Le Maroc se maintient dans le top 100 des pays où la corruption est pratiquement un fléau. Hier, l'ONG Transparency Maroc a en effet rendu public l'Indice de perception de la corruption (IPC) pour l'année 2013, dans lequel le Maroc figure avec un score de 37 sur 100, soit le même que celui de l'année dernière. Nuance de taille, le pays perd dans le classement mondial quatre rangs, en reculant de la 87ème à la 91ème place en l'espace d'un an (sur un total de 177 pays). Au niveau africain, le Maroc est classé à la 17ème place, bien après la Tunisie (11ème), le Rwanda (4ème), le Botswana (1er), et le Sénégal (11ème), un pays qui a positivement avancé dans le score en montrant sa volonté d'éradiquer le phénomène en recourant à la transparence, notamment dans des procès intentés contre des personnalités publiques. Au niveau arabe, le constat reste le même : le pays est à la 9ème place, derrière la Tunisie, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, et le Koweït. Justement au niveau arabe, le classement serait remis en question, notamment pour les monarchies du Golfe. Abdessamad Sadouk, le secrétaire général de Transparency Maroc, a indiqué, lors d'une conférence de presse tenue hier à Casablanca, que «si le gros du classement se tient, il existe encore des failles, notamment pour la perception du phénomène de la corruption dans les monarchies golfiques». L'IPC de cette année, basé sur l'évaluation de 8 agences et organismes internationaux, confirme finalement la place du Maroc dans la liste des pays où sévit la corruption de manière endémique. L'indice converge en fait avec les autres indicateurs liés à la bonne gouvernance, au climat des affaires et au développement humain. Pour les membres de Transparency, «cette situation ne fait que traduire l'absence de volonté pour lutter contre ce fléau. Les pouvoirs publics, dépourvus de stratégie pour mener le combat contre la corruption, se cantonnent dans un discours stérile en entretenant l'impunité». Le mot est lancé. L'impunité serait une des premières raisons derrière la persistance du phénomène. Michèle Zirari, secrétaire général-adjointe de Transparency Maroc et professeur de droit pénal, le confirme d'ailleurs lorsqu'elle déclare que «c'est l'impunité qui favorise finalement la délinquance. C'est la certitude de la sanction qui permettra de lutter efficacement contre la corruption». Alors, cette dernière serait-elle une fatalité où une minorité continuerait à s'enrichir aux dépens de tout un pays ? En regardant de près les expériences des autres pays, tout porte à croire que la réponse est «non». Sion Assidon, membre de Transparency Maroc, rapporte d'ailleurs que Transparency International compte doubler de vitesse en procédant à une démarche assez originale et qui pourrait apporter ses fruits : dans les mois à venir, l'ONG rendra publics les noms de personnalités impliquées dans des faits de corruption avérés. Une délation à l'échelle planétaire qui serait également reproduite au niveau local, mais pas dans les mois à venir, comme le confirme Abdessamad Sadouk. En attendant, c'est l'application des textes de loi, conjuguée à la volonté politique, qui doit être mise en avant. D'ailleurs et malgré les quelques mécanismes mis en place depuis l'avènement de la nouvelle Constitution, Transparency Maroc a presque perdu espoir dans l'actuel Exécutif: «Aucune initiative n'a été annoncée par le gouvernement dans ce domaine (lutte contre la corruption, ndlr). La campagne de communication coûteuse et contre-productive qu'il avait lancée a été dénoncée par tous».