Plusieurs grands projets du conseil de la ville de Casablanca sont menacés de rester en suspens. Et pour cause, des conseillers alliés d'hier de Mohamed Sajid, président du conseil de la ville, le boudent aujourd'hui. C'est ainsi que les travaux de la session ordinaire du mois de février qui devaient se tenir mercredi 27 février ont été suspendus pour absence de quorum. Les divergences politiques ont repris le dessus sur le consensus fragile qui avait été maintenu tant bien que mal entre les différentes composantes du conseil. Les accords du code d'éthique qui avait été signé en avril dernier entre M. Sajid et la coalition de la majorité du conseil (PJD, PAM, RNI et MP) ne semblent plus satisfaire tout le monde, a déclaré à ALM Mustapha Rahine, conseiller sans appartenance politique. Contacté par ALM, Khili Abdelmalek, conseiller du PJD, estime qu'une révision de cette charte doit se faire étant donné que les conditions dans lesquelles elle a été élaborée ne sont plus d'actualité. Et d'insister sur le fait que cette charte a toutefois résolu un certain nombre de problèmes dans une conjoncture difficile où la ville de Casablanca risquait d'être bloquée. M. Khili, membre du groupe PJD qui compte 29 conseillers sur 147 formant le conseil de la ville, évoque une autre raison de la suspension des travaux de cette session ordinaire: «Les commissions n'ont pas pu examiner le compte administratif du conseil et par conséquent n'ont pas pu prendre connaissance de l'état de la gestion et des finances dudit conseil». En effet, sans l'examen de ce compte administratif, il est difficile pour les conseillers de prendre position vis-à-vis des principaux points à l'ordre du jour de cette session du conseil de la ville. Même son de cloche pour Tagditi Abdelkebir du PAM qui essaye de minimiser l'impact de la suspension de la réunion d'hier : «Le problème est purement bureaucratique, les commissions n'ont pas pu examiner le compte administratif parce qu'il leur manquait des documents en provenance du ministère des finances et du Trésor du Royaume». Selon lui, «il n'existe pas de véritables tensions au sein du conseil. Les composantes de la majorité travaillent en harmonie et de manière solidaire». Notons que l'ordre du jour de cette session comportait un total de vingt-six points dont celui portant sur les prix proposés par la commission d'évaluation pour l'acquisition de lots de terrain en vue de l'élargissement d'un boulevard, de routes provinciales ainsi que la réalisation de la rocade sud-ouest et du projet d'assainissement de la zone Est. Il prévoyait aussi l'adoption de plusieurs conventions pour la réhabilitation du zoo de la ville et la réalisation du collecteur d'assainissement de la zone Ouest, la gestion de l'espace sportif la Casablancaise et la requalification des douars Sidi Ahmed Ben Lahcen dans la préfecture de Ben M'sick. En matière de gestion des services communaux, le conseil devait discuter et adopter les amendements du cahier des charges relatif à l'affermage de la gare routière d'Ouled Ziane. La création de bureaux d'état civil dans les annexes administratives des arrondissements des Roches Noires, Ain Sebaâ et Moulay Rachid et l'approbation du compte administratif au titre de l'exercice 2012 figuraient également à l'ordre du jour de la session. Un conseiller interrogé par la PJ pour avoir accusé le maire de la ville de trafic d'influence La police judiciaire du district Moulay Rachid à Casablanca a interrogé, mardi dernier, le conseiller au conseil de la ville, Mustapha Rahine, à propos d'une plainte qu'il a déposée contre le maire de la ville, Mohamed Sajid, l'accusant de trafic d'influence. «Les enquêteurs m'ont interrogé durant une heure et demie à propos de la plainte que j'ai déposée contre le maire de la ville», a affirmé M. Rahine à ALM. Ce dernier a précisé dans sa plainte que le maire de la ville, Mohamed Sajid, a cédé, sous contrat de location, deux appartements situés dans son immeuble sis boulevard d'Anfa, à la société Casa Transport chargée de la gestion du transport en commun du Grand Casablanca. Dans sa plainte, le conseiller a expliqué que le maire de la capitale économique a bafoué, par cette transaction, l'article 22 de la Charte communale stipulant qu'il est «interdit à tout conseiller communal d'entretenir des intérêts privés avec la commune dont il est membre, de conclure des actes ou des contrats de location, d'acquisition, d'échange ou toute transaction portant sur des biens de la commune, ou de passer avec elle des marchés de travaux, de fournitures ou de services, ou des contrats de concession, de gérance et toutes autres formes de gestion des services publics communaux, soit à titre personnel soit comme actionnaire ou mandataire, soit au bénéfice de son conjoint, ses ascendants et ses descendants directs». Mustapha Rahine a expliqué à ALM qu'il a porté plainte contre le maire parce qu'il le considère, comme le souligne l'article 21 de la Charte communale, responsable d'actes contraires à la loi et à l'éthique du service public. Voitures de service pour 63 conseillers sur 147: rentes ou simples avantages ? «Le maintien d'un minimum de cohésion au sein des membres du conseil n'est pas seulement le résultat de la signature d'une charte d'éthique entre les composantes de la majorité, il est également dû à la distribution d'un certain nombre de privilège». C'est ce qu'a confié à ALM Mustapha Rahin, conseiller sans appartenance politique qui ne cesse de s'attirer des ennuis par la teneur de ses déclarations. Selon lui, l'année 2013 a été celle de la rente par excellence au sein du conseil de la ville, étant donné que 63 conseillers sur 147 se sont vus accorder des voitures de service et 2.000 DH d'indemnité d'essence ainsi qu'un téléphone. Ainsi, M. Rahin estime que ces avantages ne sont normalement accordés qu'à 14 conseillers, 10 membres du bureau du conseil et quatre présidents des commissions. Pour lui, le fait d'élargir ces avantages à 63 conseillers est le signe d'une mauvaise gouvernance et d'une véritable rente. Charte d'honneur Une charte d'honneur avait été signée au début de l'année 2012 dans l'objectif de dépasser la situation de blocage au conseil de la ville de Casablanca. Cette charte a été conclue suite à un accord trouvé entre les composantes politiques du conseil et le maire de la ville de Casablanca, Mohamed Sajid, qui avait été délaissé à un certain moment par sa propre majorité. Les huit partis politiques concernés par cette charte sont l'Union constitutionnelle, le Rassemblement national des indépendants, le Parti de la justice et du développement, le Parti authenticité et modernité, le Mouvement populaire, le Parti de l'Istiqlal, le Parti travailliste et le Front des forces démocratiques. Le document comporte plusieurs points, notamment la nécessité d'une gestion impliquant tous les conseillers dans la gestion du conseil de la ville. Elle insiste également sur l'importance de veiller à plus d'équilibre dans l'octroi des délégations de signature par le maire de la ville.