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Abdelouahad Souhail : L'économie marocaine recèle des performances, mais beaucoup de fragilités
Publié dans Albayane le 28 - 05 - 2010

ABdelouahed Souhail, membre du Bureau politique du Parti du progrès et du socialisme, fait le point sur la situation de l'économie nationale, à la lumière du programme du PPS soumis au congrès.
Question : Le Premier ministre a présenté le bilan à mi chemin de son gouvernement et a imputé les réalisations à une politique économique audacieuse. Est-ce que vous partagez ce qualificatif ?
Souhail : J'imagine que le mot qui conviendrait, c'est plutôt volontariste. Le qualificatif audacieux est un peu hasardeux et ne convient absolument pas. Il est clair qu'aujourd'hui, les investissements publics et la dépense publique constituent un élément important de la croissance toute relative réalisée. Mais, nous sommes loin des performances promises dans le programme gouvernemental et celles promises par les programmes des partis politiques constituant la majorité aujourd'hui. Nous sommes loin des taux de croissance de 6 et 7 % promis. Malheureusement, la conjoncture internationale et notre outil productif ne nous ont pas permis d'atteindre ces performances. Je crois qu'il faut rester modeste.
Question : Quelle appréciation faites-vous de l'économie marocaine aujourd'hui?
Souhail : Il s'agit d'un espace assez paradoxal. D'un côté, c'est une économie diversifiée, ce qui est une bonne chose, qui ne dépend pas d'une seule ou deux ressources. Nous avons une agriculture qui existe avec tous ses problèmes. Nous avons une industrie tout à fait limitée, un secteur tertiaire qui s'est beaucoup développé sur les dernières années, un commerce extérieur avec des déficits importants, mais qui n'est pas dépourvu de dynamisme, un pays qui s'équipe et une crise chez nos principaux partenaires. Alors tout cela regroupe un certain nombre de points forts, mais beaucoup de fragilités. Je crois que le document économique soumis au huitième congrès national du PPS, fait la part des choses en procédant à une analyse particulièrement fouillée et nuancée sur toutes les performances de l'économie. Il y a des choses qui ont été faites et sont très importantes telles que l'assainissement des finances publiques, une maîtrise relative de l'inflation, un redéploiement vers le social, notamment dans les domaines d'habitat et d'augmentation des salaires des fonctionnaires et le désenclavement du monde rural. Mais il y a beaucoup de fragilités et des déficits importants : Les réserves de change sont en train de s'estomper et les investissements directs étrangers qui avaient pris une tendance à la hausse sont en train de reculer nettement de même qu'on note une augmentation du chômage au cours des derniers mois.
Question : A propos de la crise internationale, comment en voyez-vous les retombées sur l'économie marocaine ? Le document économique parle de crise du capitalisme mondialisé, qu'entendez-vous exactement ?
Souhail : La crise est celle du capitalisme, elle est mondiale. Cela est évident et les derniers développements la confirment tant au niveau de la crise de l'euro que des politiques entreprises au niveau des pays européens, le cas extrême étant celui de la Grèce. Mais aujourd'hui, la France, Grande Bretagne, Espagne, Portugal, Italie et vraisemblablement d'autres pays, parlent de revenir à la rigueur budgétaire, de réduire le train de vie et les dépenses publiques. Evidemment, les USA sont en crise, ainsi qu'un certain nombre de pays qui en dépendent. Bien évidemment, il y a l'exception chinoise et l'exception indienne, parce que ce sont deux pays- continents qui se développement essentiellement par la croissance interne et sont en train de développer des marchés intérieurs assez importants en répondant à des besoins de leur population et ont atteint un niveau de compétitivité qui leur permet de postuler à jouer les premiers rôles de l'économie mondiale.
C'est une crise qui est mondialisée et n'est pas seulement financière, elle est également au niveau de l'activité industrielle, de l'augmentation du chômage, de la destruction de tissu industriel et de la destruction du tissu social. L'ampleur de crise est énorme ! Le document du congrès en explique l'impact aussi bien sur les classes moyennes que sur les classes populaires.
Question : Concrètement, quelles ont été les retombées au niveau du Maroc ?
