Alger vient de conclure avec Berlin un contrat d'une dizaine de milliards d'euros pour l'achat de matériel militaire sophistiqué. Le Conseil de sécurité du gouvernement allemand a déjà donné son accord pour valider une telle transaction. Selon l'agence de presse Reuters, citant une source industrielle qui a requis l'anonymat, le contrat est étalé sur dix ans et porte sur le développement de plusieurs volets. Pour l'heure, les locataires du Palais d'El Mouradia n'ont rien révélé sur le contenu de cette transaction. Mais, des sources rapportées par la presse algérienne ont fait état que les groupes allemands Rheinmetall, MAN et Daimler vont se charger de procurer à l'armée algérienne des blindés de transport Fuchs, des camions tout-terrains nec-ultra. Par ailleurs, la société ThyssenKrupp va s'occuper de la modernisation de la marine militaire algérienne en lui procurant des frégates de guerre. Pour les spécialistes, il s'agit du plus important contrat réalisé en Afrique du nord ces dernières années. Soulignons qu'il y avait une course acharnée entre l'Italie et l'Allemagne pour décrocher ce marché. Par une telle opération, l'Algérie veut confirmer son leadership en Afrique en matière d'armement. Les rapports émanant des organisations internationales font état que 48% des achats d'armes dans le continent noir se font uniquement par l'Algérie. Et à en croire le rapport de l'Institut international de recherche de Stockholm pour la paix(Sipri), couvrant la période 2006-2010, nos voisins de l'Est figurent parmi les Top 10 des acheteurs d'armes au monde. Autrement dit, les militaires algériens se sont procuré presque 3% des armes vendues annuellement dans le monde. Cette tendance a été confirmée la semaine derrière, avec un autre contrat signé avec la société Russia United Shipbuilding Corporation et l'exportateur d'armes russe Rosoboronexport pour l'achat de deux corvettes de type Tigre et ce lors du Salon naval de Saint-Pétersbourg. Notons aussi que l'Algérie, à elle seule, représente 13 % des ventes d'armes russes sur la période 2006-2010. Rappelons que ces dernières années, l'Algérie a multiplié les achats de matériels militaires. Le plus récent en 2009 avec les USA pour un montant de 2,5 milliards de dollars portant sur l'acquisition d'avions de combat, de drones et de missiles. Les négociations entre les deux parties, selon le quotidien algérien Al Khabar, se sont déroulées dans un pays du Golfe. Des observateurs et des analystes stratégiques pensent que l'Algérie pourrait être motivée dans cette frénésie à l'armement, du moins en façade, par sa volonté de se donner les moyens de combattre efficacement les bases d'AQMI qui foisonnent au large du Sahel à la lisière du désert algérien. Mais il ya aussi ceux qui voient dans cette course à l'acquisition d'armements sophistiqués la volonté de l'oligarchie militaire algérienne de se doter d'arguments forts dans la gestion des équilibres géostratégiques dans la région. Le but ultime étant, pour l'Algérie, de s'assurer une posture plus avantageuse par rapport au Maroc en termes de rapports de forces. D'autres analystes considèrent que les conséquences du printemps arabe n'ont pas fini de produire leurs effets sur la rue algérienne. Les manifestations de crises sociales et de ressèment de l'étau sur les franges les plus fragiles, que sont les jeunes, constituent une véritable poudrière pour le régime algérien. Pour l'heure l'option de la force dans la négociation de ce virage dans la vie du peuple algérien est la plus probable pour Alger.