«La coupe budgétaire n'est pas inédite au Maroc». Les propos émanent du chef de gouvernement Abdelilah Benkirane qui s'exprimait devant la Chambre des représentants vendredi dernier. Interpellé sur le gel de 15 milliards de dirhams sur le budget d'investissement, dans le cadre des séances mensuelles sur la politique générale du gouvernement, il a affirmé devant les députés que «les gouvernements précédents avaient recours en cas de besoin à des mesures administratives conduisant à la même finalité à travers notamment le report ou le gel de quelques dépenses». Bien évidemment, le numéro un de l'Exécutif a bifurqué sur les raisons qui l'ont poussé à prendre une telle décision. «La coupe budgétaire a été dictée par la nécessité de préserver les équilibres des finances publiques qui se sont détériorés sérieusement durant les derrières années», a-t-il expliqué, ajoutant que le déficit avait atteint 7,1% du PIB (Produit intérieur brut) à fin 2012. Il a précisé que le gouvernement avait consacré 59 milliards de dirhams au budget de l'investissement en 2013, rappelant que le budget d'investissement global incluant les collectivités locales et les institutions publiques atteint les 180 milliards DH. Quant à l'impact de cette coupe budgétaire sur l'économie en général et sur le milieu rural en particulier (la séance du vendredi dernier était consacrée sur les répercussions sur le monde rural), Benkirane a expliqué que «des données erronées ont circulé sur l'impact potentiel sur l'économie nationale, les entreprises et le monde rural». Le chef de gouvernement a rassuré les parlementaires et l'opinion publique que le gel de 15 milliards de dirhams ne concerne pas les projets en cours d'exécution ou les projets prioritaires programmés durant cette année budgétaire sans préciser de quelles priorités il s'agit, ni comment le choix de ces priorités est fixé. A en croire le numéro un de l'Exécutif, cette coupe n'aura pas un impact notable sur l'économie nationale globalement et le milieu rural spécifiquement. «Le gouvernement a fait en sorte à ce que le rythme de la réalisation des investissements des organismes publics s'accélère, en veillant à la tenue de leurs conseils d'administration et la validation de leurs budgets dans les délais. Ceci a permis l'amélioration du taux de réalisation des investissements qui est passé à 17% à fin mars 2013 contre 13% durant la même période en 2012», a-t-il fait savoir. Et de poursuivre: «Les répercussions de la coupe budgétaire seront limitées sur le milieu rural. Dans le secteur de la santé par exemple, les fonds destinés à ce milieu ne représentent que 10% sur un total de 648 millions de dirhams gelés. Dans le secteur de l'équipement, la partie du monde rural sur les crédits immobilisés ne représente que 7,6% sur un total de 1,7 milliard DH». M. Benkirane a rappelé enfin que le budget du fonds du développement rural et les zones montagneuses a été augmenté pour atteindre 1,5 milliard de dirhams. Dans ce sens, plus de 329 millions de dirhams ont été consacrés aux projets d'irrigation alors que plus de 208 millions DH sont alloués à l'agriculture solidaire.