Depuis 1970, Abdelhadi Alami suit d'un regard attentif, l'évolution du secteur touristique marocain. La carrière de celui qui a construit le Palais des Congrès en 18 mois, ne s'est pas faite sans heurts. Etrange histoire que celle de cet orphelin, né en 1941 à Fès et qui, très jeune, a compris qu'il faut travailler dur pour gagner sa croûte. C'est peut-être là, dans l'arrière-plan d'un petit atelier de la vieille ville, où il trimait du matin au soir, que le futur entrepreneur de Marrakech a rencontré l'inspiration et la passion de la plume qui lui ont permis de franchir sans heurt, en 1960, l'épreuve du baccalauréat de philosophie et le diplôme d'arabe classique, avec la manière. Personnage médiatisé, donc par essence controversé, Abdelhadi Alami a tour à tour eu les faveurs de la presse et subi par intervalle, ses inévitables retours de bâtons. L'aventure dans le tourisme remonte dans les années 70 quand tout était à refaire, quand le Maroc était à la recherche de pionniers et Maroc Tourist, filiale de la CDG, traçait des sillons pour les premiers hommes privés, marocanisation oblige. A l'époque, les promoteurs ne couraient pas la rue. C'est presque forcé que le jeune fonctionnaire a basculé dans le Tourisme. Aujourd'hui encore, il a du mal à expliquer ce qui est arrivé. «Il y a eu des incidents, des hasards». Mais, plus que les hasards, il y a eu surtout, en 1976, le groupe Dounia Hotel SA dont l'œuvre la plus marquante, reste le Palais des Congrès, prélude d'un certain nombre de batailles et de combats qui ont affiné chez Alami, le goût de la réflexion. L'affaire CIH-Dounia PLM, très complexe, est un déclic nécessaire dans la vie de tout promoteur audacieux qui sait qu'on ne gravit les échelles de la réussite qu'en comptant ses amis. Le Tourisme est un métier. C'est une vocation. C'est dans ce secteur, riche en ambiance et en empoignades, que Alami a pu suivre son chemin avec l'enseignement de toujours : «il faut trimer dur pour y arriver». L'histoire de Dounia PLM se confond un peu avec la sienne. Applaudi un jour, pointé du doigt le lendemain, réhabilité, le groupe continue à voguer et à attirer des convoitises. On se souvient de la bataille homérique qui précéda l'arrivée de Kempinsky, gestionnaire actuel de la chaîne.Pourtant, en 1960, quand débute sa carrière, rien ne prédestinait cet inspecteur des finances à laisser les avantages d'une fonction, certes monotone, mais sans risques, pour les sables mouvants du Tourisme. On aurait pu deviner peut-être derrière le dynamisme du gestionnaire, l'étoffe d'un écrivain ou le style d'un journaliste. C'est donc sans surprise qu'en 1995, qu'on voit Abdehadi Alami, lancer Maghrib Al Youm et Maghreb Magazine. C'est aussi sans surprise que 2004 voit arriver un livre événement, un regard technique sur le secteur, sans cette séheresse, mais avec beaucoup de vie. Tout y est dit,. Bref, «Le Tourisme Marocain, l'Eternel Espoir», est un témoignage d'un homme de terrain. Pas une étude d'un cabinet, mais un regard d'un acteur impliqué dans le secteur. «Que de temps en effet n'a-t-on pas passé depuis les années 70 à parler du Tourisme, à faire des prévisions pluriannuelles, bref à tirer des plans sur la comète». Des mots qui sonnent juste, à l'heure où les plans et les projections enthousiastes se bousculent. «A l'aune du tourisme, écrit-il plus loin, les mirages et les miracles peuvent nourrir l'imaginaire de bien des légendes pour les visiteurs en mal d'exotisme, mais ils ne peuvent jamais donner lieu à des actes et à des faits». Un avertissement : ceux qui espèrent des révélations choc, des dénonciations à l'emporte-pièce, seront déçus . C'est un livre profond, à lire pour tous ceux qui veulent comprendre cette activité complexe qu'est le tourisme.