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Une évolution sans révolution: la réforme constitutionnelle et son impact sur la question du Sahara : L'élan démocratique au Maghreb n'est pas favorable au Polisario
Publié dans Albayane le 27 - 03 - 2011

Le dernier discours prononcé par le Roi Mohammed VI du Maroc constitue une surprise non seulement pour les Marocains eux-mêmes, mais aussi pour de nombreux observateurs et analystes à travers le monde, plus
particulièrement ceux qui, au cours des dernières années, tentaient de propager l'idée fallacieuse selon laquelle le Maroc serait un Etat totalitaire, où les libertés fondamentales seraient réprimées.
Deuxième et dernière partie.
En plus de ce que j'ai mentionné plus haut, le vent démocratique qui souffle dans le Maghreb et le monde arabe, dans son ensemble, n'est pas favorable au Polisario, car il met son principal bailleur de fonds, l'Algérie, sous la pression de la rue dont les aspirations et les désirs ne sont pas spécialement ceux de la junte militaire algérienne.
Que l'Algérie s'ouvre politiquement ou sauvegarde son système politique actuel, son soutien inconditionnel au Polisario va sans doute perdre de son efficacité et sa crédibilité d'antan. Si elle opère une ouverture politique démocratique et se montre à l'écoute des aspirations de son peuple, le peuple algérien sera très probablement opposé à toute aide financière accordée par son pays au Polisario.
En effet, les démocrates algériens sont plus intéressés par la construction d'un avenir meilleur pour leurs enfants que par l'émergence d'un Etat non-viable dans le Maghreb.
Le peuple algérien est conscient que la fin du conflit sur le Sahara ouvrirait la voie à une véritable intégration régionale au Maghreb, laquelle, par conséquent, apportera des avantages considérables en termes de croissance économique et d'amélioration des conditions de vie de la population aussi bien au Maroc qu'en Algérie.
Par conséquent, il aura plutôt tendance à œuvrer pour le renforcement de l'Union du Maghreb Arabe et le règlement de tout différend territorial ou politique avec le Maroc. Les chances qu'un véritable régime démocratique en Algérie finance le Polisario et lui apporte son soutien diplomatique sont très minces.
Dans le cas où l'Algérie résisterait à s'engager sur la voie d'une ouverture démocratique, il perdra sa crédibilité en tant que pays “progressiste” qui défend le droit des peuples à l'autodétermination. Depuis le début du conflit du Sahara il ya 36 ans, le principal argument que l'Algérie a constamment mis en avant dans ses tentatives visant à contrecarrer les revendications marocaines sur le Sahara, est de se présenter comme le pays “d'un million de martyrs”, un pays qui aurais toujours pris partie pour les peuples opprimés. Pourtant, ce masque a commencé a tomber avec les informations qui démontrent que l'Algérie aurait aidé Kadhafi à commettre des atrocités contre son propre peuple. Selon le Times de London, “un convoi de quelque 40 véhicules a été en attente de prendre un groupe d'environ 200-300 de jeunes Touaregs du Mali vers l'Algérie, puis vers la Libye au bout d'un voyage de deux jours. D'autres Touaregs du Niger et du sud de l'Algérie seraient également allés en Libye pour rejoindre les loyalistes de Kadhafi”.
Il ya une semaine, l'organisation non gouvernementale algérienne basé en Allemagne « Alegria Watch » a publié un communiqué dans lequel elle accuse le gouvernement algérien d'aider le régime de Kaddafi à opprimer le peuple libyen:
«C'est avec tristesse et colère que nous avons appris que le gouvernement algérien a envoyé des détachements armés à la Libye pour commettre des crimes contre nos frères et sœurs libyens qui se sont soulevés contre le régime sanguinaire et corrompu de Mouammar Kaddafi.
Ces détachements armés ont d'abord été identifiés dans l'ouest de la Libye dans la ville de Zaouia où certains d'entre eux ont été arrêtés. Ceci a été rapporté dans les médias et confirmé par des témoins oculaires ».
Bien que le gouvernement algérien nie toute implication avec le régime libyen, son silence en ce qui concerne les événements tragiques qui se déroulent en Lybie, contrairement au Maroc qui a condamné l'assassinat aveugle des manifestants par Kaddafi, est révélateur de sa crainte de perdre un allié régional important dans le Maghreb. En fait, le gouvernement algérien a peur d'assister à la propagation de la démocratie dans son environnement immédiat. Cela explique pourquoi, avec la Syrie et le Soudan, l'Algérie était peu enthousiaste à l'idée que la communauté internationale impose une zone d'exclusion aérienne en Libye en vue de mettre un terme aux crimes commis par Kadhafi contre son propre peuple.
A la lumière de ce qui précède, qui serait tenté de croire que l'Algérie est un pays progressiste, alors qu'elle nie le droit à l'autodétermination et à la démocratie à son propre peuple, et qu'elle entravait les efforts visant à trouver une issue rapide à la crise libyenne?
Qui croirait encore que les dirigeants algériens sont des pacifistes enclins à la démocratie, tandis que les informations relayées par la presse font croire que l'Algérie a facilité le mouvement des mercenaires du Polisario à la frontière entre la Libye et l'Algérie?
Il ne fait aucun doute que la tournure des événements qui se déroulent dans le Maghreb, les erreurs stratégiques commises par ses adversaires (l'Algérie et le Polisario), en plus des réformes constitutionnelles mettant le Maroc sur la voie de la démocratie, jouent en faveur de la position marocaine sur le Sahara.
Je crois qu'il est temps que la diplomatie marocaine commence à la fois une campagne diplomatique et de relations publiques en vue de renforcer encore sa position sur le Sahara et regagner la solidarité de l'opinion publique internationale avec sa cause.
