Une première au Maroc. Les femmes soulaliyates se sont enfin vues reconnaître le droit de bénéficier, au même titre que les hommes, des revenus d'exploitation et de vente des terres collectives. La question de ces femmes a pris un tournant décisif avec la distribution, vendredi dernier, de lots de terrain de même superficie que ceux attribués aux hommes dans la commune urbaine de Mahdia. Un tirage au sort a ainsi été effectué pour la distribution de lots de terrain de 100 m2 à 867 femmes et 81 hommes. Au total, les bénéficiaires vont se partager, à part égale, 128 hectares, équipés par la société Alliance Darna. Cette décision vient ainsi couronner la lutte de longue haleine menée conjointement par ces femmes ainsi que les associations qui les ont soutenues dans leurs revendications visant à mettre un terme à des décennies de discrimination. Pour l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) qui a depuis 2007 apporté son appui pour que ces femmes puissent recouvrer leur droit, il s'agit d'une «victoire». «C'est un pas important. Cette reconnaissance va nous motiver davantage pour nos prochaines actions en faveur des femmes soulaliyates d'autant plus que nous avons beaucoup investi dans ce dossier, notamment en termes de plaidoyer», affirme Malika Jghima, présidente du bureau de l'ADFM de Casablanca. Après cet acquis, il faut à présent faire en sorte de généraliser ce droit au niveau national. «La circulaire du ministère de l'intérieur ne suffit pas. Nous revendiquons une loi pour que ce droit soit étendu à toutes les femmes soulaliyates», souligne Mme Jghima. Il est clair que pour l'ADFM, la circulaire du ministère de l'intérieur qui approuve le droit de ces femmes d'accéder aux indemnités relatives à la cession ou encore la vente de ces terres demeure une simple directive sans poids légal réel. A ceci, il faut relever que son application pose des problèmes. Les représentants des tribus rejettent la plupart du temps ces circulaires et ne reconnaissent pas le droit des femmes à bénéficier de ces terres et de leurs revenus au même titre que les hommes. Et par conséquent, la promulgation d'une loi constitue un moyen pour protéger les droits de ces femmes et garantir l'égalité entre les hommes et les femmes dans les terres collectives. Rappelons que l'histoire de ces terres «ethniques» remonte au dahir du 27 avril 1919, instauré pour régir les terres collectives. Selon ce dahir, les terres collectives sont placées sous la tutelle du ministère de l'intérieur. Leur gestion (partage, location) est confiée aux groupements ethniques sous la surveillance du tuteur et le contrôle du conseil de tutelle. Les listes des ayants droit sont établies par les «nouabs» (mandataires) des «Jmaâs» (groupements) et homologuées par arrêté du ministre de l'intérieur.