Pauvres concombres espagnols que certains se sont empressés d'accuser à tort de tous les maux et que l'on a désigné comme étant responsables de plus de quatorze morts et de l'infection de plus de six cent personnes en Allemagne. Si l'on sait désormais qu'une espèce rare de la bactérie E. coli est à l'origine de l'épidémie de diarrhées mortelles en Allemagne, celle-ci n'a toutefois pas été trouvée dans les concombres importés d'Espagne, et la source de cette contamination “sans précédent” n'a pas encore été découverte, a annoncé mardi 31 mai la Commission européenne. Mais alors d'où viennent ces bactéries tueuses ? C'est à cette question que tente toute l'Europe de répondre. En effet, on ne sait pas exactement quel est l'origine exacte de ces bactéries responsables de l'épidémie d'E.coli entéro-hémorragique (Eceh) qui s'est abattue sur le nord de l'Allemagne ? La question est d'autant plus ouverte et inquiétante que les analyses réalisées outre-Rhin n'accréditent plus la thèse des concombres espagnols, alors que la maladie a déjà fait a priori seize morts (15 en Allemagne, 1 en Suède). La piste des crudités reste privilégiée mais pour connaître l'origine de l'épidémie, il faut trouver la même bactérie sur l'aliment et sur le patient. Pour le moment, on n'a pas encore trouvé de correspondance. La piste du concombre espagnol n'est peut-être pas la bonne. La bactérie trouvée sur le concombre et celle responsable de l'épidémie ne sont pas les mêmes à l'heure actuelle. Il existe plusieurs formes d'E. coli. On ne sait plus, on fait un pas en arrière. Tout est à recommencer Le résultat des recherches menées jusqu'ici est décevant. A Hambourg, la ville allemande la plus touchée avec près de 600 cas suspects, la sénatrice en charge de la Santé a annoncé que les bactéries analysées la semaine passée, sur deux des quatre concombres contaminés, ne correspondent pas à celles prélevées dans les selles des malades, rapporte l'hebdomadaire «Die Stern». C'est elle, jeudi, qui avait pointé du doigt les concombres importés d'Andalousie. «La source de l'intoxication n'a toujours pas été identifiée», a-t-elle poursuivi. D'autres analyses sont en cours, y compris dans les circuits de distribution. Même son de cloche à Bruxelles : «L'identification de la source est une priorité absolue» a annoncé mardi soir le commissaire européen chargé de la Santé, John Dalli, à l'issue d'une réunion d'experts des 27 Etats membres. Il a confirmé que l'origine de l'épidémie est une espère rare de la bactérie, l'E.coli 0104 et il estime que le nombre de nouveaux cas semble décliner. Il a toutefois invité les autorités de tous les Etats de l'UE à demeurer «vigilantes». L'épidémie a été inscrite à l'ordre du jour de la réunion des ministres de la Santé de l'UE, lundi prochain à Luxembourg. Elle est une espère rare de la bactérie, l'E. coli 0104, a précisé la commission. Mais cette souche de la bactérie n'a pas été trouvée au cours des tests réalisés en Allemagne sur des concombres importés d'Espagne incriminés comme une des sources possibles de la contamination, selon le communiqué. L'épidémie d'E. coli entérohémorragique (Eceh) est considérée comme “un épisode sans précédent”, mais les bilans des victimes divergent entre la commission et l'Allemagne, foyer de l'épidémie. La commission a annoncé mardi soir neuf décès en Allemagne et un décès en Suède. Dans la matinée, le bilan de la commission était de 3 décès en Allemagne. Les autorités allemandes font, elles, état de 15 décès et de 373 cas suspects. L'origine de l'épidémie est une espèce rare de la bactérie, l'E. coli 0104. Or cette souche n'a pas été trouvée au cours des tests réalisés en Allemagne sur des concombres importés d'Espagne incriminés comme une des sources possibles de la contamination. La bactérie E coli est présente dans le tube digestif des ruminants et se répand dans l'environnement par les matières fécales. La contamination des légumes et des crudités se fait par épandage de fumier, par arrosage avec de l'eau contaminée mais aussi lors de la proximité de ruminants des cultures. La contamination humaine se fait elle par ingestion d'un aliment touché. Elle peut aussi se produire lors d'un contact avec un ruminant mais aussi par contact avec une personne malade. Ces deux derniers modes de transmission ne peuvent pas expliquer l'épidémie actuelle. La piste privilégiée reste celle des crudités mais je vous le répète, on n'a pas encore trouvé ni l'aliment concerné, ni son lieu d'origine : les distributeurs opèrent désormais sur de très longues distances. Ce dont on est sûr pour le moment, c'est que chaque personne touchée en Europe a eu un lien avec l'Allemagne. Les femmes adultes plus touchées L'infection de base se manifeste par un tableau clinique de gastro-entérite aiguë maux de ventre, vomissements, diarrhée qui peut être sanglante”, souligne le docteur Lisa King, épidémiologiste à l'Institut de Veille sanitaire (InVS). Cette infection peut se traiter en cinq à sept jours. Mais dans certains cas, elle évolue vers une forme sévère, appelée syndrome hémolytique et urémique (SHU). Le SHU affecte le sang, les reins et, dans les cas graves, le système nerveux central. Il se manifeste notamment par une insuffisance rénale et une anémie, une dizaine de jours après la contamination. “Ce qui est inhabituel dans le cas de cette épidémie, relève l'épidémiologiste de l'InVS, c'est qu'elle touche principalement des femmes adultes en bonne santé, alors que le SHU touche souvent des jeunes enfants et des personnes âgées.” En effet, selon les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, 67 % des personnes touchées par l'épidémie allemande sont des femmes adultes. Autre particularité : la souche bactérienne paraît particulièrement virulente. Habituellement, entre 5 et 10 % des personnes contaminées par une bactérie entérohémorragique développent un SHU. Or, dans le cas des contaminations récentes, près d'un quart de celles-ci dégénèrent en SHU. Finalement dans cette histoire de concombre on peut retenir deux choses essentielles : 1er / Aucun pays n'est à l'abri d'une épidémie quels que soient ses moyens, ses capacités , sa technologie ou ses richesses 2em / On a souvent tort de vouloir toujours faire porter le chapeau à ceux qui sont en position de faiblesse pour mieux les exploiter par la suite .Cela devrait faire réfléchir nos voisins ibériques . En tous les cas nous sommes contents que leurs concombres ne soient pour rien dans cette douloureuse affaire de légumes.