Souhail : Au niveau du Maroc, les retombées se sont faites à travers quatre canaux : le premier canal porte sur le repli de la demande étrangère de biens et services adressée au Maroc, le deuxième concerne une réduction de l'export étant donné la crise chez nos principaux voisins, le troisième canal porte sur la baisse des recettes touristiques et qui est une baisse toute relative puisqu'il y a eu augmentation du nombre de touristes, mais les recettes touristiques n'ont pas suivi dans les même proportions et le ralentissement des transferts des ressortissants marocains à l'étranger qui sont les premiers touchés par la crise dans les pays où ils travaillent et on a vu des retours en force de certains cadres qui étaient dans des pays comme les Emirats arabes unis…Ce ralentissement des transferts n'a pas la même acuité aujourd'hui que celui de 2009. L'autre canal, c'est celui de la baisse des investissements directs extérieurs et sur lesquels le Maroc a basé sa stratégie économique. Voilà un peu les impacts de la crise, mais il faut dire que le Maroc base son développement, essentiellement sur la possibilité d'accroissement de son offre à l'export, c'est un fait qui le prédestine et qui l'expose aux dangers de la contraction des économies de ses principaux partenaires.
Le document du congrès parle des impacts avec plus d'une centaine de sociétés fermées et des dizaines de milliers de licenciements dans les secteurs du textile essentiellement, et dans les industries électroniques. Nous avons également enregistré un recul de l'activité du secteur industriel et maintenant le secteur de l'immobilier, de la construction et du bâtiment est lui-même atteint.
Question : Concernant les débats sur la sortie anti-crise, quels enseignements en avez-vous tiré au niveau du PPS ?
Souhail : Le PPS s'est opposé, de tout le temps à l'option libérale qui consiste à considérer que le marché est, à lui seul, suffisant pour réguler la vie économique. Or, il n y en a rien de plus faux que ce type d'allégations. Aujourd'hui, on voit même les pays les plus libéraux, introduire dans leur économie, une énorme dose d'intervention de l'Etat et cela va du sauvetage des banques jusqu'au sauvetage des industries, jusqu'aux actions sur les monnaies et aussi la protection de leurs marchés de la compétition extérieure.
Nous, nous pensons qu'au Maroc, l'Etat doit jouer un rôle économique par ses moyens propres et doit également le jouer à travers le secteur public qui doit être très important sur un certain nombre d'activités. Et nous pensons que cet Etat devrait être mieux géré, démocratique, soumis au contrôle populaire, un Etat social fort qui agit au niveau de la solidarité et de la redistribution des richesses. Cet Etat peut s'allier à d'autres investisseurs marocains et étrangers pour pouvoir exécuter ses programmes et politiques. Il n y'a pas d'autres solutions à cela.
Le deuxième aspect sur lequel nous insistons, c'est qu'on ne peut pas baser la croissance et le développement du pays, uniquement sur des moteurs externes et que, de plus en plus, la demande interne, le niveau de vie des gens, la justice sociale, doivent être un élément qui permet aux Marocains à l'intérieur de leur pays, leur propre marché,, de consommer leur propre production et donc ne pas dépendre exclusivement de la demande extérieure. Voilà là, deux axes sur lesquels nous pensons que l'action est possible pour la sortie de crise.
Question : Quand vous parlez du développement du marché interne, quelle signification lui donneriez-vous ?
Souhail : Cela signifie création d'emplois, amélioration des conditions de vie des travailleurs, recul de la pauvreté, équipement du pays, s'occuper très sérieusement du monde rural qui est à la traîne et c'est là ou il y a de la pauvreté la plus extrême. Cela veut dire la mise en œuvre d'une autre politique sociale et une autre politique économique ayant comme cible le développement humain.
Question : En évoquant la question des équilibres macroéconomiques, le document recommande de ne pas gérer l'économie et les finances selon une logique exclusivement comptable. Vos détracteurs vont dire que cette démarche serait de nature à sacrifier les acquis réalisés jusqu'aujourd'hui. Que leur répondriez-vous ?
