Le premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) a sorti l'artillerie lourde contre le cabinet d'Abdelilah Benkirane dont il a qualifié la gestion de véritable danger pour le Maroc. Dans une conférence de presse tenue mardi matin dans les locaux du siège central du parti à Rabat, Driss Lachgar a jugé que les pratiques hégémonistes du PJD sur l'action du gouvernement et ses menées visant l'environnement culturel au Maroc menacent de régression la société marocaine. Il a cité comme exemple de cette «quête permanente de l'hégémonisme politique et culturel» l'agenda législatif décliné par l'équipe au pouvoir. «Cet agenda a été fixé sans consultation préalable de l'opposition ou des autres acteurs sociaux», a-t-il affirmé en se déclarant guère surpris de cette pratique, «tant le PJD et Abdelilah Benkirane sont coutumiers du fait». Jamais l'opposition n'a été autant marginalisée que sous ce gouvernement, a-t-il annoncé, avant d'ajouter que cela ne lui paraît pas vouloir s'arrêter de sitôt. Interrogé par ALM sur la question de savoir ce qui empêche l'opposition de faire proposition de nouvelles lois en parallèle des projets contenus dans l'agenda, Driss Lachgar a répondu que le programme de l'USFP décliné à son 9ème congrès national renferme les grands axes de ces propositions et que d'ailleurs chacun des quatre candidats au poste de 1er secrétaire du parti avait un programme propre. «Vous voyez que ce ne sont pas les propositions qui nous font défaut». Driss Lachgar s'est en outre refusé à considérer que l'absence de certaines figures saillantes à la conférence ou que leurs sorties médiatiques reflètent des dissensions internes au parti. «Dès lors que le 9ème congrès s'est prononcé sur les élections internes, l'affaire est close», a-t-il rétorqué à ALM, avant d'ironiser: «Il y a 30.000 affiliés à l'USFP, je ne crois pas que cette salle suffise à les accueillir». Particulièrement remonté contre l'action du gouvernement qu'il a accusé de «coupables lenteurs», le 1er secrétaire de l'USFP a expliqué que l'incapacité chronique de l'équipe d'Abdelilah Benkirane, qu'il a jugée flagrante à mesure que le temps passe, pose en termes alarmants la question de «l'application des généreuses et modernistes dispositions de la Constitution de juillet». Pour lui, «ce gouvernement dominé par le PJD constitue un grave danger pour la société démocratique et moderniste que nous voulons». Il a ajouté: «C'est pourquoi nous projetons de travailler avec tous les démocrates de ce pays et comptons contracter alliance avec tous ceux qui ont comme nous le souci de la démocratie, de la modernité et du progrès». Driss Lachgar qui a dit son intention de mobiliser toutes les instances de son parti en vue d'atteindre cet objectif, s'est félicité du retour de la sérénité dans les relations bilatérales avec l'UMT et du fait «qu'un responsable de l'USFP ait été reçu pour la première fois depuis un demi- siècle au siège du syndicat». En fait, a-t-il laissé entendre, dans le cadre de sa mobilisation pour faire pièce au projet rétrograde du PJD, l'USFP va s'ouvrir sur tous les acteurs sociaux: syndicats, société civile, organisations professionnelles… Citant les exemples des dérapages verbaux qui ont fait dire au chef de gouvernement «qu'il n'allait pas attraper la femme par ses cheveux pour la contraindre à exercer le pouvoir», il s'est déclaré convaincu qu'une forte opposition au gouvernement actuel est d'autant plus nécessaire que celui-ci a non seulement montré son incapacité a trouver solution aux problèmes économiques et sociaux des Marocains, mais encore qu'il menace leur culture. Après l'incapacité à remédier aux problèmes économiques, au chômage, aux avatars des caisses, voilà que ce gouvernement veut changer notre façon de vivre et de penser, a-t-il déclaré en substance. Driss Lachgar, qui était entouré de Habib El Malki et de Abdelhamid Jmahri, n'a pas exclu dans le cadre de la mobilisation à laquelle il a appelé, de contracter alliance avec le PAM, le RNI et l'UC, «comme du reste il l'a fait dernièrement au cours des débats parlementaires de la loi de Finances». Il a laissé entendre que l'USFP se sent d'autant plus apte à jouer un rôle central dans cette nouvelle action que le parti est en train de redynamiser ses instances dont il a annoncé de prochaines réunions. Il a précisé que c'est notamment le cas du groupe parlementaire dont la réunion est prévue pour la semaine prochaine. Il a également fait part de la réunion du congrès de la jeunesse usfpéiste dans les semaines qui viennent. Car, a-t-il conclu, «ce qui importe dans la vie politique comme dans la vie tout court, c'est la discipline et la conformité à la procédure».