«Ayda» d'Aziz Salmy est court comme un quart d'heure. C'est le destin tragique d'une femme dans l'attente de la mort inévitable. Avec cette troisième œuvre, le metteur en scène fait ses adieux au court métrage. Le troisième court métrage de Aziz Salmy a pour nom Ayda. C'est un jeu de gros plans en 15 minutes. Un scénario écrit par Salmy lui-même et Ali Asma sur un fond musical assez présent de Younès Megri. C'est l'histoire crue d'une femme qui se meurt d'une maladie incurable qui ressemble bien à la vie. C'est l'histoire d'un suicide, un dénouement tragique avant l'heure. Avec un rythme lent et mélancolique, et des gros plans à profusion, des images inédites, le metteur en scène signe ses adieux avec le court métrage. «Un genre difficile », reconnaît-il. Mais jusque-là, seule vitrail le de son talent. Au Maroc, il faut au moins en produire trois pour avoir accès aux fonds de subvention. Le talent seul ne suffit pas au long métrage. Comme beaucoup de ses confrères, Salmy, né en 1957, a du donc se résoudre à suivre le long chemin de l'apprentissage, en s'appuyant quand c'est nécessaire sur ses talents de comédien. En marquant des pauses pour reprendre haleine. De ses trois courts métrages, «Ayda» restera le plus dramatique. L'actrice Khouloud y laisse éclater tout son talent théâtral et s'efface complètement devant son personnage, Ayda, qui du jour au lendemain, se trouve brusquement devant la sentence du médecin, la mort programmée, la mort sournoise qui progresse jour après jour. Le ton du dénouement peut sembler pessimiste, car plus d'espoir. Sauf dans l'amour de Kamal, dans les souvenirs d'une vie douillette, entrecoupée de moments de bonheurs et de photos d'enfants déshérités, éparpillés dans des pièces où l'on sent la solitude et où l ‘on voit une jeune femme belle porter le coup fatal à une vie qu'elle ne supportait plus. Ceux qui ont vu «Déjà» en 1999 et «un voyage de trop» en 2001, reconnaîtront facilement la signature de l'auteur dans «Ayda», où l'adieu à la vie se confond avec l'adieu au court métrage. L'auteur veut désormais franchir la passe et aller se frotter au long métrage et au grand public. C'est une seconde étape dans la vie de tout metteur en scène. Avec «Ayda», Aziz Salmy a mûri et a pris de l'assurance, derrière et devant l'objectif. Les cinéphiles se souviennent peut-être de « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine» de Coluche, un des films où l'acteur Aziz Salmy s'est exprimé. Gageons qu'après «Ayda», ceux qui ne veulent voir en Salmy qu'un comédien talentueux tenté par le grand écran, se raviseront et lui laisseront enfin le bénéfice de son mérite.