicule. Heureusement qu'on a pensé à passer quelques films marocains même sans présentation ni débat. Notre télévision doit revoir sa conception des programmes ramadanesques en se concertant avec les intellectuels et les critiques et faire un vrai sondage sur ces programmes qui doivent disparaître du champs télévisuel marocain.