Souhail : Le document est plus équilibré que cela. Il donne cette affirmation, tout en disant qu'on ne peut pas jouer avec les équilibres macroéconomiques. Aujourd'hui, le problème est de savoir jusqu'où, on peut y aller sans créer de perturbation. On a vu les pays qui ont joué avec les équilibres macro-économiques, la Grèce essentiellement, l'Espagne, le Portugal et la France. Le risque, c'est qu'à un moment ou un autre, il va falloir gérer les équilibres macroéconomiques et ceux qui en paient le plus les frais, ce sont malheureusement les travailleurs. On est en train de demander aux fonctionnaires de réduire leurs salaires, d'abandonner leurs primes, on est en train de fermer des usines… Les déséquilibres financés par l'endettement ont une limite et exposent les pays qui s'y adonnent à la perte de leur indépendance économique et financière. Les Marocains se rappellent des effets néfastes du Programme d'ajustement structurel et ne souhaitent certainement pas y retourner.
Les équilibres macro- économiques ce sont des moyens qui permettent de gérer la politique publique. On peut réagir, on peut faire plus de déficits quand ce déficit est tourné vers une demande intérieure, parce que quand vous augmentez les déficits, il se trouve que, malheureusement, une bonne partie de votre déficit s'adresse à une offre externe, c'est à dire à une importation de biens et services et donc, vous ne retrouvez pas nécessairement tout l'argent injecté au niveau de votre propre circuit économique. Les politiques keynésiennes qui ont eu beaucoup de succès dans l'entre-deux guerres, étaient des politiques basées essentiellement sur l'effet multiplicateur des économies internes. On ne fait pas des déséquilibres au Maroc pour acheter des produits chinois, américains ou européens. Je ne pense que cela aura une incidence importante au niveau de l'économie marocaine. Les équilibres macro-économiques sont importants, il faut évidemment veiller à ce qu'ils soient à un certain niveau, mais il ne faut pas que nous ayons le dogme des équilibres macroéconomiques. Nous ne devons pas se limiter au déficit budgétaire seulement. Il y a d'autres leviers qui sont capables d'aider à la croissance.
Question : A propos des échanges commerciaux extérieurs du Maroc, en rapport avec les ALE (Accords de libre échange) vous considérez que toutes les opportunités offertes par ces accords n'ont pas été bien exploitées. Comment cela ?
Souhail : Oui, malheureusement, parce qu'aujourd'hui, le bilan qui est fait au niveau officiel de ces accords de libre échange, montre que le Maroc en a beaucoup moins profité que ses partenaires. Ceci est dû essentiellement, au fait que nous avons une offre très peu compétitive et très peu diversifiée. Nous vendons très peu de choses. Nous avons une industrie qui est relativement limitée. Vous allez me dire qu'on exporte des voitures en Egypte, c'est bien, mais il faut me dire avec quelles conséquences? Nous avons une offre très faible, une offre agricole qui est tout à fait concurrente avec celle des pays de l'Accord d'Agadir et avec la Turquie, mais une offre agricole qui, du côté de l'Union européenne, se trouve limitée par la politique agricole commune. De toute façon, c'est une offre qui, malheureusement, n'est pas tout à fait extensible, sachant que les produits des Etats unis d'Amérique (USA) ne sont pas encore autorisés à rentrer librement sur le marché marocain, mais le jour ou ils y accéderont, ils vont nous faire très mal. Et pour exporter au niveau des USA, nos exportateurs ne sont pas équipés pour franchir des barrières autres que tarifaires comme les normes sanitaires qui sont extrêmement sévères.
Le Maroc peut exporter des phosphates, des produits chimiques et du textile. Il est particulièrement concurrencé sur tout le reste. Il n'y a pas eu ces fameux investissements qui devaient prendre le relais pour créer une base industrielle qui permettraient au Maroc, à travers ces investissements extérieurs, américains, chinois, européen ou arabes, d'exporter aux USA, vers l'Europe ou vers le Moyen orient. C'est un schéma qui n'a pas encore vu le jour et le Maroc aujourd'hui aura beaucoup de difficultés à tenir à ses engagements dans le cadre de ces ALE. Aujourd'hui, des industriels marocains demandent de la protection puisqu'ils n'arrivent plus à écouler leurs marchandises sur le marché intérieur en face des produits concurrents qui rentrent, du fait du dumping…
Question : Que faut-il faire pour changer la tendance ?
