La cinéaste marocaine Leila Kilani s'est dite “extrêmement fière” et “émue” de représenter le cinéma marocain au festival international de Cannes, à travers son film “Sur la planche” dont la projection a eu lieu jeudi dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. “Je suis extrêmement fière que mon film porte la bannière du Maroc dans cette section non compétitive du festival de Cannes” qui vise à faire découvrir les œuvres de jeunes auteurs et à saluer le travail de réalisateurs reconnus, a-t-elle confié à la MAP. Leila Kilani, dont la carrière cinématographique a débuté dans le documentaire, s'est dite très honorée que sa première fiction “Sur la planche” soit sélectionnée cette année à Cannes où le cinéma marocain a d'ailleurs été toujours présent, à la faveur de la dynamique de la production cinématographique nationale boostée par “un volontarisme très fort de faire des films d'une extrême liberté et d'une grande exigence”. Ce long métrage, qui a bénéficié de l'avance sur recettes du Centre cinématographique marocain (CCM), est inspiré d'un fait divers relaté en 2005 par la presse marocaine qui évoquait alors un nouveau trend: “la féminisation de la criminalité”, avec une bande de filles qui “repéraient des mecs dans les cafés et les dévalisaient”. Si le côté “réel” de l'histoire est conservé, la réalisatrice marocaine, elle-même scénariste du film, assure que le phénomène y est traité “d'un point de vue subjectif” puisqu'elle a choisi de mettre en avant le côté humain de la bande constituée de quatre jeunes femmes de 20 ans, ouvrières dans une usine de crevettes et de textile à Tanger. “Un véritable quatuor, les personnalités des filles étant complémentaires, avec des singularités très fortes”, dit-elle. Présenté sous forme d'un polar, le film relate “l'histoire d'une fraternité entre une jeune bande qui travaille et traverse la ville: Du jour “de l'usine à crevettes au port ou de l'usine à textile en Zone franche” à la nuit aux maisons de bord de plage”. “L'univers hétéroclite des filles est mal défini. Le temps est rare. L'espace est rare. Le sommeil est rare. Un rythme effréné. Elles courent dans la ville. Leur obsession : bouger”. Soufia Issam, Mouna Bahmad, Nouzha Akel et Sara Betioui campent les rôles principaux dans cette mise en scène qui s'annonce comme un “film noir sous les auspices conflictuels du rêve du mondialisme”. Née à Casablanca en 1970, Leïla Kilani a suivi des études supérieures en économie à Paris avant de se consacrer à l'histoire. Après une brève expérience dans le journalisme, elle s'est orientée vers le documentaire en 2000 avec des films très remarqués (Tanger le rêve des Brûleurs, Nos lieux interdits) avant de réaliser “Sur la planche”, son premier long métrage de fiction (coproduction Maroc/France/Allemagne). Il a déjà été primé en septembre, lors de la 6e édition du “Cinéma en Mouvement” du Festival international de Saint-Sébastien, en Espagne. S'agissant de ses projets, la réalisatrice a prévu de filmer deux autres fictions, dont les événements se dérouleront respectivement à Rabat et à Paris, ainsi qu'un documentaire en Egypte, à la lumière des bouleversements en cours dans le monde arabe. La Quinzaine des Réalisateurs, à laquelle elle participe à Cannes, se veut “indépendante, libre et non compétitive”. Elle propose dans le cadre du 64-ème festival de Cannes (11-22 mai) une sélection distincte, ouverte à toutes les formes de création cinématographique, y compris les longs et courts métrages de fiction et les documentaires. Le 7ème art marocain est également présent dans la sélection officielle du festival de Cannes à travers le film franco-marocain “La source des femmes”, du réalisateur roumain Radu Mihaileanu, dont le tournage s'est déroulé au Maroc. Cette participation intervient après la présence, en 2003, du film “Mille Mois” de Faouzi Bensaidi à la section “un certain regard” et du film “Les Yeux Secs” de Narjiss Nejjar à la section “la quinzaine des réalisateurs”.