Miloudi Moukharik s'inquiète. Et pour cause, le numéro un de l'UMT (Union marocaine du travail) affirme que l'année en cours sera une année sans mesures sociales en faveur des salaires et des fonctionnaires. «La loi de Finances 2013 n'apporte rien de nouveau sur le plan des salaires ou la pression fiscale. 2013 sera probablement une année difficile, notamment pour la fonction publique», déclare-t-il. En dépit des réunions avec le gouvernement, Moukharik affirme que plusieurs divergences persistent toujours concernant plusieurs dossiers. Dans ce sens, le secrétaire général de l'UMT parle d'une volonté de la part de certaines parties de restreindre le droit à la grève à travers une loi organique. «La grève est un droit hautement symbolique et constitutionnel. Nous constatons cependant que les responsables qui prônent la loi sur la grève, veulent plutôt restreindre ce droit constitutionnel. De notre côté, nous voulons une loi qui protège ce droit selon des mécanismes bien définis», explique-t-il. Mais le dossier prioritaire du patron de l'UMT reste celui de la réforme des caisses de retraite. Alors que le gouvernement semble opter pour une élévation de l'âge de la retraite et une revalorisation des cotisations, le syndicat voit les choses différemment. «En réalité, on nous propose ce qui est connu dans la littérature de l'OIT (Organisation internationale du travail), comme le triangle maudit consistant à élever l'âge de la retraite à 65 ans, augmenter les cotisations et baisser les prestations. C'est comme choisir la peste, le choléra et la lèpre. De notre côté, le choix n'a pas lieu d'être puisque toutes ses propositions ne sont pas valides», explique Moukharik. Et de poursuivre: «Concernant l'âge de la retraite, nous pensons que l'élévation de l'âge du départ en retraite doit rester facultative dans le secteur public comme le privé en prenant en considération la pénibilité du travail. S'agissant des cotisations, il faut tout d'abord clarifier la situation financière des caisses de retraite. L'Etat doit d'abord payer toutes ses dettes envers la CMR. L'augmentation progressive des cotisations sera alors négociable». A une journée de la tenue de la commission nationale sur la réforme de la retraite, il semble que la tâche du chef de gouvernement pour convaincre les centrales syndicales ne sera pas facile. Il s'agit, en effet, de la deuxième réunion depuis sa création en 2004. Bien que les membres de la commission devront trancher les scénarios de la réforme globale du système de retraite au Maroc, le débat risque de porter essentiellement sur la situation de la CMR (Caisse marocaine de retraites). «Les cotisations des fonctionnaires qui sont les bailleurs de fonds de cette Caisse, ont toujours été prélevées à la source. Comment la CMR s'est-elle retrouvée dans une situation de banqueroute? L'analyse est simple. Lorsque nous avons été conviés en 2003 pour l'augmentation des cotisations, nous avons rappelé au Premier ministre de l'époque que l'Etat employeur n'avait pas payé ses charges patronales depuis 1960. Pire encore, les cotisations des fonctionnaires étaient injectées dans le budget de fonctionnement de l'Etat», déclare Moukharik. Ce dernier n'y va pas par quatre chemins : l'Etat doit mettre la main à la poche pour payer ses dettes envers la CMR. Or, la marge de manœuvre du gouvernement est réduite, notamment en raison de la situation difficile des finances publiques.