Des partisans de l'extrême droite brésilienne ont envahi, dimanche, le palais Planalto, siège de l'Exécutif, ainsi que celui de la Cour suprême et du Congrès, en protestation contre le retour de la gauche au pouvoir. Selon les images diffusées par des chaines de télévision locales, les fenêtres du siège de la magistrature et du Congrès national ont été brisées par les manifestants, qui occupent déjà les bâtiments des trois pouvoirs du pays. La Cour suprême a annoncé entre-temps que les forces de sécurité ont « repris » le contrôle du siège. Le président Lula Da Silva (Parti des travailleurs), investi officiellement dimanche dernier pour un troisième mandat, est en visite dans l'état de Sao Paulo (sud-est) et n'a pas encore réagi à ces incidents. Des patrouilles de la police législative, qui assure la sécurité au Congrès, ont été attaquées et les barrières qui entouraient le siège des trois pouvoirs ont été détruites par les manifestants. Par ces actes, les manifestants appellent notamment à l'intervention des forces armées pour renverser Lula, qui avait été proclamé vainqueur du deuxième tour (30 octobre), grâce à une avance de 1,8 million de voix sur l'ancien président Jair Bolsonaro (Parti Libéral, droite). La police de l'Assemblée législative et la Force de sécurité nationale, un groupe d'élite d'agents de différents Etats, ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser, sans succès, les manifestants, qui portaient des drapeaux brésiliens et certains étaient armés de bâtons. Le ministre de la Justice, Flávio Dino, qui avait autorisé samedi l'intervention de la Force de sécurité nationale avant l'arrivée dans la capitale brésilienne de dizaines de bus transportant les manifestants, a déclaré sur Twitter que la volonté des radicaux « ne va pas prévaloir ». « Cette tentative absurde d'imposer la volonté par la force ne prévaudra pas. Le gouvernement du District fédéral a assuré qu'il y aura des renforts. Et les forces à notre disposition agissent. Je suis au siège du ministère de la Justice », a-t-il souligné. Rodrigo Pacheco, président du Sénat et du Congrès national (Parlement) a affirmé : « J'ai parlé il y a peu, par téléphone, avec le gouverneur du District fédéral, Ibaneis Rocha, avec qui je suis en contact permanent. Le gouverneur m'a informé qu'il concentre les efforts de tout l'appareil policier afin de contrôler la situation. Les forces de sécurité du District Fédéral sont engagées, en plus de la Police législative du Congrès ». « Je rejette avec véhémence ces actes anti-démocratiques, qui doivent de toute urgence subir la rigueur de la loi », a-t-il ajouté, après des critiques lancé contre le manque de rigueur des autorités du District fédéral. Après l'annonce des résultats des présidentielles, des partisans de l'extrême droite ont installé des camps devant les casernes de l'armée dans plusieurs villes brésiliennes et dans de nombreux endroits ils ont campé pendant deux mois. Les événements de Brasilia en ont déclenché d'autres dans le pays, notamment à Sao Paulo, où l'Avenue 23 Mai, l'une des principales avenues de la ville, a été bloquée par des manifestants empêchant la circulation des voitures à proximité de l'aéroport de Congonhas. Bolsonaro a quitté le pays deux jours avant l'investiture de Lula pour se rendre aux Etats-Unis, où, selon la presse locale, devrait rester près de trois mois.