Lors de la réunion samedi à Washington de la 83è session du Comité de développement de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, a souligné l'intérêt de renforcer les ressources en faveur des pays en développement afin de les aider à faire face aux risques liés à la situation de l'après crise économique mondiale. M. Mezouar a appelé la Banque mondiale à aider les pays en développement et améliorer les conditions de réalisation des objectifs de développement. Car, a-t-il relevé, la reprise demeure fragile d'autant plus que la situation d'instabilité et d'insécurité qui frappent ces pays, conjuguée à la volatilité croissante et à la flambée des cours des matières premières, mettent à rude à épreuve les objectifs de développement. M. Mezouar, en sa qualité de Gouverneur de la BM représentant le Groupe constitué de l'Afghanistan, l'Algérie, le Ghana, l'Iran, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie, a relevé que si le contexte de l'après crise reste marqué par une reprise prononcée et différenciée de l'économie mondiale, cette reprise reste, toutefois, insuffisante pour pouvoir contribuer à la résorption du chômage, comme elle reste porteuse de risques liés aux pressions inflationnistes et aux crises de dettes souveraines. Le ministre a dans ce sens appelé la Banque mondiale à jouer un rôle important dans la réponse de la communauté internationale à la situation de crise, et à aider les pays en développement à faire face à ce nouveau contexte et à se préparer aux nouveaux chocs, pour améliorer les chances de réalisation des objectifs de développement. Au cours de cette session, qui se tient dans le cadre des Réunions du printemps du FMI et de la BM, M. Mezouar a également rappelé que les pays en développement ont participé activement à la reprise de l'économie mondiale et se sont confirmés, de par le dynamisme et la résilience de leurs économies, comme moteur de la croissance mondiale et ce, en puisant sur leurs marges budgétaires et monétaires constituées au prix de larges efforts consentis sur plusieurs décennies. Créer des filets de protection sociale Il a souligné, à cet égard, que les stratégies d'intervention de la Banque mondiale doivent, dans ce sens, accorder plus d'attention aux programmes de développement susceptibles de créer l'emploi et au développement des filets de protection sociaux. Les travaux de cette session du Comité de développement, qui a connu la participation également du ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, M. Nizar Baraka, ont porté notamment sur deux thèmes principaux relatifs au "Développement dans le monde: conflit, sécurité et développement" et "la volatilité globale des prix alimentaires et son impact sur la sécurité alimentaire". Intervenant, par ailleurs, dans le cadre du premier thème de la session du Comité de développement M. Mezouar a relevé que la situation dans les Etats fragiles et l'actualité récente dans certains pays démontrent que la réalisation des objectifs de développement dans le monde est mise à rude épreuve par des situations d'instabilité et d'insécurité qui frappent ces pays, et par la volatilité croissante et la flambée des cours des matières premières. Il a souligné, à cet égard, que les stratégies d'intervention de la Banque mondiale doivent accorder plus d'attention aux programmes de développement susceptibles de créer l'emploi et au développement des filets de protection sociaux. Le ministre a, par la suite, introduit le deuxième thème du Comité, intitulé "Réponse à la volatilité globale des prix alimentaires et son impact sur la sécurité alimentaire", en soulignant que la flambée actuelle des cours des produits alimentaires est très spécifique de par son étendue, qui concerne plus de produits agricoles, et de par la complexité de ses déterminants, qui dépassent les facteurs traditionnels de confrontation de l'offre et de la demande. Lutte contre la spéculation M. Mezouar a relevé que cette flambée des prix constitue aujourd'hui une grande préoccupation sur le plan du développement et que les prix élevés, pour ces biens essentiels, entraînent de graves répercussions sur les pays et sur les couches les plus vulnérables, en augmentant la pauvreté, la malnutrition et l'instabilité. Il a, à cet égard, souligné que face à un phénomène d'une telle ampleur, les questions qui interpellent la communauté internationale aujourd'hui se placent à deux niveaux, expliquant que le premier, qui se situe sur le court terme, doit se focaliser sur les mesures à prendre pour stabiliser les cours et empêcher une amplification des chocs actuels. Le deuxième niveau, a-t-il poursuivi, se place sur le long terme et concerne les actions qui doivent être concentrées sur comment développer une production résiliente aux changements climatiques et améliorer la productivité, la manière de restaurer l'agriculture en tant que priorité et soutenir les programmes nationaux de développement agricole, ainsi que les modalités de lutte contre la spéculation et le renforcement de la régulation des marchés, afin de permettre qu'une grande partie du revenu agricole soit captée par les producteurs. Outre MM. Mezouar et Baraka, la délégation marocaine ayant pris part aux Réunions de printemps du FMI et de la BM, qui se sont tenues du 15 au 17 avril à Washington, comprend notamment le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, M. Abdelatif Jouahri, et le Directeur du Trésor et des finances extérieures, Mme Faouzia Zaaboul. MAP Contexte particulier du monde arabe et africain Dans son intervention à la réunion des ministres des Finances arabes et des directeurs généraux des organismes financiers arabes avec les responsables de la BM et du FMI, M. Mezouar a appelé à adapter leurs stratégies d'intervention et de développement au contexte très particulier de la région arabe, avec une forte réactivité et innovation et une urgence dans leurs interventions. Le temps est venu de développer une coopération intense et une synergie plus grande avec les autres acteurs régionaux de développement notamment les organismes de développement arabes, devait souligner le ministre. A une rencontre des ministres des finances africains avec les responsables des deux institutions de Bretton Woods, le ministre a rappelé que l'Afrique reste confronté à des situations de fragilité et d'instabilité et des taux de pauvreté et d'exclusion importants, dans un contexte mondial marqué par la volatilité et l'augmentation des cours des matières premières, la raréfaction des ressources et des pressions importantes sur les comptes publics induits par des pressions sociales et par le tarissement des marges d'avant crise.