“On ne pourra pas avancer dans la lutte contre la corruption si, en parallèle, la réforme de la justice n'est pas mise en œuvre”, a affirmé le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), M. Abdesselam Aboudrar. Dans un entretien au quotidien “le Matin du Sahara et du Maghreb”, publié lundi, M. Aboudrar a relevé qu'”on n'a pas besoin de compagnes d'assainissement occasionnelles, mais d'une justice qui fonctionne bien”. Il a rappelé que la Cour des comptes “a mis le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements qui doivent suivre leur cours”. En ce qui concerne la révision du cadre juridique de l'ICPC, M. Aboudrar a souligné que ce projet permettra de changer le positionnement de l'instance pour le rendre “plus clairement indépendant de l'Exécutif avec une autorité morale supérieure”. Ainsi, ajoute-il, les prérogatives seront plus élargies et “l'Instance ne se contentera plus d'enregistrer les plaintes et de les transmettre à l'autorité juridique, mais elle prendra part également à certaines investigations et marquera avec plus de force son droit d'accès à l'information”. L'instance sera aussi dotée des moyens humains et financiers ainsi que des mécanismes juridiques pour exercer certaines prérogatives qui lui sont déjà accordées comme la supervision de la mise en œuvre des stratégies, le suivi, l'évaluation et la coordination, poursuit-il. Au niveau juridique, “un point important est en cours de discussions”, à savoir la protection des victimes, des témoins et des dénonciateurs, a-t-il indiqué, soulignant que “pour que les gens puissent oser, il faut qu'ils soient protégés”. Revenant sur la conjoncture actuelle que vit le Maroc, le président de l'ICPC a souligné que “c'est un contexte très prometteur, dans la mesure où l'on assiste à une accélération des réformes”. “Le chantier de la révision de la constitution est important car c'est ce qui trace le terrain d'action, a-t-il noté. Maintenant, c'est aux différents protagonistes de donner un contenu à ces réformes, conclut-il.