Faire le bilan de ses activités au Maroc, en présenter les prochaines mais aussi communiquer autour de l'ensemble de ses actions auprès de l'opinion publique marocaine. Tels ont été les objectifs d'une rencontre de la délégation de l'Union européenne et de la presse marocaine tenue le week-end dernier à Marrakech et régions. Cette rencontre qui, notons-le, est une première action d'une campagne de communication qui s'étale sur les 18 prochains mois, a été l'occasion de faire découvrir de près les chantiers d'appui budgétaire de l'UE au processus de réformes engagées par le Maroc dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'alphabétisation. Exposant cette politique d'appui budgétaire, Eneko Landaburu, ambassadeur de l'UE au Maroc, a déclaré: «Nous sommes partenaire stratégique du Royaume depuis 42 ans. Pour accompagner les différentes réformes engagées en matière d'éducation, l'Union européenne a mobilisé une enveloppe de 2 milliards DH depuis l'année 2000 dont, entre 2008 et 2012, environ 1,5 milliard DH comme appui à la charte nationale d'éducation et de formation». Qu'il s'agisse de l'éducation de base fondamentale ou celle non formelle y inclue alphabétisation des adultes, cette politique d'appui a été adoptée dans le dessein de garantir un enseignement obligatoire de qualité tout en y permettant l'accès. Afin de toucher cela, une visite a été programmée dans ce sens pour la province de Chichaoua où, grâce à ce programme, le taux d'analphabétisme a été réduit de 67% en 2004 à 46% en 2009 et ces chiffres ne cessent de régresser à raison de 3% par an jusqu'à aujourd'hui. Cette coopération UE-Maroc a concerné le secteur de la santé également. Ce département a profité d'une enveloppe de 1,55 MMDH sur la période 2008-2012 et ce afin de mener à bien la politique des réformes ayant démarré en 2001 dans le domaine de la santé et qui ont pour finalité de garantir un accès aux soins équitable et de qualité pour tous les citoyens marocains. Il y a lieu de citer ici des mécanismes de couverture médicale de premier ordre tels l'AMO et le RAMED. Le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, a insisté dans ce sens que la coopération de l'UE ne se limite pas à son aspect financier. «Nous avons d'excellentes relations avec l'UE, nous n'avons pas toujours besoin d'argent. Dans mon département, nous avons beaucoup plus besoin d'esprit d'innovation et d'experts pour nous accompagner. Je peux vous assurer que dans certaines régions, le budget du ministère de la santé n'est consommé qu'à 48%», précise-t-il. Dans ces déclarations, Louardi mise gros sur la généralisation du RAMED. «L'article 31 de la Constitution parle de droit à la santé et à l'accès aux médicaments avec des prix abordables. Il y a donc urgence à réussir la généralisation du RAMED», note le ministre. L'un des éléments déterminants pour ce programme reste la disponibilité des médicaments. Le département de tutelle a bien saisi cela et à fin décembre 2011, pas moins 675 millions DH ont été consacrés à l'achat des médicaments, ce chiffre a été revu à la hausse en 2012 pour atteindre les 1,5 MMDH et il est prévu qu'en 2013, 2,4 milliards DH soient mobilisés dans ce sens. Ceci dit, Louardi estime que «le fait d'acheter plus ne veut pas dire automatiquement que le malade a plus d'accès mais c'est un effort colossal». Il est à souligner que ces différentes formes de soutien européen combinent un appui budgétaire axé sur les résultats des politiques et une coopération technique en appui au renforcement des capacités et à la gouvernance. «L'UE n'intervient en aucun cas dans l'établissement des différentes stratégies», précise M. Eneko Landaburu. Pour ce qui est de l'éventualité de baisse de ces aides en cause de la crise qui s'abat sur l'Europe à l'heure actuelle, ce dernier a tenu un discours plus que rassurant. Le ministère de l'éducation nationale reprend la défense de son plan d'urgence «Le ministre a répété cela à maintes reprises devant l'opinion publique et le Parlement. L'échec du programme d'urgence 2009-2012 est un scénario qui n'a jamais été évoqué!» C'est en ces propos fermes que Youssef Belkasmi, secrétaire général du ministère de l'éducation nationale, a expliqué la complexité de la réforme du système éducatif national. Selon lui, «tout programme est un ensemble d'objectifs fixés. A la fin il y a des résultats que l'on a pu atteindre et d'autres que non, malheureusement et ceci pour tout un ensemble de considérations sur lesquelles il faut absolument revenir pour pouvoir avancer». L'entité dont on parle ici, à savoir le système éducatif, comporte 7 millions d'élèves, plus de 280.000 enseignants, 10.400 établissements et 13.400 satellites. C'est donc dans un grand niveau de complexité que cette réforme a été menée. «Cette dernière s'inscrit dans le temps, nous ne pouvons toucher des résultats qu'au bout d'une décennie», note la même source avant d'ajouter, non sans amertume, «notre métier c'est l'éducation, nous aurions souhaité en tant que département, ne pas construire, ni assurer de transport, ni faire de la restauration. Toutefois nous sommes tenus de garantir l'ensemble des éléments précités en attendant qu'une prise en charge soit assignée». Le ras-le-bol de Lhoussaine Louardi Le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, veut revoir le système national de santé. «Nous sommes le seul ministère au Maroc qui veut tout faire. On délivre des soins et on traite mais on achète les médicaments, on construit et on fait de la maintenance aussi!», s'indigne-t-il. Selon lui, il est important de réussir un repositionnement institutionnel et un renforcement du ministère. «Ce département doit s'occuper uniquement des choses qu'il sait faire. Nous sommes là pour avoir un rôle régulateur. C'est-à-dire, un garant de l'accès aux soins, de la qualité de ces soins et de sa répartition harmonieuse à l'échelle nationale», note le ministre. Ce dernier insiste également sur l'importance de nouer des partenariats public-privé pour améliorer la gestion de ce secteur. «Tous ces ministères et responsables qui prétendent qu'ils vont tout résoudre par le biais du secteur public n'ont rien compris en matière de gestion». En effet, seule la construction d'un CHU mobilise plus de 3 milliards DH. Figurent ensuite les équipements médicaux comme les scanners (6 millions DH, ndlr), les accélérateurs des particules (20 MDH, ndlr) qui coûtent extrêmement cher. C'est sans ce sens que le ministre dit être «incapable de suivre les nouvelles technologies sans partenaires privés». L'UE contribue avec 300 MDH pour lutter contre l'analphabétisme Le secteur de l'éducation et de l'enseignement a eu, quant à lui, la part belle en profitant d'un appui considérable de l'Union européenne qui a apporté une contribution de 300 millions DH. L'objectif principal de ce programme est de réduire le taux d'analphabétisme au Maroc en ciblant principalement les régions qui en souffrent le plus. Il s'agit non seulement de réduire le taux mais notamment de renforcer les capacités d'intervention des ONG, d'améliorer la qualité des apprentissages et l'organisation de perspectives d'insertion sociale et professionnelle.