Quand Meriem est tombée amoureuse de Mohamed, elle ignorait qu'elle avait commencé à creuser la tombe de son père. Nous sommes à Safi. La salle d'audience, à la chambre criminelle près la Cour d'appel, est archicomble. Meriem, encore mineure, à son seizième printemps, quitte son siège parmi l'assistance quand le président de la Cour l'appel. Elle traîne le pas tout en essayant de fuir les regards des curieux venus assister à cette affaire dont l'accusé était l'amant, Mohamed, âgé de vingt-trois ans. Celui-ci se tenait déjà dans le box des accusés. Il gardait le silence tout en regardant sa bien-aimée, Meriem. Leur relation remonte au début de l'année dernière et les a unis au point qu'ils rêvaient de se marier le plus tôt possible. C'est du moins ce que croyait cette adolescente qui ne savait pas, au départ, que son père en était au courant. Mais, elle l'avait appris quand il lui a demandé de rompre sa relation avec ce jeune homme. Il a même menacé Mohamed pour qu'il quitte définitivement sa fille. Mais en vain. Ils ont continué à se rencontrer rendant le père fou furieux. C'est pourquoi il a décidé de les surprendre en flagrant délit. Mohamed était chez lui, ce jour du troisième mois de l'année dernière, quand son téléphone portable a sonné. C'est Meriem qui l'a appelé. Elle l'a sollicité de la voir dans quelques minutes. Sa réponse était favorable. Non loin du douar Lakouasma, à trente-huit kilomètres de la ville de Safi, ils se sont rencontrés. Mais, tout de suite, le père de Meriem s'est planté devant eux. Epouvantée, Meriem a pris la fuite, laissant face-à-face le père et l'amant. «Je n'ai pas vu de couteau à la main de mon père quand il nous a surpris ensemble», a-t-elle affirmé quand elle a présenté son témoignage devant la Cour. Quant à son amant, il a précisé qu'il était armé d'un couteau. En évitant son coup, le père est tombé et a été touché par son couteau. Quand les gendarmes sont arrivés sur les lieux du crime, ils ont remarqué une grave blessure au niveau de la partie gauche de la poitrine du père de Meriem. «Je n'étais pas armé et je ne l'ai pas tué», se disculpe Mohamed devant la Cour. Mais celle-ci n'a pas cru à ses allégations et l'a condamné à dix ans de réclusion criminelle.