Il est temps de mener une campagne diplomatiques
et de relations et publiques
Comme nous sommes à six semaines de la présentation par le Secrétaire général de son rapport annuel sur le Sahara au Conseil de Sécurité, la diplomatie marocaine devrait s'efforcer d'assurer que le rapport du Secrétaire Général mentionne tous les derniers développements concernant la situation au Sahara et dans les camps de Tindouf.
Plus important encore, le Maroc devrait faire en sorte que le rapport mentionne le cas de Mustapha Salma Oueld Sidi Mouloud et la façon inhumaine dont il a été traité après avoir fait une déclaration favorable à l'approche marocaine sur cette question. Le Maroc devrait également s'assurer que le rapport prenne note des voix dissidentes qui remettent en question la légitimité des dirigeants du Polisario dans les camps de Tindouf, représentée par Khat Chahid.
Le Maroc devrait aussi veiller à ce que le rapport prenne en compte les informations relayées par la presse, lesquelles font état de l'existence de liens entre des dirigeants du Polisario de haut rang et le mouvement terroriste « Al-Qaïda au Maghreb Islamique “ (AQMI).
Le Maroc se doit d'exprimer son inquiétude que la situation actuelle n'est pas soutenable, et qu'il ne peut pas continuer à prendre part à des négociations informelles qui ne mènent nulle part. Le Maroc est appelé à tirer profit de la situation actuelle qui prévaut aujourd'hui dans le Maghreb et de l'écho positif suscité par la réforme constitutionnelle globale annoncée par le Roi Mohamed VI, et de convaincre les membres permanents du Conseil de Sécurité que le Plan d'Autonomie n'est pas seulement conforme aux normes internationales en matière d'autodétermination, mais il contribue également à préserver la stabilité dans le Maghreb. À cet égard, le Maroc doit aussi jouer la carte de la menace que le terrorisme (AQMI) fait peser sur la région et démontrer à ses alliés que la création d'un micro Etat dans le Maghreb n'est pas une solution viable, et que l'émergence d'un Etat défaillant dans cette région serait une source d'instabilité et une plate-forme pour des activités terroristes.
A cet égard, Il convient de rappeler que, au cours de la dernière décennie, de nombreux observateurs avaient déclaré qu'un Etat sahraoui indépendant ne peut pas être envisagé comme une «option réaliste». Tel est le message transmis par le porte-parole du Département d'Etat américain le 30 avril 2008 devant le Conseil de Sécurité des Nations unies, à l'occasion du vote de la résolution S/RES/1813. De même, dans une interview accordée au quotidien espagnol El País, l'ancien Représentant Spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Peter Walsum, avait déclaré que la création d'un Etat sahraoui n'est pas un «objectif atteignable». En 2000, dans son rapport au Conseil de Sécurité sur la situation dans le Sahara (S/2000/461), Koffi Annan, alors Secrétaire Général des Nations Unies, avait déclaré qu'il serait essentiel que les parties soient «prêtes à envisager d'autres moyens pour parvenir à un règlement rapide, durable et concerté de leur différend sur le Sahara ».
Sur cette base, la diplomatie marocaine doit exercer ses efforts afin de convaincre le Conseil de Sécurité d'adopter une résolution qui en appelle clairement au Front Polisario à s'engager sérieusement et de manière constructive dans des négociations directes en vue de parvenir à une solution consensuelle sur la base du Plan d'Autonomie présenté par le Maroc en 2007. Dans le même sens, le Maroc a également besoin de renforcer son image à travers le monde comme un pays qui respecte ses engagements internationaux. La meilleure façon d'atteindre cet objectif est de cibler les pays dont l'opinion publique n'est pas favorable à l'approche marocaine sur le Sahara, en particulier l'Espagne, ainsi que de nombreux autres pays hispanophones connus pour leur soutien au Front Polisario. À cet égard, j'en appelle aux Ambassadeurs du Maroc dans ces pays et ailleurs à profiter à bon escient de la situation actuelle et d'enclencher une campagne de relations publiques visant à recueillir un plus grand soutien de l'opinion publique internationale à l'approche marocaine sur le Sahara.
Les diplomates marocains sont appelés à faire usage de tous les médias qu'ils ont à leur disposition, ainsi que d'internet, pour vendre le Plan marocain d'Autonomie sur le Sahara et le modèle démocratique marocain à l'opinion publique des pays où ils sont nommés. Une telle campagne de relations publiques est susceptible de renforcer la position internationale du Maroc comme un pays démocratique et un garant de la stabilité dans le Maghreb et l'Afrique du Nord.
Jamais au cours des 36 dernières années, la position marocaine sur la question du Sahara n'a été plus fort que maintenant et les conditions plus mûres pour le Maroc pour contrecarrer les tentatives de ses adversaires qui sont déterminés à l'empêcher de mettre un terme au conflit du Sahara et de préserver son intégrité territoriale.
La balle est maintenant dans le camp du Maroc et il doit faire bon usage de cette situation à son avantage. La version originale de cet article est apparu en anglais le 15 mars 2011 sur le journal électronique
www.morocconewsline.com, dont l'auteur est l'éditeur en chef de la section politique.
* Samir Bennis est un analyste politique. Il est titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Université de Provence (France), un Master en sciences politiques, un Master en études diplomatiques et stratégique, un Master en études ibériques et une Maitrise en littérature espagnole. Il a publié de nombreux articles dans de nombreuses langues et est l'auteur du livre: “Maroc-Espagne : les relations politiques, économiques et culturelles: 1956-2005 “, publié en 2008. Il vit à New York.


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