La question n'est pas tant de savoir si un cadre national pour la certification est opportun que de lui trouver outil propre à l'institutionnaliser. Au séminaire international sur la certification pour l'apprentissage à vie, qui s'est tenu à l'initiative du ministère de l'emploi mercredi à Rabat, la phase de la réflexion sur l'utilité d'un référentiel des compétences a été déclarée close et, ouverte celle de la mise en place institutionnelle. Abdelouahed Souhail a même invité les séminaristes à se pencher sur l'étude de la forme que doit prendre l'institution qui doit porter la certification au Maroc. Agence, commission ou institution ? Autonome ou relevant du chef de gouvernement ? s'est-il interrogé. La question est essentielle au regard des enjeux, a-t-il déclaré devant un auditoire où experts nationaux côtoyaient nombre de leurs collègues et des diplomates européens. Organisé par le ministère de l'emploi, le séminaire auquel participent le ministère de l'éducation nationale, celui de l'enseignement supérieur, la CGEM et les syndicats, a en effet été soutenu de bout en bout par l'Union européenne. Des enjeux, le ministre a dit qu'ils sont d'assurer la transparence et la comparabilité des diplômes et des certificats décernés. Les participants ont considéré que cette condition est incontournable en ce qu'elle constitue le marchepied qui permet d'accéder à la mobilité laquelle est souvent associée à la flexibilité. 2ème enjeu, une autre mobilité qui cette fois-ci commande l'apprentissage à vie : établir des passerelles entre les différents types d'enseignement de manière à favoriser l'apprentissage «tout au long de la vie». Le CNC est également supposé contribuer à la modernisation de l'enseignement-formation par le biais de l'amélioration des qualifications vers une meilleure employabilité. Quatrième enjeu et sans doute le plus important dans le contexte actuel de mondialisation et de délocalisation des industries européennes: «Etablir des correspondances avec le cadre européen des certifications pour améliorer la mobilité et l'intégration des travailleurs et des apprenants dans le cadre du statut avancé que la Maroc a signé avec l'Union européenne le 13 octobre 2008». Pour atteindre ces objectifs, dont celui éminemment social de réintégrer les victimes «de déperdition scolaire» dans le circuit de formation, les participants ont jugé qu'il est impératif non seulement de renforcer la coopération entre les parties prenantes publiques, mais encore de conforter leur partenariat avec la société civile. Mohamed El Ouafa qui a été l'un de ceux qui ont tenu cet avis, considère en outre qu'il est essentiel de réhabiliter la formation professionnelle en mettant en exergue son caractère professionnalisant et donc porteur de dignité. «Il est temps d'appeler les choses autrement, temps de parler d'enseignement professionnel», a-t-il conclu. Convenant des conséquences de l'apprentissage sur le sentiment de reconnaissance sociale et de dignité, Lahcen Daoudi y voit également la réponse la plus appropriée aux effets de la mondialisation. Présageant un accroissement du nombre des délocalisations au profit du Maroc - du fait de l'augmentation des salaires dans des pays comme la Chine et de l'enchérissement du fret international - il a appelé à renforcer la formation afin de fournir aux entreprises délocalisées le capital humain nécessaire. Le ministre qui a jugé que «nous sommes entrés dans la mondialisation sans nous y être préparés», a appelé à rattraper le temps perdu.