Najat Anwar, présidente de l'association «Touche pas à mon enfant», appelle les autorités compétentes à remplir leur devoir pour que le voile soit levé sur l'affaire de pédophilie évoquée par l'ex ministre français de l'éducation, Luc Ferry. Abondant dans le même ordre d'idées, Najat Anwar revendique le droit à une justice impartiale pour que ce genre de pédo-criminel soit châtié par des peines d'emprisonnement les plus lourdes. Al Bayane : Comment avez-vous reçu cette déclaration de Luc Ferry, l'ex ministre français de l'éducation sur la chaîne Canal Plus, affirmant qu'un ancien ministre français ait été attrapé en flagrant délit « en partouze avec des enfants mineurs à Marrakech ? Najat Anwar : en tant que présidente de l'association «Touche pas à mon enfant» et aussi en tant que maman, j'étais vraiment choquée, voire traumatisée par la manière dont un ministre français a évoqué le sujet sur la partouze où les victimes sont des petits enfants marocains. Il faut que Luc Ferry sache qu'au Maroc, il y a une société civile fortement soutenue par la presse, qui essaie par tous les moyens à veiller, voire militer acharnement pour que cela n'arrive point à nos enfants. Nous revendiquons en tant qu'association pour que ce genre de pédo-criminel soit châtié par les peines d'emprisonnement les plus lourdes. Notre référence reste le jugement exemplaire rendu par la justice marocaine dans l'affaire de pédophilie ayant eu lieu à Kenitra. La Cour d'appel de Kenitra a donné l'exemple en condamnant le retraité espagnol à 30 ans de prison pour abus sexuels sur une dizaine d'enfants. Quelle a été votre première réaction dans cette affaire ? D'abord, je dois souligner que les petits enfants marocains ont droit à une protection aussi solide que celles des petits enfants européens. Nous ne pouvons que dénoncer cet acte criminel. Quant à notre réaction, nous avons rendu public un communiqué où nous dénonçons cet acte abject. Mais le plus important, c'est qu'aujourd'hui et via l'avocat de l'association, Moulay Mustapha, nous allons déposer ce vendredi une plainte contre X auprès de la Cour d'appel de Marrakech. Pensez-vous que cette démarche peut être crédible sachant que Ferry a refusé de livrer le nom de l'ex- ministre français accusé de pédophilie ? C'est aux autorités compétentes de faire leur boulot afin que le voile soit levé sur cette affaire. Je pense que le fait de ne pas révéler le nom du coupable constitue une offense à tous les enfants du Maroc. C'est comme si les propos de Ferry indiquent implicitement que tout est permis au Maroc. Nous refusons catégoriquement cette vision de mépris. Avez-vous la certitude que l'action que vous engagez puisse avoir de l'effet ? Nous ne ménagerons aucun effort pour que justice soit rendue. Notre association compte également porter plainte devant la justice française, via son avocat Maître Chevet qui se porte en tant que partie civile. Nous avons décidé d'aller jusqu'au bout pour connaître la vérité et rien que la vérité tout en souhaitant que la justice tranchera en faveur des enfants victimes de cette affaire. Ainsi, nous aspirons au Maroc à une justice égale ou meilleure que celle de la France, tout en mettant l'accent sur le fait que nous refusons d'être impliqués dans tout jeu politique pré-électoral français. Avez-vous pensé à recourir à la solidarité avec des ONG françaises dans cette nouvelle bataille contre la pédophilie ? Notre association a déjà des relations étroites avec des ONGs françaises. L'association « touche pas à mon pays » a entamé des contacts dans ce sens pour élaborer une stratégie de lutte, notamment avec « La voix de la France ». Quel est selon vous l'ampleur de ce phénomène chez nous ? Le tourisme sexuel est cantonné dans certaines villes touristiques et nous refusons absolument que le Maroc devienne une destination sexuelle. Notre combat nous le menons aussi contre ces pédo-criminels pour que notre pays soit attrayant par ses richesses culturelles - géographiques et non pas par ses enfants innocents ou mal- protégés. Depuis que les affaires de pédo-criminalité sont devenues de plus en plus médiatisées et que notre action ait été mise en avant, nous avons pu constater que ce problème soulève beaucoup de réactions. Depuis le début de l'année 2006, nous avons eu 3 Allemands et 1 Belge jugés et condamnés à Agadir, et 1 Hollandais et un Français jugés et condamnés à Marrakech. Avec une augmentation des entrées touristiques de 20 % par an, nous avons constaté aussi une augmentation du tourisme sexuel touchant aussi nos enfants. La pédophilie était protégée par la « Hchouma « et le « Qu'en dira ton ? «, ainsi, il nous est difficile d'énoncer des statistiques significatives sur la dimension ou l'ampleur de ce phénomène tragique. Seulement nous avons constaté en tant qu'association que les gens commencent à émerger en nous contactant et en dénonçant ces actes. La dimension de ce phénomène monstrueux est beaucoup plus importante qu'on ne le croit. Nous nous sommes portés partie civile aux côtés des victimes des pédophiles marocains et des pédo-criminels dans plus de 45 affaires. Aussi, plus d'une dizaine d'autres procès sont en cours à travers le Maroc de Tanger à Dakhla. Est-ce que vous comptez demander au gouvernement marocain de s'impliquer dans cette affaire ? Le gouvernement marocain doit bouger pour éclaircir l'opinion publique sur cette affaire. On ne peut permettre ce comportement dans notre pays. Et nous disons à haute voix : notre pays ne doit pas être une destination des pédophiles.