La Bourse de Tokyo a rebondi sur des achats à bon compte et des rachats de positions à découvert mercredi, après avoir plongé de 16% sur les deux séances de lundi et mardi, une chute sans précédent depuis 1987. L'indice Nikkei a gagné 5,68% ou 488,57 points, pour finir à 9.093,72 points. Le Topix, plus large, a pris 50,90 points ou 6,64% à 817,63 points. Les achats de titres ont repris, même si certains investisseurs craignent une aggravation de la crise nucléaire après le séisme et le tsunami de vendredi. Le personnel a été temporairement évacué mercredi de la centrale de Fukushima-Daiichi, où la situation menace d'échapper à tout contrôle. "Le rebond est assez fort car les investisseurs ont réalisé qu'ils pourraient avoir un peu trop paniqué hier", a déclaré Fujio Ando, de Chibagin Asset Management. Le marché reste cependant très volatil, dans des volumes importants de 4,9 milliards d'actions échangées mardi sur la première section de la Bourse de Tokyo, après le record historique de 5,8 milliards lundi. "Le marché ne se soucie pas des fondamentaux aujourd'hui. Tous les regards sont braqués sur la centrale nucléaire (de Fukushima-Daiichi) et le Nikkei évoluera en fonction des nouvelles concernant la centrale", estime Norihiro Fujito, de Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities. Le rebond de la Bourse de Tokyo a pesé sur le cours des obligations d'Etat japonaises et le coût d'une assurance pour risque de défaut sur la dette nippone a reculé de 14 points de base (pdb) à 102 pdb. Le yen, qui avait été recherché lundi pour son rôle de valeur refuge, cédait du terrain face au dollar, les investisseurs revenant vers des devises à plus fort rendement. Le billet vert progressait légèrement par rapport à la monnaie nippone, à 80,90 yens vers 08h30 GMT, mais restait proche d'un plus bas record de 79,75 yens touché en 1995. Selon des traders, la Banque du Japon (BoJ) vérifiait les taux de change auprès de banques à Tokyo, ce qui suggère que la banque centrale pourrait intervenir si le yen venait à s'apprécier davantage. Afflux d'ordres de vente L'action Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur de la centrale de Fukushima-Daiichi, n'a pas pu être cotée pour la deuxième séance consécutive en raison d'un afflux d'ordres de vente dépassant les limites réglementaires. Les autres acteurs du secteur nucléaire se sont en revanche repris, qu'il s'agisse de Toshiba (+2,11%), de Mitsubishi Heavy (+6,27%) ou de Hitachi (+16,57%). Le compartiment automobile, qui avait également lourdement trébuché en début de semaine, s'est redressé. Le numéro un mondial, Toyota, s'est adjugé 9,14%, à 3.345 yens, surperformant son secteur. Les titres Nissan et Honda ont respectivement avancé de 6,16% et 3,9%. Du côté des valeurs technologiques, Sony a gagné 8,78%. Le géant de l'électronique avait annoncé mardi l'arrêt de l'activité dans huit de ses usines. Canon a pour sa part sous-performé le marché (+1,13%), après avoir dû interrompre la production dans une importante usine d'appareils photos à Oita, une ville située sur l'île de Kyushu, dans le sud de l'archipel. Certains courtiers estiment que des sociétés japonaises d'envergure mondiale, peu dépendantes de l'économie nippone, ont représenté des opportunités d'achat, comme Inpex, Fanuc, Astellas Pharma ou Nintendo. "Une fois que le problème de centrale nucléaire sera réglé, le marché reviendra à son niveau d'avant ces ventes-panique, c'est-à-dire 9.500 points. Et à ce moment-là, nous aurons un débat à tête reposée pour déterminer l'impact du séisme sur la performance des entreprises et sur l'économie", estime Makoto Kikuchi, directeur général de Myojo Asset Management Japan.