Il croyait, depuis quelques mois, que sa femme le trompait. Bien qu'il ne dispose d'aucun indice qui l'incrimine, cette idée hantait son esprit aussi bien le jour que la nuit. Il est à son trente-septième printemps et elle est à son trente-deuxième. En fait, ils ont oublié qu'ils avaient eu un enfant de trois ans qui a besoin de leur temps et de leurs cœurs. Presque chaque jour, ils se chamaillaient chez eux au quartier Kriou Zouagha, à Fès. Leurs problèmes n'en finissaient jamais, jusqu'au jour où l'irréparable se produit. C'était le premier samedi de ce mois courant quand il a invité sa femme à un dîner dans un restaurant. Autour de la table, ils ne s'échangeaient que rarement les paroles. Chacun d'eux ne s'adressait qu'à leur unique enfant pour briser le silence. Quand ils ont terminé le dîner, ils ont rebroussé chemin. Si l'épouse est rentrée chez elle avec leur enfant, le mari est resté dehors. Il n'y est retourné que le lendemain matin. Aussitôt, le malentendu a commencé pour céder la place aux invectives et enfin l'époux s'est armé d'un couteau avec lequel il a asséné des coups à son épouse. Cette dernière est, en quelques minutes, passée de vie à trépas. Et le mari s'est présenté de son plein gré devant la police pour avouer son crime.