Le contenu du code du statut personnel ou la Moudawana est ignoré par la majorité des Marocains. Une situation paradoxale lorsque l'on sait que cette Moudawana est l'entrave principale au changement de la condition de la femme. La société civile, en particulier le mouvement des droits des femmes au Maroc, a déployé tous ses efforts pour améliorer la situation de la femme dans notre pays. Depuis plus de trois ans, les mouvements féministes mènent avec acharnement une action de plaidoyer pour le changement des lois discriminatoires qui touchent la femme en tant que personne et en tant qu'institution incontournable dans le développement de la nation. Ces lois contribuent à la stagnation de la situation de la femme rendant légitime son infériorité par rapport à l'homme. C'est la fameuse Moudawana qui constitue l'entrave principale à toutes les tentatives de changement du statut de la femme. Par conséquent, elle devient la cible principale du mouvement des droits des femmes au Maroc. Le plan national pour l'intégration de la femme au développement avait fait beaucoup de bruit, suscité des manifestations, de larges débats sans pour autant aboutir à sa fin. Bien que ce plan vise l'amélioration de la situation de la femme, il a été très controversé. le Premier ministre a fait appel à l'arbitrage de SM le Roi pour sortir le plan de l'impasse évitant toute sensibilité clanique ou partisane. Le souverain a ainsi désigné une commission consultative, formée d'Oulèmas, de théologiens et d'universitaires. Trois femmes font partie de cette commission. Certaines militantes du mouvement féministe pensent qu'il y a de fortes chances que les experts désignés par le souverain finiront par prôner l'amélioration des procédures du code du statut personnel, et non sa refonte comme elles le conçoivent. En tous cas c'est ce qu'a déclaré à la presse Leila Rwihi enseignante à l'université Mohamed V de Rabat. Toutefois, il faut bien rappeler que la Moudawana n'est contestée que sur certains axes. Les points majeurs de discorde sont notamment la polygamie, la libération de la tutelle matrimoniale (que la femme ne soit plus obligée de demander à son père ou tuteur son consentement pour se marier), la problématique du divorce (toujours entre les mains de l'époux) et en fin l'élévation de l'âge du mariage pour les filles (16 ans contre 18 ans pour les garçons). Néanmoins, en marge de cette intense controverse à propos de la Moudawana, figurent des situations anecdotiques qui méritent d'être signalées. Plus de 85% des Marocains (des deux sexes) avouent ignorer le contenu du code du statut personnel. En mars 2000, deux grandes manifestations ont eu lieu simultanément à Rabat (par les progressistes en faveur du Plan national) et à Casablanca ( par les islamistes contre le même plan). Seulement, en demandant aux femmes des deux bords pourquoi elles défilaient, la réponse est la même : « Pour défendre l'égalité entre les hommes et les femmes ». Autrement dit, les défenseurs du Plan ainsi que ses détracteurs auraient pu défiler ensemble puisqu'ils militaient pour le même objectif. La question qui se pose donc est : pourquoi tant de polémiques alors que l'intérêt est le même, celui de la femme marocaine ? Il faut dire que dans ce genre d'histoire on sait rarement à temps la bonne réponse.