Des militantes de trois pays arabes où la transition démocratique est enclenchée ont dit vendredi à Rabat, l'urgence qu'il y a à mettre à profit les synergies libérées par le mouvement d'accélération de l'histoire dans le monde arabe afin de faire avancer la question de l'égalité de la femme. Cet appel a été lancé par l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) et la coalition régionale «égalité sans réserve», au cours d'un séminaire sur la question des «transitions démocratiques et (de) l'agenda de l'égalité et de la parité dans les pays arabes». Les représentantes du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte qui ont porté ce message, ont également invité à la coordination des actions des mouvements égalitaristes au niveau de la région MENA. Ce séminaire auquel ont également participé des déléguées de Jordanie, du Liban , de Syrie et des officiels et des intellectuels marocains, a posé la question de la stratégie des mouvements féministes au moment où les dynamiques du printemps arabe ouvrent de nouvelles perspectives aux droits des femmes et à l'égalité des genres. Il y a d'autant plus urgence à insérer les attentes des femmes dans le processus de démocratisation dans la région qu'il est à tout point de vue nécessaire, et que les occasions perdues et les politiques de rattrapage risquent de coûter à la société et de retarder sa marche vers le progrès. Car, ont estimé les participantes, «la consécration des principes de liberté, de dignité et d'égalité entre les sexes est une condition sine qua non pour l'instauration de la démocratie et des droits de l'homme». Le séminaire qui conçoit donc l'égalité des genres comme une partie essentielle des droits de l'Homme, a fait grand cas de la conformité des pratiques nationales aux conventions internationales instituant le principe d'égalité et de non-discrimination. Il a également appelé les femmes à consolider leurs droits civils, économiques et politiques comme il les a pressées de militer pour l'égalité dans l'exercice de la citoyenneté et la pleine participation des femmes à la vie politique, de manière à garantir «un projet démocratique cohérent, juste et pérenne». Outre la mise en exergue de l'urgence de l'action pour la promotion des droits des femmes à l'égalité-parité et pour leur inscription à la constitution au moment où son amendement est en projet dans nombre de pays de la zone MENA, ce séminaire a aussi été une invite à la prise de conscience. Car, à une exception près, est-il dit, aucun Etat arabe -quand bien même il aurait ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes (CEDAW)-, n'en a ratifié le Protocole facultatif, pourtant «outil indispensable pour la mise en œuvre effective de la convention et la lutte contre les violations individuelles et collectives des droits des femmes et (contre) les violences à leur égard». Remarque qui avait été anticipée par la ministre de la Famille, du développement social et de la Famille qui a déclaré l'intention du Maroc d'adhérer au protocole très prochainement. Nouzha Skalli a par ailleurs considéré que c'était là une démarche logique par rapport aux progrès réalisés par le Royaume dans le domaine de l'égalité des genres. Elle a donc rappelé les acquis engrangés depuis les années quatre-vingt dix du siècle dernier et cité entre autres la refonte du code de la famille, le code de la nationalité et l'accès des femmes aux postes de responsabilité, en particulier, depuis les législatives de 2002 et les locales de 2009 et, l'institution du quota. La ministre a également mis en exergue un certain nombre d'autres réalisations telles que la stratégie contre la violence faite aux femmes, la promotion de l'égalité, la caisse de solidarité familiale… Tous progrès a-t-elle dit, inscrits à l'ancienne génération de réformes et qui confortent la nouvelle phase d'ouvertures que sont la régionalisation avancée, le Conseil économique et social, le Conseil national des droits de l'Homme, l'Instance de lutte contre la corruption… Pour sensibiliser à la question de l'adhésion au protocole, le séminaire a émis l'appel de Rabat .Destiné à toutes les forces de progrès dans la région et dans le monde, il y sollicite leur soutien à sa campagne régionale pour promouvoir «l'égalité effective et sans réserve entre les hommes et les femmes». A ceux qui y veulent répondre, il propose cette adresse : http://rabatcall.epetitions.net