Les prochaines semaines ou prochains mois connaîtront certainement les premières hausses des produits de base. En effet, plusieurs ministres qui participaient à une journée d'étude organisée par les groupes de la majorité à la Chambre des représentants, sous le thème «Le régime de compensation et l'inéluctabilité de la réforme», ont laissé entendre que les premières hausses, bien qu'elles soient progressives, sont pour bientôt. D'ailleurs, le gouvernement a annoncé qu'une plate-forme technique pour la réforme de la Caisse de compensation est déjà prête. Dans ce sens, le ministre chargé des affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif, a affirmé que ce chantier vise à maintenir un coût déterminé des produits de base, à préserver le pouvoir d'achat des couches sociales les plus vulnérables et la compétitivité des entreprises nationales. Si le ministre a insisté sur la volonté du gouvernement de préserver le pouvoir d'achat des plus vulnérables, il n'a rien dit sur l'impact de telles hausses sur la classe moyenne, déjà surendettée. De même, le gouvernement estime qu'une décompensation totale engendrerait une charge mensuelle de 600 dirhams sur les ménages marocains. Mais le gouvernement évite aujourd'hui de communiquer clairement sur les effets boomerang de la décompensation sur les prix de la restauration, les transports et donc les marchandises sur le marché. De son côté, le ministre de l'économie et des finances, Nizar Baraka, a déclaré au cours de la même journée d'étude que la réforme de la Caisse de compensation est devenue «urgente». Pour le ministre, la situation actuelle est «une menace pour l'indépendance économique du Maroc». Ce que l'argentier du Royaume oublie de dire, c'est que la réforme est en quelque sorte dictée par les institutions financières internationales. Car au moment même où les responsables gouvernementaux tentaient de convaincre mardi les parlementaires de l'urgence de la décompensation, le FMI (Fonds monétaire international) appelait les autorités marocaines à «avancer résolument» sur le chantier de la réforme de la Caisse de compensation, sans oublier les agences internationales de notation qui lient le maintien de la note de la dette souveraine du Maroc aux progrès du gouvernement sur les réformes structurelles, en particulier la Caisse de compensation. De son côté, le ministre d'Etat, Abdellah Baha, qui prononçait une allocution au nom du chef de gouvernement, a demandé une adhésion de tous les acteurs concernés à l'enrichissement du débat sur la réforme de la Caisse, eu égard à son inéluctabilité pour la concrétisation de la justice sociale. Il a expliqué que la réforme sera axée sur la réduction progressive du soutien des produits de base, la mise en place d'un programme en faveur des familles nécessiteuses ainsi que sur la mise en place des mesures d'accompagnement des secteurs susceptibles d'être affectés par la hausse des prix, ajoutant que la réussite de la réforme de la Caisse est de nature à soutenir l'économie solidaire. Il a, par ailleurs, annoncé que le gouvernement a mis en place un plan de communication pour expliquer les motifs et les objectifs de cette réforme.