Les rapports avec la Koutla, la majorité, la gauche, le PAM, le PJD, le « Mouvement du 20 février»… Prochaines élections : promotion de l'élite politique, alliances, circonscriptions électorales, seuil… La direction du Parti du progrès et du socialisme a exposé devant un parterre de journalistes, jeudi soir à Rabat « dans un cadre calme et serein », l'évaluation d'étape que le Parti fait de la situation politique actuelle, politique et sociale, à la lumière de la nouvelle dynamique que le pays connaît, et les perspectives. Le Secrétaire général du PPS était accompagné d'une délégation du Bureau politique, composée d'Abdelouahad Souhail, responsable du pôle économique, Amine Sbihi, chargé des élections, et Karim Taj, responsable du pôle «Communication», qui sont intervenus, tour à tour, pour présenter des précisions sur les positions du PPS sur différentes questions. Après l'analyse de la nouvelle dynamique et des grands acquis démocratiques qu'elle a permis, il a défini les conditions qui doivent accompagner le nouvel esprit de la Constitution, en matière de gouvernance étatique et de responsabilité partisane et citoyenne. Il a fait un tour d'horizon sur les impératifs de l'heure, les prochaines élections, l'éventuelle nouvelle carte politique du pays, les alliances, les rapports avec la Koutla, la majorité gouvernementale, le PJD, le PAM, la gauche, le « Mouvement du 20 février ». Le SG du PPS a également abordé le mode de scrutin, le seuil d'éligibilité, la promotion de l'élite politique, les nouvelles circonscriptions électorales, etc. et abordé les initiatives décidées par le Parti, par la relance de la concertation avec ses alliés, la campagne « portes ouvertes » qui sera une occasion pour expliquer le programme du PPS. Appel à «une nouvelle construction» Nabil Benabdallah a, tout d'abord, exprimé «la satisfaction» du PPS, à la suite du plébiscite du référendum par le peuple marocain. «Un terme plus fort que l'étape » en elle-même, surtout face aux incidences des bouleversements que connaît le monde arabe. Il a rappelé que le PPS avait «tiré la sonnette d'alarme» durant les dernières années, essoufflement des réformes oblige, en appelant à un «nouveau compromis historique et à une nouvelle construction qui s'écarte de certaines pratiques politiques, économiques et sociales». Pour le SG du PPS, il serait «aberrant» qu'«une tempête balaie tout ce qui a été construit comme chantiers dans le pays». Il a rappelé, à ce sujet, le recul et le retour sur les acquis politiques et électoraux, depuis 2007 et l'image «négative» de la transhumance donnée à l'action politique, aujourd'hui en contradiction flagrante avec le climat général et l'élan des réformes. Il a résumé les pratiques malsaines, les amalgames au niveau des alliances, au profit du «Parti authenticité et modernité, imposé aux élections de 2009» pour faire et défaire les majorités dans les communes et les régions. Ce même PAM, qui «prenait des décisions politiques, gouvernementales ou autres…». Rappelant les différentes prises de position et des documents du PPS sur la nécessité d'une nouvelle génération de réformes, il a passé en revue les initiatives faites depuis septembre 2010 en direction de la Koutla, «pour faire face à cette conjoncture critique et ne pas rester spectateurs d'une situation qu'aucun parti, à lui seul, ne peut résoudre ». Malheureusement, si « le PI avait une position de principe positive mais formelle, l'USFP est resté aux abonnés absents…». Le mouvement du 20 février Nabil Benabdallah a fait le point sur le «Mouvement du 20 février», soulignant que si « le PPS n'en fait pas officiellement partie, certains de nos camarades y ont adhéré dès le départ. Non par une prétendue opposition à la direction du Parti». Et si aujourd'hui, le Maroc a bien géré la situation, «les mutations en cours, nous les devons, en partie, à ces jeunes qui ont secoué les partis politiques, mais surtout aux partis politiques sérieux et à un Roi réformateur». «D'accord, les jeunes ont dépassé les partis politiques, qu'ils ont secoué de leur léthargie. Mais comment comprendre la poursuite des appels aux manifestations» alors que le peuple a dit son mot. Et jusqu'à quand ? Analysant l'évolution du mouvement des jeunes, il a avancé des données statistiques sur sa composition, en affirmant qu'entre 80 et 90 % du mouvement sont représentés par des membres d'Al Adl wal Ihsane, 5 à 10 % d'Annahj et des formations du PSU », tout en s'interrogeant sur le référentiel de l'association de cheikh Yassine. Il conclura ce volet par l'affirmation que « Al Adl, pour ne pas sortir dans les manif en tant que tel, utilise le label du Mouvement du 20 février» pour masquer cette vérité. Pour ce qui est du Parti socialiste unifié, Benabdallah rappellera l'envoi d'une lettre, en septembre 2010, l'appelant à une alliance dans l'action, restée sans réponse. Mais «l'attitude du PSU, qui s'est depuis plus radicalisée, sur la Constitution rend difficile notre appel à l'alliance». Remercions Dieu, dira-t-il, les choses auraient pu «évoluer autrement, avec des scénarii proches de ceux que vivent la Tunisie, l'Egypte, ou encore pire comme ce qui se passe en Libye et au Yémen». Et à ceux qui taxent la nouvelle constitution d'être «octroyée», Nabil Benabdallah répond que «SM le Roi aurait pu confectionner un projet et le soumettre à référendum », comme cela s'est fait pour les constitutions précédentes. Il a insisté sur le fait qu'au dernier moment du fameux