Souhail : Il faut travailler patiemment. Il y a des choses qui se font, il y a des activités de promotion de nos exportations qui se font. Il faut trouver des créneaux et niches où le Maroc a un avantage comparatif. Mais il y a également le développement d'une plate-forme industrielle intéressante. Je crois que le projet Renault sur Tanger-Med est un projet qui permet d'avoir une offre exportable d'envergue en espérant que le Maroc fera les bons choix technologiques et que l'industrie automobile continuera à se développer. On peut s'attendre à ce que l'automobile de l'avenir soit une automobile avec des énergies renouvelables et que le Maroc puisse trouver la bonne technologie. Mais, la solution consiste en des partenariats, il n y a pas d'autres solutions que de développer des partenariats.
En ce qui nous concerne, nous ne pouvons investir que dans nos hommes et femmes, car c'est ça l'avenir du Maroc.
Question : Le document économique insiste sur la nécessité d'avoir un Etat fort dépassant le rôle d'orientateur et de régulateur. Pour quels rôles ?
Souhail : Un Etat fort est un Etat interventionniste, social et solidaire, un Etat qui doit assurer la justice et la cohésion sociale et intervenir et chercher des partenariats internes et externes et les développer. C'est un Etat qui ne doit pas hésiter à mettre la main à la pâte quand il le faut et devrait investir.
Question : Vous plaidez également pour la mise en place de partenariats public-public et public-privé. Quels sont les contours de ces partenariats ?
Souhail : Le partenariat public –privé ne s'inscrit pas seulement au niveau de l'Etat. Parce que il y a beaucoup de démembrements et d'émanations de l'Etat qui sont les Collectivités locales et les Régions, on les oublie souvent. Parce que les régions seront des partenaires économiques extrêmement importants. A travers ces partenariats, l'Etat facilitera la tâche à ses partenaires. Ses derniers, en contre partie, s'engagent à réaliser un certain nombre d'objectifs des politiques publiques. Il faut donc essayer de trouver le fameux gagnant- gagnant.
Le privé viendra quand il trouvera ses intérêts et l'Etat doit être suffisamment intelligent et persuasif pour montrer que ses intérêts peuvent se rencontrer avec les intérêts des autres partenaires. Parce que notre grand problème, c'est celui des investissements rentables qui permettent le développement de la base des forces productives.
Il faut donner du travail et des occasions de création des richesses. Il faut que l'Etat puisse y contribuer en partenariat avec le privé et que la société y trouve aussi son compte et son intérêt dans le développement économique, social et humain et qu'elle voit ses conditions de vie s'améliorer et que demain est meilleur qu'aujourd'hui et que l'après-demain sera meilleur que demain…
Et pour cela, il faudrait que l'Etat soit un élément de cohésion sociale, de solidarité, de distribution des richesses, de garant de justice sociale et d'une démocratie participative. Parce que le partenariat est non seulement entre le public et le privé, mais aussi un partenariat avec la société qui doit y contribuer avec ses représentants: Syndicats, société civile, élus…
Question : Vous faites aussi l'éloge d'«entreprises socialement responsables», qu'entendez-vous exactement ?
Souhail : On n'en fait pas l'éloge, on en fait une condition. Le document demande à ce que les entreprises soient socialement responsables. C'est un concept qui demande à toutes les entreprises dont le but est d'avoir une action économique pour faire des profits, quand il s'agit d'entreprises privées, qu'elles puissent être socialement responsables : Respect de l'environnement, respect des intérêts et des droits des travailleurs, la non destruction de la nature et du cadre de vie, le travail décent et la juste rétribution de l'effort, des salaires décents et des conditions de travail décentes. Toutes ces normes qui, aujourd'hui, sont, non seulement avancées par des forces de gauche et les forces alternatives à travers le monde, mais aussi par un certain nombre de patrons et d'organisations patronales.
Aujourd'hui, la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) ne parle pas d'entreprises socialement responsables, mais elle invite ses membres d'avoir une éthique sociale vis-à-vis de leurs salariés. Je pense que c'est dans ce sens que le document demande à ce que l'entreprise qui bénéficie de tant d'avantages et de sollicitudes de l'Etat, doive jouer un rôle social et responsable vis-à-vis de la société.
Question : A l'égard des grands groupes privés, quelle attitude à entreprendre par l'Etat ?
Souhail: Je pense que les pays qui se développent ont des groupes privés importants. Malheureusement, le Maroc n'en a pas suffisamment. Aujourd'hui, on peut les compter sur les doigts d'une seule main.
