Ce n'est pas pour rien que nombre de souches sociales se soulèvent contre les abus, partout dans le pays. Les manifestations de révolte ont toujours marqué le parcours de la société, mais, ces temps-ci, prennent beaucoup plus d'ampleur. Depuis un certain moment, les manifestants, en particulier des jeunes réagissent violemment contre les anomalies provenant de l'Administration marocaine. Il y a vraiment de quoi si on constate, par-ci par-là, des aberrations dont pâtissent plus spécialement les franges sociales les plus démunies. A ce propos, on citera ici l'exemple de la localité d'Aghroud de la commune rurale de Tamri relevant de la préfecture d'Agadir Ida Outanane, à quelques trente kilomètres au nord-ouest du littoral de la capitale du Souss. En effet, depuis 1976, la Société Nationale de l'Aménagement de la Baie d'Agadir (SONABA) a procédé à l'expropriation des terrains privés et forestiers à hauteur de 594 ha 16 a, pour des raisons certainement relatives à la relance des projets d'investissement balnéaire et pour laquelle a été établi le titre foncier numéro 159781/09 sans aucune procédure et publicité réglementaires préalables. Cette zone très prisée en termes de sites écologiques abrite environ 2000 habitants formant 560 ménages qui se trouvent, du jour au lendemain, privés de leurs biens fonciers, hérités de leurs ancêtres depuis de longues décennies. Cette opération de « confiscation » de terrains de leur ayants-droit s'est accomplie en catimini, sans que les propriétaires ne s'en aperçoivent, car les démarches topographiques se sont effectuées à l'insu des citoyens. Il semble bien que « cette procédure a été appliquée par le biais du GPS », ironise l'une des victimes de cette usurpation. Jusqu'à présent, les terrains présumés être destinés à des fins « d'intérêt général », ne sont toujours pas exploitables, puisqu'aucun projet touristique ne se pointe, depuis déjà 36 ans, alors que les populations concernées, pour la plupart des petits pêcheurs, sont dans le besoin le plus absolu et ne possèdent que le lot exproprié pour joindre les deux bouts de la vie, de plus en plus ardue. On déplorera le fait que toute cette superficie dont les propriétaires auraient pu investir et valoriser, selon un plan d'aménagement adéquat et dont la commune, sans revenus suffisants, aurait dû exploiter également pour des réalisations à caractère socio-économique et environnementale, est renvoyée aux calendes grecques. Cette situation scandaleuse ne saurait perdurer encore plus longtemps sans que l'Etat, à travers maintenant la SMIT qui remplace la défunte SONABA, ne se réveille de son mutisme accablant et sans que les victimes ne soient indemnisées de ces préjudices déconcertants. Il est vraiment révoltant de se comporter avec ce dossier social qui concerne une large population défavorisée avec tant de dédain, depuis des lustres. Si auparavant, ces citoyens n'ont peut-être pas réagi, au temps où l'Autorité se conduisait avec eux comme s'il s'agissait de « subalternes dociles », aujourd'hui, les choses ont bien évolué, encore plus au lendemain des réformes constitutionnelles dont la dignité et le respect des droits humains constituent les clefs de voûte. Il va falloir alors se pencher sérieusement sur cette situation dramatique qui pourrait dégénérer, d'un jour à l'autre, surtout que les ayants droit en ont ras-le-bol, d'autant plus que le projet de proximité de la station balnéaire de Taghazout qui, semble-t-il, est en passe de trouver enfin des aménageurs développeurs, après les précédentes débâcles, prolongera encore leur attente de cinq ans, suivant les règlements en vigueur. Il serait donc judicieux d'ouvrir le dialogue avec les propriétaires lésés et trouver des solutions appropriées à l'amiable, à l'instar des habitants des localités riveraines, en l'occurrence Tama Ouanza et autres.