Abass El Fassi s'est départi de l'attitude observée lors du dialogue social en 2009 quand il avait décidé, face au refus des syndicats pour « insuffisance », l'application des décisions du gouvernement (augmentation du SMIG et des allocations familiales, baisse de l'IGR, etc.). Cette année, après une pause en 2010 et pression de la rue oblige, le Premier ministre a lâché du lest. Il a revu à la hausse l'offre gouvernementale. Selon un communiqué de la Confédération démocratique du travail, lors de la réunion de lundi, Abass El Fassi a amélioré ses propositions et un communiqué commun gouvernement-syndicats était prévu hier. Selon plusieurs sources syndicales, en plus des divers points de l'offre du gouvernement qui répondent aux revendications syndicales, les principaux points d'accord se situent autour de l'augmentation générale de 600 DH des salaires des fonctionnaires et du personnel des collectivités locales, du SMIG (10 % en juillet et 5% en janvier prochain), de la promotion interne, de la pension minimale de la retraite dans les secteurs public et privé, qui passe de 600 DH actuellement à 1000 DH à partir de juillet 2011. Sans parler de la ratification de conventions internationales sur la liberté syndicale, la protection sociale et l'organisation des travailleurs agricoles, qui, en fait, ne nécessitent pas une enveloppe financière. Il faudra signaler qu'Abass El Fassi a fait un effort en matière de gestion des négociations. Dans un premier temps, dans le cadre d'une batterie de mesures en 17 points, il avait proposé une augmentation générale de 500 DH dans la Fonction publique et un rehaussement de 10% du SMIG, face aux syndicats qui réclamaient, respectivement, 700 à 800 DH et 30 %. La première offre du gouvernement a été jugée insuffisante et le Premier ministre, dans un souci de faire aboutir le dialogue, a fait deux nouvelles propositions en matière d'augmentations des salaires : 600 DH pour les fonctionnaires de l'échelle 5 à 9 et 400 DH pour l'échelle 10 et plus, d'une part, et un appel à la CGEM de consentir à une augmentation de 15% (au lieu de 10%) du SMIG. Mais depuis vendredi dernier, face aux syndicats qui ont maintenu leurs positions, Abass El Fassi était obligé de composer et de revoir sa copie, en réaménageant son offre tout en l'étoffant légèrement. Hier, les cinq centrales syndicales devaient avaliser, au niveau des instances dirigeantes, l'accord de principe sur les résultats du dialogue social avec le gouvernement. Aussi, si l'on croit les premières impressions, les leaders syndicalistes semblent « globalement » satisfaits des nouveaux acquis, obtenus à la veille du Premier Mai. Ces résultats peuvent donner un coup de fouet à la mobilisation pour les défilés lors de la Fête internationale des travailleurs, dimanche prochain, qui sera, certainement, confortés par la présence de la jeunesse, sortie de sa léthargie à la faveur des soulèvements arabes pour la liberté et la démocratie. 11 nouveaux acquis pour les travailleurs - Une augmentation générale de 600 DH pour l'ensemble du personnel de la Fonction publique et des collectivités locales, décision applicable à partir du premier mai 2011 ; - Augmentation du SMIG en deux temps : 10% à partir de juillet 2011 et 5% à partir de janvier 2012, avec l'engagement du patronat à généraliser ces mesures à l'ensemble des salariés ; - Uniformisation du SMIG et du SMAG (agricole) au cours des trois prochaines années ; - Augmentation du quota de la promotion interne, actuellement de 28%, à 30% à partir de juillet 2011 et 33% à partir de janvier 2012 ; - Le seuil pour prétendre à la promotion interne est fixé à 5 ans, en principe, à partir de juillet 2011 et sur la base des conditions en cours ; - La promotion, hors quota, de toutes les personnes ayant attendu cinq années après avoir répondu aux critères et conditions de la promotion ; - Retour à l'acquis du personnel des collectivités locales consistant en une promotion après 5 années d'ancienneté, au lieu de 10 années - Mise en place d'un nouvel organigramme de la promotion interne ; - Baisse des factures d'électricité à partir de juillet 2011 pour les consommations limitées ; - Engagement du gouvernement d'auditer l'ensemble des Mutuelles ; - Passage de la retraite minimale à 1 000 DH pour les retraités des secteurs public et privé (actuellement d'une valeur de 600 DH) ; - Adoption des conventions internationales n° 87, relative à la liberté syndicale, n° 102, concernant la protection sociale et n° 141, relative à l'organisation des ouvriers agricoles ;