La coupe de 15 milliards de dirhams sur le budget d'investissements inquiète toujours les chefs d'entreprises marocaines qui, soucieux des répercussions de cette décision sur la croissance et l'emploi, demandent des explications à l'Exécutif. Et face à l'inquiétude des investisseurs privés après la récente coupe budgétaire, le gouvernement tente de rassurer. Dans ce sens, la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) recevra en ce début de semaine Nizar Baraka, ministre de l'économie et des finances. L'argentier du Royaume sera, en effet, l'hôte du conseil d'administration du patronat à Casablanca. Une source au cabinet de Baraka a confirmé à ALM son déplacement à la métropole ce lundi. Les membres du CA de la CGEM s'attendent à des explications de la part de M. Baraka sur les tenants et les aboutissants de la décision gouvernementale. Ainsi, la réunion entre le responsable gouvernemental et les représentants du patronat aura exclusivement comme point à l'ordre du jour la coupe budgétaire. Le ministre de l'économie aura fort à faire pour convaincre et surtout assurer la CGEM sur l'impact que pourra avoir une telle décision sur l'économie nationale. «Nous avons été informés de la présence de M. Baraka à notre conseil d'administration ce lundi. Les échanges tourneront principalement autour des récents développements sur la scène économique, notamment la coupe budgétaire de 15 milliards de dirhams», affirme Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales à la CGEM. Et de poursuivre: «Nous attendons du ministre de l'économie qu'il nous explique la démarche du gouvernement car il ne s'agit pas d'une décision anodine. Nous allons tenter au cours de nos échanges d'évaluer les vrais impacts sur la croissance de l'entreprise marocaine ainsi que sur la création d'emploi». Mais l'intervention de Nizar Baraka ne devrait pas se limiter à un exposé de chiffres et à des pronostics concernant l'impact d'une coupe budgétaire sur l'économie nationale et les entreprises marocaines. Les espérances de la CGEM vont, en effet, au-delà. Les représentants des entreprises comptent sur l'argentier du Royaume pour présenter des mesures d'accompagnement prévues par le gouvernement pour permettre aux entreprises de s'en sortir ou du moins gérer la période actuelle avec le moins de dégâts possible. Quelle sera alors la nature de l'offre que Baraka va proposer ? La réunion d'aujourd'hui promet probablement des surprises, mais une chose est sûre : la marge de manœuvre du gouvernement est de plus en plus réduite à cause du retard des grandes réformes structurelles pour manque de consensus entre les forces politiques, notamment à la majorité. Le hic c'est que la situation des finances publiques ne cesse de se détériorer. Les indicateurs macroéconomiques sont quasiment tous au rouge et le gouvernement semble acculé à prendre d'urgence des décisions douloureuses pour éviter le pire. Pour rappel, il s'agit du deuxième déplacement du ministre de l'économie et des finances devant les patrons en quelques mois. En novembre dernier, Baraka était l'invité de la CGEM pour parler du projet de loi de Finances 2013 en plein débat sur la taxe de solidarité. Quatre mois après, il fait le même déplacement pour parler de la loi de Finances mais concernant cette fois-ci les 15 milliards de dirhams amputés au budget d'investissements. Azami explique Lors de sa dernière sortie médiatique, Idriss Azami Al Idrissi, ministre du budget, a affirmé que le Maroc a connu ces dernières années une envolée des dépenses d'investissement. «Nous sommes arrivés à saturation par rapport aux capacités d'exécution. Certains départements ministériels reportent entre 2 et 3 milliards de dirhams de dépenses d'investissement. Notre décision a été prise suite à une étude bien détaillée et argumentée de la situation des finances publiques. Nous avons terminé l'année 2012 avec un déficit de 7,1%, ce qui représente 2,1% de plus par rapport aux prévisions. Les rentrées fiscales sont en recul de 3,3 milliards de dirhams au premier trimestre», a t-il expliqué. Et de poursuivre : «Notre décision relève aussi d'une volonté d'assainissement des finances publiques puisque les reports pèsent sur le déficit budgétaire. Et même avec ce gel, nous resterons au même niveau d'investissement que l'année dernière».