Ils étaient de différentes sensibilités réunis pour cogiter à haute voix sur les raisons de la défection des citoyens par rapport au politique. Pour Abdelali Benamour, le déficit de confiance en l'action politique est justifié, d'abord, par un facteur universel qui se traduit par la professionnalisation de l'action politique et l'émergence de nouvelles professions, comme celles artistiques, qui participent au recul de l'action politique. Sur le plan national, ce phénomène s'explique par la dépravation des acteurs politiques et l'aspiration de certaines forces à la consolidation de la gouvernance par le haut. A cela s'ajoute la défection d'une partie de l'élite par rapport à l'action politique et l'opportunisme d'une autre partie de cette élite. Dans le même ordre, il a rappelé les tractations qui ont caractérisé les rapports entre le Palais et les partis et les dédoublements qui ont caractérisé le discours de ces partis, comme cela se manifeste à travers l'appel à la démocratisation du pays, mais tout en se maintenant en dehors de cette dynamique. Une position qui les a conduit à passer du centralisme démocratique à la démocratie populiste. Enfin, en ce qui concerne la question institutionnelle, l'orateur a mis l'accent sur les prérogatives qui relèvent de la compétence du Palais et qui doivent être consolidées, comme c'est le cas pour les domaines de la souvrainté nationale, de la religion et de la diplomatie. Pour ce qui est des prochaines élections, il a estimé qu'il est impératif pour les partis un nouveau discours qui s'adresse à la fois au Palais, à l'opinion publique, à l'élite, aux forces démocratiques de gauche, à la Koutla, au monde économique aux masses des déshérités ainsi qu'aux membres du parti. De son côté, l'anthropologue Abdellah Hammoudi a tenté de repenser les méthodes d'action politique, devenues, par la force des choses, des valeurs sociales. Les Marocains, a t-il remarqué, ont connu une période de mobilisation politique ; et ce, alors que celle-ci était perçue comme un instrument de changement et de satisfaction des doléances des citoyens. Mais, ce phénomène, reprend-t-il, a été avorté. Dans le même moment, ont été marginalisées et l'élite traditionnelle et celle qui aspirait à bénéficier de l'enseignement. Parallèlement à ce processus se sont développées, dit-il, des pratiques qui ont affecté le rendement politique ; notamment eu égard aux mentalités partisanes archaïques privilégiant le leadership charismatique à la rénovation des techniques de gestion politique. A cette tare liée à la vie interne des partis, s'ajoute la répression. Or, c'est dans le cadre de cette problématique que s'est inscrit l'avènement du gouvernement d'alternance, qui n'est, en fait, souligne-t-il, qu'un projet d'association de nouveaux acteurs politique. Arrêté et déterminé dans une conjoncture particulière, sur la base de rapports de force donnés et dont l'objectif consiste dans l'absorption, dans le cadre des institutions « mawlawites » de la société par le pouvoir. Ceci étant, le projet d'association s'est fait à un moment où les richesses du pays sont devenues de plus en plus rares et où la mondialisation est devenue une donne incontournable. Pour sortir de l'état actuel, M. Hammoudi suggère l'affectation des orientations à la seule compétence des acteurs politiques. Et de conclure sur la nécessité de poursuivre le débat et la réflexion sur les réformes constitutionnelles après les élections. Enfin, pour l'ancien ministre, Rachid Belmokhtar, tout discours politique est contextuel. Et de préciser que l'enjeu actuel est celui de la nécessité de l'édification d'une société moderne dans laquelle ce sont les hommes et les organisations qui font la différence et dans laquelle « l'anticipation » doit prendre la place qu'elle mérite, aussi bien dans le domaine des entreprises qu'au niveau politique. Enfin, il a préconisé une modernité en harmonie avec l'Islam et appelé à « repenser la démocratie « sur le plan local.