«Quand on organise une rencontre, on essaie de faire le choix d'un auteur qui a des liens avec la ville d'Essaouira». Telle est la démarche expliquée par Daniel Karbownik, directeur général du Sofitel Essaouira Mogador Golf & Spa, pour initier les escales littéraires dans ces somptueux locaux. Or, l'écrivain Tahar Ben Jelloun ne s'est pas rendu à cette ville depuis une trentaine d'années. «Le hasard», comme l'a bien dit cet auteur marocain, a voulu qu'il y soit de retour pour une rencontre littéraire dédiée à son tout dernier livre : «Le bonheur conjugal». Un rendez-vous animé, samedi 22 décembre, par l'écrivaine Catherine Enjolet et marqué par la présence d'André Azoulay, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ainsi que d'un large public. «Je suis très heureux de renouer avec cette ville qu'il devrait garder dans son état authentique. Elle n'a pas beaucoup changé par rapport à ma dernière visite», a déclaré Tahar Ben Jelloun peu avant la tenue de l'escale littéraire. Quant au bonheur dans son œuvre, il ne court pas les rues selon lui et l'idée lui trotte dans la tête depuis belle lurette. «Le bonheur conjugal est un sujet qui marque toutes les sociétés. J'ai déjà parlé des problèmes conjugaux dans d'autres romans. Mais je trouve qu'il est temps de parler de ce sujet parce que j'ai remarqué que les choses ont changé dans notre pays et que la femme a disposé de certains droits», précise-t-il à ALM. Cependant, l'histoire conçue dans son œuvre, qui lui a pris 3 ans, n'a rien de personnel. «C'est vrai qu'on passe par des choses dans la vie, mais la moulinette littéraire est autre chose», nous a-t-il indiqué. Les personnages de Tahar Ben Jelloun dans «Le bonheur conjugal» sont issus de classes sociales et culturelles différentes, l'homme étant artiste-peintre, ainsi que de tranches d'âge disproportionnées. Et c'est fait exprès par lui ! «J'ai inventé cette histoire imprégnée par des réalités marocaines de manière à ce que d'aucuns Marocains s'y reconnaissent», explique-t-il. Pour trouver une solution aux problèmes conjugaux, Tahar Ben Jelloun plaide pour «le respect pour l'autre parce que dans la conjugalité, il y a le vivre-ensemble. Au Maroc nous sommes en train d'apprendre à vivre ensemble depuis des décennies». Et il semble à l'auteur, qui a assisté à des procès conjugaux pour faire ce livre, que le respect est cher aux femmes. D'ailleurs, dans son roman, la femme reproche à son mari le fait qu'il ne lui ait jamais offert des fleurs. De plus, l'auteur a donné libre cours à cette femme dans la 2ème partie de l'ouvrage, qui est si chère à lui, pour se défendre. Après ce chef-d'œuvre, Tahar Ben Jelloun envisage de raconter une belle histoire d'amour. La concevra-t-il à Essaouira ? En tout cas, une invitation lui a été offerte par M. Azoulay qui a indiqué, lors de l'escale littéraire : «J'espère qu'il va revenir souvent». Pour le conseiller de SM le Roi, «Tahar Ben Jelloun a appris le Maroc aux autres. Il a le talent de le faire avec sa démarche philosophique et les valeurs qu'il a su identifier».