ALM : Vous venez d'être reconduit à votre poste de président du GPLC, quel programme prévoyez-vous de suivre pour faire face à la baisse que connaît le secteur ? Adil Zaidi : Tout d'abord je souhaiterais remercier l'ensemble des membres du GPLC pour le renouvellement de leur confiance au président et à l'ensemble du bureau de notre association. Pour ma part je voudrais féliciter les membres du bureau et les chargés de projets qui œuvrent bénévolement et avec abnégation pour l'essor de notre secteur. La profession s'est mobilisée et a décidé que : • Le GPLC finance une étude sur le secteur ayant pour objet le diagnostic et l'analyse des perspectives de toute la filière du poids lourd. Cette étude devrait aboutir sur un contrat-programme à signer avec les autorités de tutelle. • La sensibilisation des pouvoirs publics pour la défense de la valeur ajoutée locale. Nous constatons, par exemple, que pour certains marchés publics adjugés à des sociétés étrangères, aucune disposition favorable à la valeur ajoutée marocaine n'est prévue. • La mise en place d'une académie professionnelle en partenariat avec l'Association des importateurs au Maroc (Aivam), le Groupement national pour la formation automobile (GNFA) et les pouvoirs publics. Cette académie a pour but la lutte contre le chômage des jeunes avec la facilitation de l'insertion des jeunes dans le monde du travail et en même temps la formation de profils adaptés pour le secteur automobile dans son ensemble. La première action sera la formation d'une promotion de commerciaux.
L'importation de matériel d'occasion représente 40% de part de marché, cela est-il dû à la faiblesse du montant de la prime de renouvellement ? Tout d'abord, je voudrais préciser que le débat entre l'importation de matériel d'occasion et l'industrie nationale ne devrait pas se poser. Il est facile de détruire un secteur industriel et très difficile de le promouvoir. Une fois détruit, il a peu de chances de renaître. Nous pouvons constater avec l'exemple des pneumatiques. Les fleurons industriels qu'étaient General Tire et Goodyear n'ont pu supporter la concurrence de l'importation (et du neuf et de l'usagé interdit en Europe mais jugé par certains comme parfaitement suffisant pour le consommateur marocain) et de la contrebande. Aujourd'hui, le Maroc ne possède plus d'industrie d'un produit stratégique comme la pneumatique (pour mémoire la Tunisie et l'Egypte restent des producteurs), alors même qu'il place l'automobile comme métier prioritaire. La prime de renouvellement du parc roulant est une très bonne idée. Elle a pour but de mettre sur les routes des moyens de transport plus sûrs et plus économiques. Cette prime qui représente un effort important de la part des pouvoirs publics, en fait, porte sa rentabilité en elle-même : • Elle encourage des petits transporteurs à faire une mise à niveau pour être efficients dans leur métier. • Elle permet de remplacer des véhicules qui consomment du 50 litres au 100 par d'autres qui consomment du 30 litres au 100, d'où une économie de devises, une ponction moindre dans la Caisse de compensation et moins d'émissions de CO2. • Elle doit permettre de réduire l'informel dans un secteur particulièrement concerné. • Elle permettra par la mise à niveau du parc de préserver l'état des routes. • Un parc plus jeune est un parc plus sûr donc moins accidentogène avec tous les impacts humains et économiques. Il est évident que la prime à la casse permettra de tirer le secteur vers le haut, ce qui n'est pas le cas de l'occasion.
Cette prime pourra-t-elle être augmentée pour encourager les professionnels à acquérir de nouveaux modèles ? Si oui, à quelles conditions? Comme nous l'avons vu, le problème de la prime à la casse n'est pas uniquement une affaire de montant même si cela a son importance. Le sujet doit être traité de manière globale, avec un modèle économique qui donne les résultats par rapport aux objectifs. Une fois l'approche globale définie, il ne faudrait surtout pas la tronquer car c'est aller vers l'échec. L'analyse des causes du non succès de la prime donne déjà des éléments de réponse. Cependant, comme je l'ai dit il faut une approche généralisée avec des objectifs clairs pour mettre en place des mesures. Je ne serai pas cohérent si je fais ressortir une mesure en particulier. Le montant peut être important mais ce n'est pas le seul paramètre. Ce qui me paraît plus important c'est une négociation globale avec tous les acteurs concernés avec des engagements. Mais auparavant il faut définir les objectifs souhaités et y faire adhérer lesdits acteurs. Si vous voulez que je cite les principaux acteurs : le gouvernement, les transporteurs, les constructeurs, les organismes de financement, les compagnies d'assurances, la Caisse centrale de garantie…
Concrètement, en quoi consiste votre collaboration avec les autorités publiques pour la mise en application de la loi sur le code de la route et de normalisation des équipements automobiles ? Les relations avec les autorités de tutelle sont excellentes que ce soit avec le ministère du commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies (MCInet) ou avec le ministère de l'équipement et du transport. Je saisis l'occasion pour les remercier et mettre en exergue l'excellent travail que nous avons pu développer avec la direction de la production industrielle du MCInet et avec le Centre national d'homologation et d'essais de Casablanca (CNEH), et cela durant plus de 10 ans. Avec le ministère de l'industrie, nous avons tout un projet de sauvegarde et d'amélioration de l'intégration industrielle. Cela fait notamment l'objet d'un chapitre de l'étude de la filière et ils sont partie prenante dans ce projet. Au niveau du ministère du transport, nous avons mis en place avec l'Aivam et le CNEH un comité de suivi pour la mise en application du code de la route. Le code de la route concerne l'ensemble des citoyens et il en va de la sécurité des usagers qu'ils soient privés ou professionnels. Le GPLC regroupe l'ensemble des majors mondiales de la construction de camions. A ce titre les modèles mis en circulation sur les routes marocaine sont aux standards mondiaux en termes de sécurité et de technologie. Du fait de son expertise professionnelle, le GPLC est en concertation permanente avec le ministère du transport pour que la mise en application des règles soit conforme à l'environnement et aux réalités socio-économiques du Royaume, avec une préoccupation et une contrainte indiscutables : l'amélioration de la sécurité routière dans le pays. Cette concertation devrait aboutir à : • Une pluralité de l'offre de manière à ne pas avoir des normes qui privilégient des origines de sourcing en en excluant d'autres. • Une définition de produits dotés des conditions de sécurité et adaptés au pays, mais sans entraîner des surcoûts pour le consommateur et sans sorties inutiles de devises. • Une préservation de l'environnement avec des produits technologiques et de qualité. • Améliorer le niveau d'industrialisation en gardant la décision industrielle au Maroc.n