L'univers touristique au Maroc évolue depuis les années 70 au gré des vents et des modes. Il y a eu, au début, des plans quinquennaux. Les prévisions pluriannuelles ont emboîté le pas. L'histoire étant un perpétuel recommencement, aujourd'hui encore, le secteur n'est pas sorti des prévisions. Mais la plupart des grands professionnels qui ont assisté à la naissance des projets directeurs ont passé le témoin, souvent avant l'heure. L'univers touristique au Maroc évolue depuis les années 70 au gré des vents et des modes. Il y a eu, au début, des plans quinquennaux. Les prévisions pluriannuelles ont emboîté le pas. L'histoire étant un perpétuel recommencement, aujourd'hui encore, le secteur n'est pas sorti des prévisions. Mais la plupart des grands professionnels qui ont assisté à la naissance des projets directeurs ont passé le témoin, souvent avant l'heure. Atteints par la limite d'âge ou poussés vers la porte comme c'est souvent le cas pour les fonctionnaires, ils ont laissé le secteur à lui-même et à une relève pressée et qui ne prend pas souvent le temps de faire la différence entre une pension complète et une demi-pension, occupée à lancer des études pour déterminer le mal que tout le monde connaît. Peut-être le plus économique aurait été de consulter les anciens, et de consacrer les budgets aux vrais problèmes. Abdelhadi Alami, lui, n'a jamais été un démissionnaire. A lui seul, c'est une école, un institut. Un homme dont le franc parler dérange. Parmi ses détracteurs, nombreux sont ceux qui confessent dans les couloirs des cinq étoiles de Marrakech, que «Alami est en réalité un grand professionnel». De ses anciens dauphins, certains sont devenus baleines, au propre et au figuré, mais sans avoir retenu grand chose de ce qu'ils ont appris à Maroc Tourist et à Dounia PLM, à savoir que seul le travail paye. L'histoire est pourtant riche en enseignements. Et tout est occasion pour apprendre et mettre son expérience au service de tous. Abdelhadi Alami le sait. En 25 ans de traversée d'une activité qui n'en finit pas de reporter son décollage au futur, il est de l'étoffe de ces grands hommes qui ont façonné le Maroc touristique. Il sait qu'une politique touristique ne peut se faire seulement dans un local aseptisé, à la lumière des courbes et des histogrammes. Savoir parfois endosser des bottes et descendre sur le terrain donne de la clarté dans la vision et du sens dans la réplique. Abdelhadi Alami l'a justement fait, en érigeant le Palais des Congrès qui fait la fierté de Marrakech. Son livre, «Le Tourisme Marocain, l'Eternel Espoir», sonne comme un juste retour des choses. Pas le cri désespéré d'un vétéran qui ne veut pas être oublié, mais l'analyse pertinente d'un homme du terrain. Pas les salves vaines d'un fonctionnaire à la retraite et qui ne demande qu'à être sollicité par un journaliste pour exploser, mais les critiques objectives d'un homme qui a eu ses réussites et ses échecs. Ces dernières années, de nombreux cabinets, payés rubis sur ongle, se sont précipités au chevet du Tourisme. Tous ont rendu des courbes et des chiffres difficiles à interpréter pour le commun des promoteurs. Mais personne, dans cette flopée de consultants, n'a dit, comme Abdelhadi Alami, que le pays rétrograde dans l'échiquier touristique international. «Hier 25e, le Maroc occupe aujourd'hui le 37e rang». Fermer les yeux sur la réalité ne résout pas le problème. Comme il l'a si bien dit plus loin, en faisant allusion aux politiques successives : «La constance est dans le discours, la déconvenue dans les résultats». Des mots qui sonnent juste. Des mots d'un professionnel.