L'Exécutif veut sécuriser plus les universités. En effet, le ministre de l'intérieur, Mohamed Hassad, vient d'annoncer l'entrée en vigueur d'une circulaire conjointe avec le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, autorisant les autorités locales à accéder aux universités et aux cités universitaires en cas de menace à la sécurité ou à l'ordre public. Les interventions devraient permettre, selon les responsables, de protéger les vies, les personnes et les biens. Cette décision intervient quelques jours seulement après des événements sanglants dans une faculté à Fès où un étudiant a été assassiné. Si la mesure répond à un besoin pressant de sécuriser les universités face à l'escalade de la violence entre plusieurs factions, la décision pourrait susciter des réactions mitigées. Le gouvernement en est d'ailleurs conscient. Hassad a souligné devant les parlementaires de la deuxième Chambre en réponse à une question sur «la violence dans les universités» que les autorités locales seront tenues d'œuvrer en coordination et en concertation avec les responsables des universités et des cités universitaires. Le but est d'«instaurer une enceinte universitaire de tolérance et de quête de la connaissance, loin de tout ce qui peut entraver le cours normal des établissements universitaires», a-t-il dit. Il va falloir donc attendre l'application de la circulaire pour mesurer le degré d'adhésion des principaux concernés : les étudiants. Car la circulaire n'autorise pas uniquement les autorités locales à intervenir mais elle fixe d'autres règles. La décision conjointe entre les deux ministères demande, dans ce sens, aux présidents des universités et les directeurs des cités universitaires de veiller à l'application rigoureuse des règlements internes relatifs à l'accès aux universités et aux cités et à l'organisation des activités parallèles qui doivent respecter «autrui» ainsi que l'enceinte universitaire. Par ailleurs, le ministre de l'intérieur a dressé un bilan des violences dans le milieu universitaire depuis le début de l'année en cours. «Les problèmes de sécurité touchent seulement 5 villes, à savoir Agadir, Marrakech, Fès, Kenitra et Martil et à un moindre degré Taza et Settat», a-t-il relevé. Cela dit, le gouvernement tente de rassurer l'opinion publique. Les responsables disent ainsi que les cas de violences ne constituent pas une règle générale mais sont plus des exceptions. Hassad a déclaré que les cours dans les universités et les instituts supérieurs d'autres villes du Royaume se poursuivent normalement. «Les problèmes de sécurité au niveau des universités précitées se rattachent non pas à l'ensemble des étudiants, mais à certaines fractions extrémistes», a précisé le ministre de l'intérieur. A noter que les derniers incidents dans l'université de Fès ont provoqué un profond émoi face à l'agressivité de certains groupes d'étudiants. Evénements sanglants Il y a pratiquement deux semaines, des accrochages dans l'enceinte universitaire de Fès entre des membres du mouvement «Attajdid Tollabi» et celui de «Annahj Démoctari al-Qaidi», avaient coûté la vie à un étudiant. Tout a commencé quand «Attajdid Tollabi» a voulu organiser une manifestation très critiquée par «Annahj Démoctari al-Qaidi». En dépit de l'annulation de l'événement, des affrontements ont eu lieu entre les deux parties. Au cours de ces incidents, Abderahim Hasnaoui est grièvement blessé avant de succomber à ses blessures après son arrivée au Centre hospitalier universitaire Hassan II à Fès. Une enquête a été ouverte par le parquet général près la Cour d'appel de Fès. Les investigations ont permis l'arrestation de quatre étudiants soupçonnés d'être impliqués dans cet incident grave. Les incidents ont pris la tournure d'un événement national. Le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et Lahcen Daoudi, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, avaient fait le déplacement dans la ville natale de l'étudiant assassiné afin d'assister à ses obsèques. Bilan Le ministère de l'intérieur vient de communiquer le bilan des violences dans certaines universités depuis le début de l'année. La ville d'Agadir a ainsi connu depuis le début de l'année universitaire plus de 20 cas de violence enregistrés au niveau des universités, qui ont fait 10 blessés parmi les agents de la force publique, outre l'interpellation de 57 étudiants dont 11 ont été détenus dans l'attente de leur procès. A Marrakech, cinq cas de violence ont été enregistrés, ayant fait 3 blessés parmi les forces de l'ordre et engendré l'interpellation de 8 étudiants. Un étudiant avait été grièvement blessé et l'auteur présumé de cette agression a été arrêté. Au niveau de la ville de Fès, quatre cas de violence ont été enregistrés et trois éléments des forces publiques blessés, en plus d'autres incidents de violence survenus le 24 avril dernier et qui ont causé la mort d'un étudiant. Plus de 50 étudiants ont été interpellés dont 20 sont toujours en détention, parmi eux 8 étudiants qui sont en train d'être jugés pour leur présumée implication dans cette mort. A Martil, un seul cas de violence a été enregistré au cours duquel la route principale menant à cette ville a été coupée et les forces publiques ont essuyé des jets de pierres. Neuf étudiants ont été déférés devant la justice.