L'après 20 février continue encore de produire des effets à différents niveaux de la société. En fait, les mouvements de contestations se poursuivent presque partout dans les villes du royaume. Et tout le monde veut faire prévaloir ses droits… habitants de logements précaires, ingénieurs, en somme des revendications catégorielles diverses. Difficile d'affirmer qu'il s'agit d'un vrai mouvement social de fond, ou juste des actions sporadiques marquées plus par le contexte ambiant. Mardi 22 février, des habitants du Bidonville "Carrières centrales"à Casablanca ont organisé une marche pour faire valoir leurs revendications pour un logement décent. Les habitants ont déploré la négligence de leurs revendications et l'absence de tout dialogue avec eux. En fait, ils envisageaient d'organiser une marche vers le Palais royal pour porter leurs doléances. Une situation qui a poussé les gouverneurs des préfectures d'Al-Fida et Hay Mohammadi à abandonner leur fauteuil et sortir afin de calmer les esprits et faire des promesses aux protestataires. Ces derniers, ne sont pas les seuls à revendiquer l'amélioration de leurs conditions. Mardi soir à Rabat, les forces de l'ordre sont intervenues violemment contre une marche pacifique vers le siège du Parlement, organisée par les docteurs de l'enseignement supérieur. Dans la même journée, les autorités locales ont interdit une manifestation de protestation contre le régime de Mouammar Kadhafi qui devrait être organisée devant le Consulat libyen par Al-Adl wal Ihssane. Les adeptes de Abdessalam Yacine vont récidiver à Nador, en mobilisant presque 450 personnes dans une marche qui avait comme point de départ le tribunal de première instance. Les islamistes ont revendiqué le droit de leurs membres d'ouvrir les maisons scellées par actes judicaires. Jeudi 24 février, presque 1000 ingénieurs affiliés à l'Union nationale des ingénieurs marocains (UNIM) ont observé un débrayage de 24 heures. Un sit-in a été également tenu devenu le siège du ministère de l'Economie et des finances à Rabat. Les ingénieurs ont scandé des slogans indiquant que leur combat va se poursuivre jusqu'au bout. Par ailleurs, la ville d'Agadir a été, mercredi 23 février, le théâtre d'une intervention sévère menée par la police pour l'interdiction de l'organisation d'un sit-in près de la place Al-Amal. Une fois, les manifestants ont commencé à scander des slogans, les forces de l'ordre ont dégainé les matraques…. Notons que dans une conférence de presse, organisée mercredi à Casablanca au siège du parti socialiste unifié, les jeunes du mouvement 20 février ont décidé d'organiser des manifestations dans les facultés d'Ain-Chok, Ben-Msik, et Mohammedia. Ces actions seront poursuivies par d'autres. Notamment, l'organisation samedi prochain, d'un sit-in à la place Mohamed V à Casablanca. Des observateurs de la scène politique nationale estime que quel que soit le rythme et la vigueur de ces manifestations, elles restent circonscrites dans le schéma classique de la contestation que le Maroc a connue des années auparavant. Il est vrai, cependant , que ce genre de manifestations peut générer des excroissances qui peuvent dénaturer leur nature et déboucher sur des actions sporadiques de désordre et d'amalgames dommageables pour la société.