Les internautes d'ALM ont jugé la justice marocaine. La plupart des votants trouve qu'elle n'est pas indépendante. Le sondage de la version électronique d'ALM de cette semaine a été consacré à la justice au Maroc. Sur ce sujet toujours d'actualité car au carrefour de tous les secteurs de la vie active, nous avons sollicité l'avis de nos lecteurs. Avec la multiplication des procès « spectaculaires » estimez-vous que notre justice est : totalement indépendante, moyennement indépendante, pas du tout indépendante? À cette question à laquelle ont répondu 272 personnes, la majorité, soit 70,2% a voté pour “pas du tout indépendante“. Seuls 4,8% des interrogés trouvent que la justice marocaine est « totalement indépendante“, tandis que 25% sont d'avis qu'elle est “moyennement indépendante“. Ainsi, le pouvoir judiciaire marocain continue à être perçu négativement par les citoyens malgré les procès en détournements de deniers publics ( qui se sont multipliés ces derniers temps) intentés à différents ex-responsables et commis de l'État. Des poursuites judiciaires destinées à montrer justement que l'ère de l'impunité est bel et bien révolu et que dans le Maroc nouveau la justice s'appliquera à tout le monde quel que soit son rang social. La confiance, semble,t-il n'est pas encore au rendez-vous. C'est dire la complexité de ce secteur et la difficulté de sa réforme en profondeur dans le sens voulu par les hautes autorités du pays. Mohamed Bouzoubaâ n'est pas encore au bout de ses peines. Celui qui a initié des actions courageuses de refonte non négligeables allant jusqu'à se trouver face à face avec la communauté des juges a fort à faire pour réhabiliter l'image de la justice. En fait, la justice est d'abord et surtout un sentiment alimenté essentiellement par des expériences personnelles qui sont souvent frustrantes. Il n'y a pas un Marocain qui n'a pas vécu soit directement soit à travers sa famille une “mauvaise“ affaire dans un tribunal. En un mot, les petits justiciables soupçonnent leur justice de ne pas être juste et de fonctionner à plusieurs vitesses. Est-ce pour autant la faute aux juges ? La justice est un sentiment qui ne se mesure pas à l'aune des discours sur la réforme de l'appareil judiciaire. Elle se nourrit de pratiques saines et de bonnes réputations. Ou la population se sent dans un pays où la justice est équitable et indépendante ou elle se vit à l'inverse dans un pays où la justice relève de l'incantatoire. Il n'y a pas de moyenne. C'est dire l'immensité du défi et l'ampleur du travail à accomplir pour que les Marocains aient confiance dans leur justice. Il s'agit d'œuvrer par une véritable politique de proximité pour qu'ils changent de manière radicale le regard qu'ils portent sur leur justice. Tout un programme.