Nous avons déjà prôné dans le programme économique du PPS, la nécessité de développer des champions nationaux. Evidemment, des champions nationaux socialement responsables, et même avec une dose de citoyenneté extrêmement forte autour de responsables respectueux de leurs engagements vis-à-vis de leur patrie et de la société marocaine. Et qu'ils prennent l'option d'investir et de développer le pays et donc d'augmenter son attractivité et sa compétitivité.
Sur ce plan là, je pense que l'Etat doit trouver des partenaires suffisamment forts et suffisamment nombreux, qu'ils soient publics ou privés. Les partenariats peuvent être conclus entre des groupes publics et groupes privés.
Les groupes ne doivent pas se concentrer dans l'immobilier ou dans l'économie de rente, il faut qu'ils prennent quelques risques et contribuent à améliorer l'offre exportable marocaine, à développer une production de qualité dirigée vers le marché intérieur, à promouvoir nos ressources humaines et nos élites et de trouver des partenariats avec des groupes extérieurs. On peut donc nouer des partenariats stratégiques et intelligents pour le Maroc aussi bien pour l'Etat, la société, ainsi que pour les groupes publics et privés marocains.
Question : Le document met en avant les stratégies sectorielles, mais critique certains aspects comme l'absence de cohérence et le déficit démocratique. Comment remédier à cette situation ?
Souhail : C'est une critique de fond, c'est une de nos principales critiques à l'action gouvernementale et à la politique de l'Etat ces dernières années. On est dans un plus grand dynamisme de l'Etat depuis douze ans, mais nous pensons qu'aujourd'hui, nous avons besoin de mettre de la cohérence dans les différentes stratégies à l'instar de la politique de l'eau, du Maroc vert, du Plan Emergence. Nous pensons que le contrôle populaire doit s'exercer par les institutions. D'ailleurs, cela rejoint la demande de notre parti des réformes politiques et constitutionnelles. Nous pensons que l'économie ne doit pas être seulement l'affaire d'experts. Il faudrait que le gouvernement puisse agir en véritable patron de l'administration et que le gouvernement et l'administration rendent compte au peuple à travers ses élus et à travers tout le système de gouvernance et de monitoring (Cour des comptes, Inspection générale des finances, tribunaux administratifs ou autres…)
Nous pensons que sur ce plan là, dans le mode de fonctionnement de l'Etat, il y a beaucoup d'améliorations à faire. Et notre critique de ce point de vue là, est suffisamment forte.
Question : Le huitième congrès national du PPS se tient sous le mot d'ordre : Nouvelles générations de réformes, pour un Maroc démocratique. Si je vous demande de citer deux ou trois réformes principales dans le domaine économique, à court et à moyen termes, lesquelles selon vous ?
Souhail : Je pense que le Conseil économique et social devrait voir le jour, c'est un élément important pour avoir un débat. Il faut qu'il y ait de la cohérence dans les politiques publiques. Il faudrait aussi que le gouvernement et l'administration rendent compte aux élus de leur gestion.
A moyen terme, il va falloir, certainement, dans le cadre des réformes générales, que nous puissions instaurer une séparation des pouvoirs qui soit très nette, que s'engage un débat sur l'économie de rente, sur le droit à la concurrence et sur la sauvegarde des droits des consommateurs. Il faudrait essentiellement que la solidarité intervienne. Le Maroc vert est un énorme chantier, mais attention à l'exclusion et l'expulsion de la population des campagnes pour venir s'engloutir en villes et ne pas leur offrir des perspectives en matière d'emploi, d'habitat et de vie décente et de service public de qualité. C'est un énorme souci auquel il faudrait prêter attention à moyen terme.
Question : Pour Abdelouahed Souhail, quel est le profil du futur secrétaire général du PPS ?
Souhail : Je ne sais pas quel sera son profil. Je n'ai pas de portrait robot du futur secrétaire général du PPS. Personnellement, je suis pour la direction collégiale. Quel qu'il soit, le secrétaire général, il aura son profil. Ce qui m'intéresse, c'est le profil du bureau politique et du comité central. Ce qui m'intéresse le plus, c'est sur quoi, tous et toutes ces dirigeants et dirigeantes, militants et militantes, vont s'engager pour passer à une autre culture, celle de l'unité de l'efficacité et la réédition des comptes.


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