Le projet est dans le pipe depuis le début de l'année. La cession par voie boursière de 7% du capital de Maroc Telecom ne risque-t-elle pas d'être infructueuse comme ce fut le cas l'année dernière ? Difficile de le savoir. Mais la question se pose avec acuité cette fois-ci car le contexte boursier marocain est réellement déprimant. En tout cas, si c'est pour engranger du cash, le moment est mal choisi. Le ministère des Finances, qui vient de lancer l'appel d'offres, donne l'impression d'être un peu perdu, en voulant «remonter une rivière sans pagaie ». Au fond, la question est de savoir pourquoi vendre en ces temps de tempêtes sur les marchés ? Y-a-t-il une urgence nationale, comme une pénurie de liquidités, par exemple? Visiblement non ! Car le ministère de l'Economie et des Finances a bien pris soin de préciser, dans un communiqué –repris par les médias- que «le produit de ce placement sera affecté, conformément aux dispositions de la Loi de Finances 2011, à concurrence de 50 % au profit du Fonds Hassan II pour le développement Economique et social et de 50 % au profit du Fonds de promotion des investissements». L'argentier, voulant sans doute écarter tout risque d'insuccès, croit bien dire que «l'opération de cession ne sera effectivement concrétisée que si les conditions de marché le permettent». Ce qui n'est pas évident, en ces moments de doute des investisseurs et de pourriture sur les marchés. Même chez nous, les statistiques commerciales et financières pour ce premier semestre ne sont pas si roses: un double déficit commercial et budgétaire, des prévisions de croissance révisées en baisse, et un climat politique et social un peu tendu. Les autorités de tutelle ont-elles bien compris ce qui se passe devant leurs yeux ? Cela dit, l'opérateur historique, rappelons-le, a démarré depuis le mois de juin dernier un programme de rachat d'actions portant sur près de 2% du capital, à des prix allant de 135 DH (prix minimum) à 210 DH (prix maximum). Cette opération devrait durer jusqu'à fin décembre 3013. Si l'on se fiait aux chiffres, on pourrait en déduire que le prix de l'action Maroc Telecom ne pourrait au meilleur des cas dépasser les 140 DH. Le titre de l'opérateur historique n'a pas pu échapper, lui non plus, à la tendance baissière qui règne sur le marché casablancais. Outre la morosité ambiante, la modicité des résultats semestriels sont également source d'inquiétude. A fin juin 2011, Maroc Telecom affiche, pour la première fois depuis sa cotation officielle à Casablanca et Paris, en 2004, une baisse de 10% de son résultat net. Déjà en 2010, le Groupe, évoluant désormais dans un contexte fortement concurrentiel, montrait les premiers signes de fatigue: L'EBITDA (résultat opérationnel avant amortissement) réussissait une croissance limitée de 2,5% à 18,6 milliards DH pour un chiffre d'affaires consolidé en progression similaire à 31,6 milliards DH. Bijoux de l'économie marocaine, Ittissalat Al-Maghrib -IAM- est passée sous le contrôle de Vivendi. Aux termes d'un accord avec la CDG, le Groupe français a acquis 2% supplémentaires du capital de Maroc Telecom, portant définitivement sa participation de 51 % à 53 %. Pour rappel, Vivendi a acquis, le 20 février 2001, une participation de 35% de la société, dans le cadre de la privatisation, avant de s'emparer, en 2005, d'une part supplémentaire de 16% du capital. De nos jours, le capital social d'Itissalat Al-Maghrib s'élève, selon une des notes d'information, à 5.274,5 millions DH, divisé en 879,09 millions actions d'une valeur nominale de 6 DH chacune, toutes de même catégorie et entièrement libérées. Sur le marché boursier casablancais, le titre IAM demeure l'un des plus actifs de la Place et traite à un cours suffisamment gonflé. Vendre ou pas vendre, c'est une question de choix… politique.