La sécurité et les conditions de vie meilleures constituent les principales raisons du choix du Maroc comme destination pour les migrants, indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP). « Environ un migrant sur 5 (19,1%) a choisi de venir au Maroc en raison de la sécurité qui y prévaut, 19,3% parmi les hommes et 18,9% parmi les femmes. La deuxième raison évoquée est liée aux meilleures conditions de vie au Maroc avec 18%, 17,2% parmi les hommes et 19% parmi les femmes », fait savoir le HCP dans une note sur les résultats de l'enquête nationale sur la migration forcée de 2021. Cette enquête, qui a couvert un échantillon de 3.000 migrants répartis en 2.200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d'asile, révèle que d'autres considérations sont évoquées, dont particulièrement les conseils de membres de la famille avec 10,7%, le transit par le Maroc vu sa proximité de l'Europe (10,6%), les études (7,9%), l'existence de politique d'immigration offrant plus de droits aux migrants (6,1%), la facilité de s'y rendre (4,2%) et le mariage ou regroupement familial (4%). Les raisons liées à la sécurité ou aux meilleures conditions de vie au Maroc ont été citées par environ la moitié des Syriens (47,5%) et des ressortissants de la République Démocratique du Congo (47,2%), par environ le tiers des Camerounais (35%), des Ivoiriens (33,9%), des Centrafricains (33,8%), des Sénégalais et des Guinéens (31,8%). Par ailleurs, le HCP souligne qu'une grande majorité de migrants (88,2%) sont arrivés au Maroc, pour la première fois, entre 2010 et 2021. Cette proportion est plus élevée parmi les jeunes âgés de 15 à 29 ans avec 97,8% contre 61,1% pour les adultes de 45-59 ans et 70% pour les personnes âgées (60 ans et plus). Elle atteint 91,7% parmi les migrants de sexe féminin contre 85,8% pour ceux de sexe masculin. En outre, l'enquête indique que 5,8% des migrants se trouvant sur le territoire marocain y ont résidé plus d'une fois. Cette proportion est de 27,2% parmi les adultes âgés de 30 ans et plus, de 6,5% parmi les hommes contre 4,8% parmi les femmes, de 18,8% parmi les divorcés, séparés ou veufs contre 8% parmi les mariés et 4,3% parmi les célibataires. Par pays d'origine, la proportion des migrants ayant résidé plus d'une fois au Maroc atteint 9,7% pour les Syriens et les Yéménites, 6,6% pour les Sénégalais et 3,9% pour les Camerounais. Le HCP note également que la majorité des migrants (55,3%) sont venus seuls au Maroc, les hommes, avec une part de 61,4% plus que les femmes (46,7%). La part des migrants venus au Maroc en compagnie de leurs épouses et/ou leurs enfants représente 28,5%, 33,7% parmi les femmes et 24,8% parmi les hommes. Les migrants accompagnés de leurs frères ou sœurs représentent 7,2% de l'ensemble des migrants et ceux venus au Maroc avec leurs parents en constituent 5,3%. Concernant la voie empruntée par les migrants pour rejoindre le Maroc, le HCP fait savoir que près de la moitié d'entre eux sont entrés par les aéroports (48,1%), 51,7% parmi les femmes contre 45,6% parmi les hommes. Ce sont les Yéménites qui ont déclaré avoir emprunté cette voie le plus avec 76,5%, suivis des ressortissants de la Centrafrique (73,7%), de la Côte d'Ivoire (69,7%) et du Sénégal (65,6%). La deuxième voie empruntée par les migrants se trouvant au Maroc est celle des frontières avec l'Algérie avec une part de 43,7%, les hommes (47,4%) plus que les femmes (38,2%). Les migrants empruntant le plus cette voie sont, notamment, les Camerounais avec une part de 83,9%, les Syriens (74,8%), les Maliens (62,2%) et les personnes originaires de la République Démocratique du Congo (59,5%). En troisième position, arrivent les frontières avec la Mauritanie avec une part de 7,4% attirant notamment les Sénégalais (24,3%) et les Ivoiriens (11,3%). Interrogés sur la première ville qu'ils ont traversée après avoir franchi les frontières marocaines, les migrants ont cité, en premier lieu, la ville de Casablanca, avec une part de 44%, suivie de la ville d'Oujda (40,9%). Les autres villes citées sont Dakhla (5,1%), Rabat (2,6%) et Laâyoune (1,3%). Conscient de l'importance des données sur les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des migrants pour améliorer la connaissance et la compréhension du phénomène migratoire, le HCP a entrepris, depuis 2018-2019, la réalisation d'une enquête sur la Migration Internationale. La première phase de cette opération, qui s'inscrit dans le cadre du programme de coopération MEDSTAT, mis en œuvre dans les pays du Sud de la Méditerranée, a porté sur les Marocains Résidant à l'Etranger (MRE), les migrants de retour et les intentions d'émigration des Marocains non migrants. Aujourd'hui, il s'agit de la seconde phase de cette enquête qui a concerné les migrants forcés âgés de 15 ans et plus, comprenant les migrants en situation administrative irrégulière, les migrants régularisés, les réfugiés et les demandeurs d'asile au Maroc. Elle s'est focalisée sur les migrants originaires de l'Afrique subsaharienne et d'autres nationalités forcées par les circonstances de se trouver sur le territoire marocain (Syriens, Libyens, Irakiens et autres). L'échantillon des réfugiés et demandeurs d'asile a été tiré à partir de la base de données fournie par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Celui des migrants irréguliers ou régularisés a été tiré en utilisant la méthode des quotas basée sur les structures des migrants ayant bénéficié des opérations de régularisation selon les villes, le sexe, l'âge et le pays d'origine. La collecte des données a été réalisée en combinant le mode d'interview par téléphone et en face à face, et en utilisant la méthode de collecte assistée par tablettes.