jeudi, «le Mécanisme politique a pu encore amender le texte présenté par la Commission consultative de la réforme de la Constitution, plus particulièrement deux points, sur proposition notamment du PPS. Il s'agit de la question de la parité et de la représentativité des syndicats à la Chambre des conseillers». Il ajoutera, dans le même chapitre et à titre comparatif, que seuls deux points proposés par le PPS n'ont pas été retenus : l'abolition de la peine de morts et la liberté du détenu, alors que 92 à 93% des propositions de l'extrême gauche ont été pris en considération dans la mouture finale du projet constitutionnel». S'agissant du plébiscite référendaire, il a fait remarquer qu' »aucun parti politique ou syndicat n'a appelé à voter «NON» et que les 126 000 voix qui ont refusé le projet font partie du peuple et c'est la démocratie ». Le PJD, un rapprochement conjoncturel et objectif Le Secrétaire général, répondant à une question, a estimé que «le PJD et le PPS ont été les deux seuls partis ayant fait face, quand nous luttions contre les pratiques et les menaces du PAM». «Naturellement, dans une conjoncture particulière, qui a créé un rapprochement objectif entre les deux formations, qui ne concerne pas le projet de société. La direction du PPS avait décidé d'entrer en contact avec le PJD, les partis alliés et le PAM pour les sensibiliser à la nécessité de revenir à des pratiques saines et à l'esprit des réformes. Le PJD était le premier parti à avoir répondu positivement et nous avons rencontré le Parti de l'Istiqlal avant lui…». La démarche du Parti est justifiée également par le fait que le PJD «est présent sur le terrain et peut avoir des positions positives». La «pression» de la nouvelle Constitution Aujourd'hui, note Benabdallah, le Maroc «a besoin d'une large majorité, la plus large possible pour éviter les dérives et construire le pays». La Koutla démocratique demeure, pour le PPS, «la seule force qui peut constituer l'ossature du prochain gouvernement. Car aucun parti ne pourra dépasser 16% et la Koutla peut rassembler, avec le FFD et le PT, jusqu'à 40% des voix et se verra obligée de nouer des alliances avec des partis de l'actuelle majorité gouvernementale. Il a rappelé que le PAM, malgré ses anciens soutiens, n'a pas pu dépasser les 16% aux dernières communales. Le SG du PPS estime, dans ce sens, que «la pression de la Constitution aidera à avoir une meilleure visibilité, puisqu'une douzaine de partis pourront avoir un peu plus ou moins de 3% des voix. Mais «il serait dommage pour la démocratie que l'extrême gauche ne soit pas représentée au niveau des institutions». Sur les suites à donner à la nouvelle Constitution, il a souligné que «la volonté politique du pays pousse à l'optimisme et que, normalement, nous nous dirigeons vers des élections transparentes et honnêtes. Le pays ne peut tout détruire avec le retour à des élections contestées. Pour cela, il faudra un changement au niveau de l'autorité territoriale, par l'éviction de certains walis et gouverneurs nommés sur intervention du PAM, et la mise en place d'un processus électoral transparent». Parallèlement, poursuit Nabil Benabdallah, il faudra interdire et combattre «l'argent politique» et «trouver des solutions pour bannir les interférences dans les scrutins, avec des listes électorales saines et transparentes, le vote par la carte nationale comme base et de circonscriptions électorales plus importantes pour minimiser l'intervention de l'argent et des pratiques malsaines, tout en assurant la représentation des élites politiques». Promotion de l'élite politique sérieuse Pour la Chambre des représentants, le PPS «propose une liste nationale où les élites et les potentialités politiques constituent entre le tiers et 40% de l'ensemble des élus ». La garantie de ce pourcentage sera une parade efficace contre les « fraudeurs » et un apport qualitatif au débat sur les grandes questions du pays. Ces mesures «ouvrent la porte à aller plus loin et à nous diriger vers octobre comme rendez-vous consensuel pour les législatives, sinon nous n'irons pas les yeux fermés …», affirme le leader du PPS. Car, « l'on ne peut pas mettre la nouvelle constitution au frigo pendant une année et continuer l'action parlementaire, exécutive et partisane avec une perception négative des Marocains. Soyons conscients de l'étape ascendante. Il nous importe de faire primer l'intérêt du pays sur l'intérêt partisan. Le processus électoral (législatif, communal….) qui nous attend est long et le pays a besoin de réformes, profondes et globales, urgentes ne doit pas aller à contre courant». « Les partis politiques auront une visibilité d'ici fin juillet. Attendons quelques jours pour voir s'il y a consensus et je suis optimiste, affirme Nabil Benabdallah, qu'il y a une volonté politique pour organiser des élections sans précédent, en invitant la presse et les citoyens à « se comporter positivement ». La fin de la rencontre a été consacrée à l'initiative du PPS, « portes ouvertes », qui sera lancée prochainement et dont l'objectif est d'expliquer aux citoyens les nouvelles avancées du pays, les perspectives et de renforcer les rangs du Parti, qui s'adressera aux ONG actives dans divers domaines et aux citoyens pour être une « force porteuse de leurs rêves et aspirations ». Signalons que Abdelouahad Souhail, Amine Sbihi et Karim Taj sont intervenus, à plusieurs reprises, pour compléter le point de vue du PPS sur les sujets et les questions abordés.