Elle a la classe et la sensibilité que l'on reconnaît chez les grandes divas et que, disons-le clairement, l'on retrouve rarement sur la scène de nos jours. Karima Skalli a l'art et la manière de faire du patrimoine traditionnel un langage mondial à la fois subtil et perçant. C'est dans le cadre du Festival Timitar Signes et Cultures qu'elle s'est produite jeudi 19 juin 2014. Excellente ambassadrice, ALM a été à sa rencontre et vous en livre ses impressions. L'enceinte du théâtre de Verdure d'Agadir a été habitée par des poèmes de grands maîtres soufis grâce à la voix captivante de Karima Skalli. Cette dernière a été bercée par la voix d'Asmahan, d'Oum Kalthoum ou encore celle du maestro Abdelouahab et a démarré sa carrière des portes les plus prestigieuses. «La première fois que j'étais sur une grande scène était en Egypte, à la maison de l'Opéra du Caire. Le maître du Oud, Naseer shamma, m'avait repérée à l'époque et m'avait donc invitée pour rendre hommage à Asmahan», souligne, non sans fierté, Karima Skalli. Rappelons que sur cette même scène la Diva Asmahan s'est tenue pour la première fois à l'âge de 15 ans et c'est dans ce même théâtre qu'elle a suscité l'étonnement de tous les assistants. Au théâtre de Verdure d'Agadir toutefois, ce n'est pas de l'étonnement mais de l'ensorcellement qu'on a touché chez le public de Karima Skalli. Un calme prenant et un moment d'appréciation qui a duré le temps d'un concert. «Je refuse que l'on mesure le succès d'une soirée musicale par le degré d'agitation qu'elle provoque chez le public. La question qu'il y a à se poser ce n'est pas si cette scène est plus «nayda» que l'autre mais c'est avant tout quel genre de musique et quelle qualité nous offrons au public», note Karima Skalli avant d'ajouter: «J'ai évolué sans stratégie aucune, je n'ai jamais cherché à faire le buzz». Pour elle, un artiste se doit d'avoir une personnalité, il doit résister aux nouvelles règles du marché au lieu de s'y plier. A Timitar, Karima Skalli a offert un récital soufi. Ses textes sont puisés dans le patrimoine traditionnel marocain et les poésies finement ciselées des légendaires Ibn Arabi, Cheikh Omar Ibn Al Farid et Abou Al Hassan Al Chouchtari. Une chose est sûre, Timitar 2014 a pris le pari de satisfaire tous les goûts sans pour autant écarter un patrimoine aux dépens d'un autre. Preuve en est le concert d'ouverture marqué par les incontournables membres de l'Orchestre National de Barbès et grâce auquel le public gadiri a vécu, le temps d'une soirée, une virée maghrébine allant du Melhoun, en passant par le chaâbi algérien, jusqu'aux rythmes gnaouis. Un régal musical.